Si le milieu des auteurs a été longtemps largement masculin, les choses ont bien changé. Le festival Bulles de Mantes en est le reflet. Promenade au milieu d'auteures (ou d'autrices, chacune ayant sa préférence sur le terme à employer) fort occupées à dédicacer mais prêtes à parler de leur métier avec passion.
Sophie Ruffieux a fait des études n'ayant rien à voir avec la BD : elle est archéologue de formation. Mais son destin était ailleurs. Elle se reconvertit dans sa véritable passion : le dessin. Portée d'abord par son blog, elle publie ensuite dans Femme actuelle à partir de 2015 Une famille épatante, chronique familiale qui donne lieu à un album chez Soleil en 2022. Dans son dernier album, la quiétude de la vie familiale explose : le titre, Maman solo, est explicite. Son dessin expressif l'est tout autant.
Ll'autrice Sophie Ruffieux vient signer son dernier album Maman Solo © Zoo le mag / François Samson
Elsa Brants s'est fait connaître avec Save me Pythie, une série marquante du manga français (5 tomes parus). Elle publie désormais Myrtis (3 tomes, série terminée) chez Kana.
On la voit de loin avec son sourire et ses fleurs dans les cheveux ! Ses femmes sont fortes, même si elles ont des failles, des défauts. Elle représente des personnages féminins qu'elle aurait aimé découvrir quand elle était enfant. Sous couvert d'humour, elle essaie de camper des personnes pimentées et attachantes.
A côté d'Elsa, Tpiu (qui fait des BD depuis le primaire) enchaîne aussi les dédicaces. Elle aussi porte le flambeau du manga français : elle a publié chez Kana trois tomes de la série Les héritiers d'Agïone, peuplés d'aventures dans un monde médiéval fantastique.
N'ayant pas suffisamment d'atomes crochus avec l'éditeur, elle offre une fin ouverte au 3è tome (elle en avait prévu initialement une quinzaine). A l'avenir, elle préfère s'auto-éditer sur le marché français.... alors que son prochain gros challenge : travailler directement pour le marché japonais.
Elsa Brants et Tpiu, côte à côte, représentent le manga MADE IN FRANCE lors de Bulles de Mantes 2025 © Zoo le mag / François Samson
Juste en face, Ida dédicace Kamalari, sa première BD. Nicolas Antona, le scénariste, a écrit cette histoire centrée sur la vie hors norme de Urmila Chaudhari, une enfant vendue comme esclave au Népal avant de réussir à prendre en main son destin.
Ida a beaucoup dessiné dans les cabarets, passionnée par l'univers du burlesque (elle propose d'ailleurs à la vente sur le festival des dessins inspirés par les figures du burlesque). Elle a fait des livres jeunesse et pédagogiques avant que Nicolas Antona lui propose Kamalari. Un changement de style, mais il y a un vrai sujet sur les droits des enfants. Cette femme est la force tranquille, explique Ida. Urmila est en train de finir ses études d'avocate. Un destin incroyable, conclut Ida.
IDA dédicace sa première BD : Kamalari, la vie hors norme de Urmila Chaudhari, une enfant vendue comme esclave au Népal , qui réussit à prendre en main son destin. © Zoo le mag / François Samson
Un peu plus loin, Laetitia Leroux dédicace La magie de la tristesse. Tout un programme ! Il faut savoir qu' en plus d'être dessinatrice, elle est coach et thérapeute. Laetitia trouvait qu'on ne parle pas assez de la tristesse alors qu'elle fait partie de la vie, une émotion saine qui plus est.
La lecture de son livre devrait aider à déconstruire les a priori à ce sujet, espère-t-elle. La mélancolie ? Elle est différente, liée au passé, à la nostalgie. La tristesse, elle, est connectée à l'instant présent. C'est la première BD de Laetitia et son premier festival ! Ses projets ? Elle travaille sur la colère, se définissant comme une avocate des émotions qu'on n'aime pas trop !
Laetitia Leroux © Zoo le mag / François Samson
Nora Moretti a enchaîné les dédicaces avec le sourire sans discontinuer durant tout le week-end. Elle apporte aujourd'hui son regard empli de fraîcheur sur Le jardin des fées.
Son univers graphique charmant et poétique illustre à merveille cette histoire influencée par l'excellent roman Le jardin secret (F.H. Burnett) et par une supercherie de fausses photos de fées au début du XXe siècle. Ici, nous avons évidemment affaire à de vraies fées. Cette artiste italienne s'est fait connaître il y a une quinzaine d'années avec Princesse Sara, mais avant elle a aussi été créatrice de masques à Venise, sa ville d'origine !
Nora Moretti © Zoo le mag / François Samson
Claire Bigard a usé de son dessin réaliste et fin pour faire aussi bien des récits contemporains (Méprise) qu'historiques (Le casque d'Agris, inspiré par un casque gaulois découvert lors de fouilles en 1981) voire historico-religieux avec Marie Madeleine L'apôtre, son dernier album aux éditions La Muse. Cette auteure (et non pas autrice, elle y tient) discrète gagne à être connue. Le festival en est l'occasion.
Claire Bigard © Zoo le mag / François Samson
Cécile M'Bazoa est la scénariste de Coup de théâtre dessiné par Aurélie Betsch, qu'elle connait depuis longtemps. C'est la première BD de cette enseignante qui écrit également des pièces de théâtre. Tombée amoureuse de Shakespeare, elle décide pour cette histoire anachronique d'utiliser des animaux; Elle a été inspirée par le caractère des écrivains pour choisir les animaux qui les représentent, en mettant en avant le comique avec Molière et le tragique avec Shakespeare. Dans un Londres de fantaisie, le renard Molière et le loup Shakespeare cherchent l'inspiration. L'éditeur ayant pris sa retraite, Cécile a racheté le stock et travaille actuellement sur le tome 2 Coup de glas, qui se déroulera en France. Il sortira quand le tome 1 sera suffisamment écoulé.
Cécile M'Bazoa © Zoo le mag / François Samson
Au travers de ces rencontres dans le cadre du festival, on peut découvrir autant d'univers différents que de personnalités attachantes. C'est la magie du petit (mais vaste) monde de la bande dessinée.
Mantes2025
Mantes
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