Bulles de Mantes est situé dans un vaste espace qui permet de ne pas être les uns sur les autres. Le festival débute sous un soleil radieux. Le vendredi, on voit à la fois un public de passionnés de BD, collectionneurs chevronnés, faisant la queue patiemment, et un jeune public de scolaires, s'agglutinant fascinés autour des auteurs.
Stéphane Levallois a ainsi fait passer derrière lui un groupe d'une quinzaine d'enfants pour qu'ils puissent mieux le voir dessiner, et il leur raconté des anecdotes autour de la conception de son dernier album Supertanker. Pour faire une ville futuriste, il récupère les processeurs d'un vieil ordinateur trouvé dans la rue. Pour faire un ciel étoilé, il étale de la poudre de graphite sur une feuille et en fait un scan inversant le noir et le blanc. Etc. Ce brillant artiste sait parler aux enfants. Il a aussi enseigné à Penninghen, mais là, son auditoire était quand même plus âgé.

Stéphane Levallois très pédagogue avec les enfants © Zoo le mag / François Samson
La file est longue pour Achdé. Le repreneur de Lucky Luke est l'invité d'honneur du festival. Un organisateur s'inquiète : 25 tickets ont été distribués car le dessinateur a dit qu'il irait vite. Mais ce n'est pas forcément toujours le cas. Il faut dire que l'ambiance est sympa, on n'est pas à l'usine. Et Achdé aime parler de son métier, c'est un passionné.

Achdé se tient à distance de Lucky Luke © Zoo le mag / François Samson
Marc Hardy lui aussi a devant lui une file d'attente conséquente. Ce virtuose du dessin a fait Pierre Tombal, Arkel... Des petits lecteurs qui ont grandi (et vieilli) font la queue, tenant fébrilement leur album. La femme du dessinateur est assise à côté de lui et veille sur son mari. Il faut préciser que le festival Bulle de Mantes est apprécié des auteurs entre autres parce que le ou la conjointe sont systématiquement invités.

Marc Hardy ne fait pas une tête d'enterrement, même s'il est le dessinateur de Pierre Tombal © Zoo le mag / François Samson
Un peu plus loin, Thierry Capezzone dédicace une pile de Petzi, une BD pour enfants créée au Danemark et reprise par le dessinateur lyonnais installé depuis longtemps déjà dans le Royaume où il a su se faire une place. La semaine dernière, il était invité à l'Elysée en compagnie du Roi et de la Reine du Danemark, excusez du peu.

Thierry Capezzone immergé dans Petzi © Zoo le mag / François Samson
A côté de lui, Rudy, un jeune dessinateur qui a participé au tome 4 de la série Idéfix et les Irréductibles. Nous nous mettons à parler avec lui d'Uderzo et de son œuvre. Il en parle avec passion.

Rudy en pleine dédicace d'Idéfix pendant que Nora Moretti explique quelque chose à une Lucky Luke i © Zoo le mag / François Samson
Un stand différent des autres : Carnets d'ailleurs est un magazine animé par Joël Alessandra. Créée il y a un an, la revue parle de voyages dessinés. Des grands noms sont au sommaire. Jacques de Loustal, François Avril, Titouan Lamazou... Il y a une promo pour s'abonner le temps du festival, glisse la personne qui tient le stand, très investie dans cette aventure éditoriale. Il est vrai qu'en feuilletant les numéros parus, on voit de belles choses.

Carnets d'ailleurs est une invitation au voyage © Zoo le mag / François Samson
Et pour parler d'ailleurs, rencontrons Andrea Accardi. Andrea vient de publier La vie d'Otama qui raconte l'histoire étonnante de la première peintre japonaise ayant adopté le style occidental. Elle fut aussi modèle pour un peintre italien et partit vivre à Palerme à la fin du 19è siècle avant de revenir au Japon dans les années 30.
Andrea Accardi, qui vit à Bologne, a toujours regardé le Japon. Né en 1968, il a été impressionné enfant par Goldorak. Les éditeurs trouvaient son dessin trop manga. Il a alors regardé la BD de l'époque de ses parents : Battaglia, Toppi... pour enrichir son style. Il a fait des histoires de samouraï pour Bonelli vers 2012 (Chanbara, édité quelques années plus tard en France). Lettreur chez Panini pour l'univers Marvel, Andrea a travaillé pour un autre éditeur italien Kappa edizioni qui publie des mangas.

Andrea Accardi, lettreur pour Marvel chez Panini, auteur européen fasciné par la première peintre japonaise à avoir exposé en Occident. Un concentré de cultures : américaine, européenne et japonaise © Zoo le mag / Nicholas
Non loin des Carnets d'Ailleurs, Christian Peultier est en train de réaliser une dédicace à l'aquarelle qui attire l'oeil. Dessin fin aux couleurs délicates. L'occasion de découvrir Les insurgés, album plein d'élan sur la révolution irlandaise publié par Mosquito, ou la jolie série pour enfants Nuage, l'histoire d'une petite fille née blanche dans un village africain ; elle sait parler aux animaux... Trois albums de Nuage chez trois éditeurs différents (les deux premiers ont fait faillite) ! Christian a maintenant créé sa propre maison d'édition, La fille de la lune. Le 4è tome sort en août.

Dessin fin aux couleurs délicates de Christian Peultier © Zoo le mag / Nicholas
La bande dessinée est un univers de passionnés. Cela fait du bien de se retrouver ainsi, à côtoyer des créateurs d'univers qui sont facilement accessibles.
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