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La tête de mort venue de Suède

couverture de l'album La tête de mort venue de Suède

Éditeur : Dupuis

Scénario : Daria SchmittDessin : Daria SchmittAuteur :

Collection : Aire Libre

Genres : Historique

Prix : 49.00€

  • ZOO
    note Zoo4.0

    Scénario

    3.0

    Dessin

    4.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
    0 critique

Le synopsis du comics La tête de mort venue de Suède

Notre histoire débute dans les années 1930, période de crise et de " vaches maigres ", lorsque le crâne de René Descartes, trésor de la collection de Georges Cuvier, déambule parmi les squelettes de la galerie d'Anatomie comparée au Jardin des Plantes, en attendant son transfert au musée de l'Homme. Mais après sa trop longue histoire, il est en proie à une grave crise d'identité : le doute dont il avait fait un outil infaillible le ronge, et il n'est même plus sûr d'être qui il est.
Autour de lui, les reliques animales s'animent elles aussi et, pour solder un contentieux vieux de trois siècles, entrent en dialogue avec le théoricien de l'" animal-machine ", chacune selon sa personnalité. C'est donc une enquête qui commence, ou plutôt une maïeutique conduite de main de maître par la grande baleine bleue. Il faut aider le crâne à y voir clair, reconstruire son passé et, pourquoi pas, le faire revenir sur certaines théories erronées ! Après Le...

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Je pense donc j’étais

Dans un musée hanté par les vestiges et les idées fixes, le crâne d’un philosophe s’interroge sur son identité. Daria Schmitt signe une allégorie brillante, peuplée d’animaux bavards et d’incertitudes vertigineuses.

Il est des crânes qui, même réduits à l’état d’ossement, continuent de faire du bruit. Celui de René Descartes, égaré dans les recoins de la galerie d’anatomie du Jardin des Plantes, n’en finit pas de ruminer. Nous sommes dans les années 1930, entre deux cataclysmes, et l’ancien penseur, désormais réduit à l’état de relique, n’a plus la certitude tranquille de ses Discours : il doute. Cette fois, ce n’est pas pour fonder un système mais pour éviter de sombrer dans le néant.

Autour de lui, d’autres squelettes s’agitent. Ceux des animaux du musée d’histoire naturelle — vestiges d’un monde qu’on croyait muet — s’ébrouent, prennent la parole, débattent. Ce ne sont ni des hallucinations, ni des métaphores faciles : Daria Schmitt les dote de voix, de mémoire, de colère parfois. Ils interrogent Descartes sur cette idée un peu trop commode selon laquelle les bêtes seraient des mécaniques privées de conscience. Ils le bousculent, non pas pour le faire payer, mais pour l’obliger à revoir son passé et écouter ce qu’il avait refusé d’entendre : le murmure entêtant du vivant.

Extrait de

Illustration de la BD La tête de mort venue de Suède par Daria Schmitt, récit allégorique mêlant René Descartes, animaux parlants et réflexion sur le vivant, édité par Dupuis© Dupuis

Le récit prend alors des allures d’initiation inversée, où le maître n’enseigne plus rien, sinon son propre désarroi. Guidé par une baleine, oracle d’eau et de sagesse, le crâne entreprend une étrange traversée du doute. Ce n’est plus « Je pense, donc je suis » ; c’est « Qui suis-je, maintenant que je doute de ce que j’ai pensé ? »

Au-delà de la fable surréaliste et philosophique, ce qui frappe dans cet ouvrage, c’est la densité visuelle de chaque page. Les planches fourmillent de détails presque baroques : vitrines poussiéreuses, effets fantomatiques, alignements de traits, mouvements suspendus entre grotesque et sublime. Schmitt dessine comme on compose une fugue : chaque motif revient, transformé, enrichi, comme si le livre lui-même doutait de sa forme.


Après Le bestiaire du crépuscule, l’autrice poursuit sa démonstration de talent unique avec une audace et une ambition narrative qui sortent du commun.

Article publié dans le mag ZOO n°105 Juillet-Aout 2025


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