Les éditions du Lombard ont annoncé, lundi 17 février, la disparition de l’autrice de bande dessinée Chantal De Spiegeleer, survenue le 15 février à l'âge de 67 ans.
« Le 9ᵉ Art perd une autrice trop rare, d’une sincérité artistique peu commune », ont déploré les éditions du Lombard, dans un communiqué diffusé lundi 17 février et annonçant le décès de l’illustratrice, coloriste, dessinatrice, scénariste et même créatrice de jeu vidéo Chantal De Spiegeleer.
Née à Kinshasa, elle découvre très tôt sa passion pour le dessin, qu’elle considère comme un moyen d’expression et de liberté. Revenue en Belgique, elle intègre l’école supérieure des arts graphiques de Saint-Luc à Bruxelles, avant de rejoindre les cours de Bande Dessinée prodigué par Claude Renard. Elle y côtoie François Schuiten et Benoît Sokal, et publie ses premières planches dans la mythique revue 9e Rêve, avant de signer son premier album, Mirabelle, en noir et blanc.

Couverture de "Mirabelle" © Chantal De Spiegeleer
Son influence du dessin de mode est particulièrement visible dans Madila, sa seule série, où elle brosse le portrait de femmes évoluant dans les milieux de la mode et du cinéma. À travers cinq albums, elle y dénonce les mécanismes du machisme et met en scène des récits intimistes et puissants, assumant totalement un style non commercial. Déterminée à rester indépendante, elle va jusqu’à achever le dernier tome grâce à une bourse privée.

Couverture de "Madila" © Chantal De Spiegeleer
En 1992, elle s’installe sur une île des Grenadines avec son mari, le dessinateur René Sterne, dont elle accompagne le travail en tant que coloriste et conseillère artistique. Parallèlement, elle explore d’autres supports, notamment la peinture numérique et le jeu vidéo. La bande dessinée reste cependant son domaine de prédilection : elle accepte de revenir à la table à dessin pour Éclipse, un one-shot scénarisé par Juan d’Oultremont. Ce projet sera toutefois sans cesse repoussé, en partie à cause de son perfectionnisme, mais surtout en raison du décès brutal de René Sterne en 2006. Pour lui rendre hommage, elle accepte alors de terminer La Malédiction des Trente Deniers, un album de Blake et Mortimer qu’il avait laissé inachevé. Malgré le défi émotionnel et artistique que représente cette tâche, elle livre un travail salué par la critique et le public.

Couverture "Blake et Mortimer, tome 19 : La Malédiction des trente deniers" © Jean Van Hamme (Scénario) De Spiegeleer (Dessin) Sterne (Dessin) Laurence Croix (Couleurs)
Jusqu’à la fin, Chantal De Spiegeleer restera fidèle à son indépendance et à sa quête de sincérité artistique. « Il ne faut pas être prisonnier de son style, il faut en être le gardien », aimait-elle citer en référence au styliste Yohji Yamamoto. Une phrase qui résume parfaitement son parcours : celui d’une artiste qui n’a jamais cédé aux compromis et qui a toujours placé la liberté au cœur de son œuvre.
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