Dix ans se sont écoulés depuis le premier tome de Rio. Rubeus et Nina ont été adopté par de riches expatriés américains. Dans la suite de leur récit carioca, Louise Garcia et Corentin Rouge creusent la question des fortes inégalités sociales de la ville, entre les riches se régalant de champagne et les pauvres s’armant de mitraillettes.
Rubeus et Nina ont bien grandi dans le luxe de leurs nouvelles vies. Si Nina est devenue une parfaite petite fille de riche, Rubeus garde le souvenir de ses origines. Il rejette la corruption et les inégalités sociales symbolisées par son père adoptif, un riche entrepreneur américain installé dans les plus riches quartiers de la ville.
Après la violence de la rue, Garcia et Rouge abordent une brutalité plus pernicieuse, celle de l’argent et de la corruption entre élus du peuple et expatriés américains venus faire des affaires. Mais leur scénario n’oublie pas Bakar et son gang de rue, devenus les rois de la favela, prêts à provoquer le drame pour se venger de leur condition. Si le premier tome de Rio se finissait plutôt bien, le luxe et l’argent déployés dans ce second volume n’apporteront que souffrance et désespoir.
Corentin Rouge sert toujours aussi bien le scénario par ses traits fins et colorés. Ses personnages ont les traits de leurs vices, du costard étriqué des riches requins des affaires aux guenilles et bouches édentées des bêtes de la favela. La saleté et la colère s’insinuent partout, jusque dans le rictus dégouté arboré tout ce tome par Rubeus.
Louise Garcia et Corentin Rouge dissèquent encore le malaise de la société brésilienne et provoquent un électrochoc aussi fort qu’un film de Walter Salles. Une nouvelle marche de violence est franchie et il est douloureux d’attendre pour savoir jusqu’où nous mènera la fin de la série. Que les orixas nous viennent en aide !