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Neil Gaiman, Maître du fantastique moderne

En 1989, un certain Neil Gaiman ressuscite un héros oublié des années 40 : le Sandman. D’un détective au pistolet à gaz somnifère, il ne conservera que le nom, pour créer Dream, l’incarnation des rêves, prince des histoires, gardien des songes et des cauchemars. Ce mois de décembre, particulièrement chargé en actualités pour le personnage est l’occasion rêvée de revenir sur son histoire et celle de son créateur.

De Portchester, Hampshire à Vertigo, DC

Une éducation ordinaire

Neil Gaiman à 14 ans

Neil Gaiman
14 ans

Neil Gaiman naît en 1960 à Portchester, petite ville côtière du sud de l’Angleterre. Son père est à la tête de l’épicerie familiale, sa mère est pharmacienne et ils sont tous deux issus de familles juives pratiquantes. Ils rejoignent l’Église de scientologie au début des années 60. Son père en gravit rapidement les échelons, puisqu’il finira par prendre la tête de la branche anglaise de la secte.

La famille de Gaiman est pourtant moins conservatrice qu’on pourrait le penser. Si enfant, Neil aime à se présenter avec dérision en tant que « scientologue juif », il ne s’intéresse pas particulièrement à la religion. « La scientologie et le judaïsme sont les religions de ma famille. [...] Je pense que Dieu existe effectivement dans le multivers DC, mais dans le monde réel, je ne sais pas. 50 % de chance que ce soit le cas, mais je m’en fous un peu en fait. » déclarera-t-il en interview à la sortie du premier volume de Sandman.

Ses goûts littéraires s’orientent très tôt vers la fantasy et le fantastique, de Lewis Caroll à J.R.R. Tolkien en passant par Mary Shelley ou Edgar Allan Poe. Très vite, il commence à écrire : des romans qu’il ne finit pas, des nouvelles et quelques scénarios de bande dessinée. Mais cette passion naissante sera tuée dans l’œuf, pour un temps, lors de l’inévitable rendez-vous avec un conseiller d’orientation, à ses 15 ans. Celui-ci le renvoie vers la comptabilité en lui disant qu’il est impossible de devenir auteur de comics. Neil Gaiman n'achètera pas un seul comics pendant 8 ans.

Un rencontre déterminante

Malgré cette mésaventure, Neil Gaiman décide de se lancer dans l’écriture à la sortie du lycée. Il écrit plusieurs histoires pour enfants qu’il envoie à de nombreux éditeurs, qui n’en achèteront aucune. « Je me suis dit un jour : soit je n’ai aucun talent - ce que je refuse de croire - ou je ne vais simplement pas dans la bonne direction ». C’est ainsi que Neil Gaiman devient critique de films. C’est également à cette époque qu’il épouse, en 1985 exactement, Mary McGrath, rencontrée quelques années plus tôt dans un centre d’étude de l’Église de scientologie tenu par son père.

Alan Moore

Alan Moore

En 1984, alors qu’il attend un train, il achète un peu par hasard son premier comics en 8 ans : le numéro 25 de Swamp Thing, scénarisé par Alan Moore. Dans les semaines suivantes, il se procurera l’intégrale de la série. Dans le même temps, il sort un livre, Ghastly Beyond Belief, regroupant les pires répliques de films de SF. Il le dédicace à Alan Moore, qui, surprit, lui enverra un courrier. C’est le début d’une amitié entre les deux hommes qui dure encore aujourd’hui. Et au fil de leur correspondance, Moore initie Gaiman à l’écriture de scénario de comics...

Violent Cases & Black Orchids

Ces échanges épistolaires font réaliser à Gaiman que les comics sont sa vocation. Il contacte alors Dave McKean, dessinateur britannique récemment éconduit par plusieurs éditeurs américains. Ils écrivent un court roman graphique, Violent Cases, racontant l’histoire d’un enfant traité par l’ancien ostéopathe d’Al Capone, qui se confie à lui. Il est publié en 1987 chez un petit éditeur, Escape Books, et remporte un petit succès d’estime critique... Qui vaut à ses auteurs d’être repérés par DC Comics.

L’année suivante, ils se voient donc confier la reprise d’une superhéroïne de DC : Black Orchid (l’Orchidée Noire). À la manière de la réécriture de Swamp Thing par Alan Moore, Neil Gaiman donne une nouvelle origine, plus torturée, à cette hybride de plante et d’humaine. Cette histoire sombre et fine attire l’attention de Karen Berger, éditrice chez DC Comics qui cherche à monter une collection spécialisée pour lecteurs matures : Vertigo. Elle propose alors à Gaiman de reprendre un super-héros oublié depuis la fin des années 40 : le Sandman.

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