Le Cabaret Vert ? C'est un festival de musique avec une centaine de concerts pendant 5 jours, mais c'est aussi un festival BD avec près de 80 auteurs. Et ce, depuis sa création. Chaque jour, notre journaliste sur place rencontre deux auteurs !
2000 bénévoles et 200 professionnels contribuent à la réussite du Cabaret Vert. Dans l'immense zone du festival aux bords de la Meuse, l'espace BD peut sembler modeste. Il s'agrandit toutefois cette année, en s'ouvrant sur des rencontres avec des autrices et auteurs engagés (Sandrine Revel, Émilie Gleason...) et des ateliers (fabriquer un slip contraceptif avec Bobika !). Car Le Cabaret Vert est un festival engagé en faveur du développement durable, avec par exemple un impressionnant retraitement des déchets sur place, mobilisant 200 personnes pendant près d'une semaine.
Richard Guérineau, ombres, lumière et musique
Après sa séance de dédicace, Richard Guérineau se confie sur l'engagement : "J'ai des convictions écologiques, mais je trouve l'engagement terrifiant, le militantisme menant à l'épuisement, pour un pessimiste comme moi. Mais je suis un pessimiste gai", précise-t-il !

Côté musique, il n'en écoute plus en travaillant depuis le Covid : "Peut-être parce que j'ai alors quitté l'atelier que je partageais pour travailler chez moi. Et peut-être qu'avec le temps, le son me dérange plus qu'avant quand je dessine."
Sa dernière découverte en concert ? "C'est DakhaBrakha, un groupe ukrainien mélangeant chants traditionnels et musique contemporaine. Une claque !"
Concernant la programmation du Cabaret Vert : "Je vise Cypress Hill et surtout les Chemical Brothers, "LE truc à voir". Et pour le reste, il se met en mode découverte : la sélection est pointue, je ne connais pas beaucoup de groupes !"
Son actu BD est L'Ombre des Lumières qui sort en septembre chez Delcourt. "Alain Ayroles était à ma table à Angoulême, il y a quelques années. Il m'a parlé de ce projet parce qu'il avait vu mon travail sur Charly 9 et Henriquet l'homme Reine." Ayroles s'est installé à Bordeaux où Guérineau habite, mais il a fallu un peu de temps pour aboutir à l'album : "Je voulais le scénario de tout le premier tome, et non par petits bouts, pour avoir une vision de l'ensemble". Cela a amené Ayroles à avancer plus vite. "Il a fallu qu'on s'apprivoise tous les deux, il a pu y avoir des désaccords sur le tome 1, mais pour le tome 2, ça roule !", ajoute Guérineau avec un sourire.

Le Chant des Stryges lui a apporté le succès. "Mais par la suite, je me sentais prisonnier des Stryges, car on ne me proposait que des histoires du même type !" Pour ne pas se lasser, il préfère changer d'univers : "Et si c'est radicalement différent, tant mieux !". Pour L'Ombre des Lumières, il dessine plus grand. "Avant, je dessinais en A4, mais là, les planches sont plus chargées en nombre de cases, avec plus de détails, aussi je suis passé en A3. Et je vais peut-être changer d'outil, pour la suite", conclut-il.
Félix Delep, La Ferme des animaux, l'engagement et la musique classique
Pour Félix Delep, c'est parce que Le Château des animaux est engagé qu'il a eu envie de s'atteler à ce projet. "Promouvoir la désobéissance civile, le sujet m'intéressait. Quand avec Xavier Dorison on a commencé ce projet, il y avait déjà eu des mouvements de désobéissance, mais c'était avant la résistance écolo que l'on voit aujourd'hui. Je trouve ça admirable."

Quel personnage de la série symbolise le mieux les volontés actuelles de changement ? "C'est compliqué de choisir entre Azélar (le rat) et César (le lapin). Azélar pour la modernité de sa méthode de lutte non-violente... Qui génère la violence en réaction ! Et César, c'est chacun de nous qui se laisserait doucement convaincre par l'idée. Donc il est plus proche de toi ou moi. Mais il finit par ne plus y croire." C'est ce dont parle le tome 4.

Lors des dédicaces, Delep rencontre souvent des collectionneurs, comme ce jeudi. "Mais il m'arrive d'avoir des personnes jeunes et engagées, comme à Bruxelles où j'ai eu une jeune anarchiste critique ! Cela suscitait le débat". Son scénariste aussi : "Quand Xavier a présenté le livre à Hong-Kong, si je me souviens bien, il a été confronté à des gens qui étaient véritablement en plein dedans, avec tout ce qui se passe là-bas."
"Je me remets en cause [graphiquement] à chaque album", confie-t-il. Et d'ajouter : "Au début de l'album, on a le temps de se poser des questions, mais plus le temps passe, moins c'est le cas, on est obligé de bâcler un peu." Bâcler ? Ce n'est pas vraiment l'impression que donne le travail de Delep ! "On essaie de trouver des raccourcis positifs", concède-t-il. Et bientôt le dernier album de la série. "Pour le dernier, j'ai envie de faire ce que je peux faire de mieux !"
Un travail en musique ? "Les musiques avec des paroles, cela me déconcentre, sauf pour les travaux bêtes. J'écoute de la musique classique (mon frère est violoncelliste). J'ai un amour pour Bach, Tchaïkovski... J'écoute aussi un groupe qui s'appelle Ma pauvre Lucette et du Rock style Les Beatles, les Stones..."
Delep fréquente également les festivals côté musique. "Le dernier était le Forezstival, du côté de Lyon, il y a deux semaines." Et au Cabaret Vert, que vise-t-il ? "Juliette Armanet, les Chemical Brothers et Fish Bach, que j'ai découvert en venant. J'ai trop aimé !"
Rendez-vous demain pour de nouvelles rencontres...
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