« Lanfeust de Troy ». Trois mots magiques pour décrire une série qui l'est tout autant et fête ses trente automnes en 2024. Une saga hors norme aux allures d'ovni, véritable météorite qui a percuté les rayons des librairies de bande dessinée en 1994. Retour sur un titre qui est devenu un véritable univers, de « Trolls de Troy » à « Lanfeust des étoiles ».
« Il déboule comme un ovni dans les rayons des librairies BD en octobre 1994. Je fête alors mes seize ans et m’apprête à devenir libraire, quelques années plus tard. Quatre ans après la sortie du premier tome, au printemps 1998, alors que j'effectue mon deuxième stage en librairie, je découvre les couvertures des premiers volets et ces mots qui résonneront désormais comme une légende dans le monde du Neuvième Art : Lanfeust de Troy.
Lanfeust de Troy, T. 9 ,© Arleston, Soleil
Une série volcanique
Volcanique, la série Lanfeust de Troy et son univers magique le sont, à bien des égards. Je me souviendrai toujours de cette couverture incroyable, éruptive : celle du tome 1, L'Ivoire du Magohamoth, où l'on se prend en pleine face un superhéros électrisé par son pouvoir immense, face à une armée d'ennemis et au pied duquel se tiennent, accroupies, une jeune femme séduisante qui augure déjà la place des héroïnes dans Lanfeust de Troy.
Rien, mais alors rien ne me prédisposait à plonger dans l’héroïc-fantasy. Encore moins à apprécier un genre auquel je n'ai jamais été sensible.
Grâce à l'immense puissance du dessin tumultueux et apocalyptique de Didier Tarquin : soyons honnête, je n’avais jamais assisté à une telle débauche d’énergie graphique, agrémentée par la superbe plastique de la charmante Cixi et le pouvoir de séduction d’un héros hors norme : le beau, vaillant et valeureux Lanfeust. Grâce, aussi, à la force et à la pugnacité du récit au cordeau d'Arleston. Il faut dire que ce scénariste de renom a participé aux plus belles années des éditions Soleil. Il avait déjà montré une partie de l'étendue de son talent dans les séries Léo Loden, Les Feux d'Askell ou autres Maîtres cartographes.
Une série magique
Arleston sait emmener son lecteur suffisamment loin pour explorer son imaginaire au point de le perdre. Pour mieux le retrouver et l’entraîner vers de nouvelles contrées, de nouvelles missions, de nouveaux décors. Dans Lanfeust de Troy, ce bâtisseur d'histoires à l'imagination fertile est au sommet de son art. Et quoi qu'on en dise, quand on a goûté à Lanfeust, les séries qui suivront, émanations du monde de Troy, n'arriveront jamais à la cheville de l'œuvre originelle, que ce soit Lanfeust des étoiles, Trolls de Troy, Lanfeust Quest, Lanfeust Odyssey ou encore Les Guerrières de Troy…
Lanfeust © Arleston, Soleil
Ce qui m'a aussi fait apprécier cette saga à sa juste valeur et vibrer à l'annonce de la parution de chaque tome, c'est l’impact des couleurs d’Yves Lencot, qui avait déjà montré l’étendue, immense, de sa palette dans la mythique Quête de l’oiseau du temps, d’Yves Loisel et Serge Le Tendre. Enfin, il serait inconvenant d'oublier l'humour et le cri de guerre du troll Hébus dans la réussite complète de cette saga truffée de rebondissements narratifs et graphiques : Gottferdom ! (“Nom de Dieu” en Belge)!
Trente ans après les premières provocations de Cixi et les premiers câlins de C'ian, l’essentiel est resté intact : la série originale est aussi réussie que lors de la parution de ses huit premiers tomes, de 1994 à 2000, et du neuvième, vingt-et-un ans plus tard en 2021.
Au fait, savez-vous d'où vient le prénom du troll Hébus ? Du jeu de mots avec le mot anglais trolley bus, qui désigne un bus électrique. Hébus, lui, ce serait plutôt le Chat-bus de Mon voisin Totoro façon barbare ! Le prénom de Lanfeust, lui, viendrait du nom d'un hameau du Nord-Finistère, dans la commune de Ploumoguer, au nord-est du Conquet. Mais depuis son baptême par Arleston, Lanfeust a conquis l'univers. Le plus grand des superhéros français est sorti de Troy. Depuis trente ans, il règne sur la galaxie du Neuvième Art. »
Chacun son pouvoir
« Troy est un monde surprenant : grâce aux sages d'Eckmül, qui, jusqu'au fond de chaque village, relaient la force de la magie, chaque individu possède un, et un seul pouvoir. Celui-ci peut être anodin ou utile, ridicule ou redoutable. »
C'est la première bulle qui ouvre le premier tome de Lanfeust de Troy, L'Ivoire du Magohamoth, paru en octobre 1994 dans la collection Soleil de nuit de Soleil productions. Les premières lignes d'une saga dont les neuf tomes vont s'étaler sur 27 ans (le neuvième, La Forêt noiseuse, est paru en novembre 2021).
Ce superhéros, beau comme un cœur, a le pouvoir de faire fondre le métal d'un seul regard. Cixi et C'ian, la fiancée de Lanfeust, sont les deux filles très sexy de Nicolède. Cixi, chipie provocatrice, transforme l'eau en glace et en vapeur. Elle ne manque pas une occasion de draguer Lanfeust pour énerver sa frangine. Cette dernière, C'ian, a la faculté de guérir les blessures lorsque la nuit est tombée. Leur père, Maître Nicolède, est un sage qui a découvert que le pouvoir magique de Lanfeust provient de l'ivoire du Magohamoth, un animal mythique. Accompagné de ses filles, il guide notre héros à Eckmül où les gardiens de la magie étudieront son cas.
Dans cette quête, Lanfeust rencontre Hébus, un troll sans merci qui va devenir son fidèle compagnon. Pour le reste, il ne vous reste plus qu'à vous plonger dans les neuf tomes de cette série devenue incontournable. Car on ne spoile pas Lanfeust : on entre dans son monde.
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