ZOO

Fidèle à l'absurdité de Fabcaro

Le passif de François Desagnat dans la comédie lourdingue laissait augurer du pire. Et pourtant, il se surpasse comme jamais en adaptant la BD culte de Fabcaro en conciliant fidélité totale à l’esprit absurde et relative inventivité formelle. 

Qui a lu Zaï Zaï Zaï Zaï de Fabcaro comprend instantanément que porter à l’écran son périple dans « l’Absurdie » ne serait pas une simple affaire. Jugez plutôt puisque la bande dessinée comme le film partagent un point de départ identique : un père de famille sans histoires se rend dans son supermarché pour remplir le frigo. Au moment de passer en caisse, le drame survient : il a oublié sa carte de fidélité. S’ensuit une altercation avec un vigile, la tenue en joue de ce dernier avec un poireau (sic) avant une fuite où notre héros délaisse femme et enfant pour échapper à la police qui le classe de suite comme ennemi numéro un.

Zaï Zaï Zaï Zaï

Zaï Zaï Zaï Zaï
© 24 25 films, 2022

L'inspiration des grands 

La genèse de cette adaptation cinématographique fut tumultueuse, au point de passer entre plusieurs mains. Inutile de dire que l’annonce de François Desagnat en tant que réalisateur était loin, très loin, de dissiper les inquiétudes, au vu de son pedigree dans la comédie franchouillarde poussive (Le Gendre de ma vie), pour ne pas dire beauf (La Beuze, Le Jeu de la vérité). Pourtant, comme transcendé par le matériau d’origine, François Desagnat a ingénieusement potassé le cinéma des maîtres de l’humour décalé et de l’absurde tant Zaï Zaï Zaï Zaï surprend par ses saillies formelles évoquant tour à tour Playtime de Jacques Tati, Steak de Quentin Dupieux ou encore Le Charme discret de la bourgeoisie de Luis Buñuel.

Fidélité libertaire 

De fait, Zaï Zaï Zaï Zaï détonne non seulement du tout-venant de la comédie grand public made in France par ses choix artistiques souvent avisés, mais il réussit aussi à perpétuer la charge satirique et libertaire présente dans les planches de Fabcaro. À la manière du meilleur de Bertrand Blier, François Desagnat préserve l’essentiel en continuant de brocarder avec malice et un rythme soutenu la société de consommation et l’hypermédiatisation toxique. Il peut s’appuyer en outre sur un casting solide au milieu duquel Yolande Moreau en policière rugueuse fait des étincelles. En bref, les églantines peuvent continuer de pousser tranquilles, là-haut sur la colline. Zaï ! Zaï ! Zaï ! Zaï !

cinéma

Adaptation

HumourAbsurde

Haut de page

Commentez

1200 caractères restants