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La planche de la semaine : King Aroo par Jack Kent

Chaque vendredi, on découvre ensemble une planche de l'immense collection de la Cité de la bande dessinée et de l'image d'Angoulême qui propose jusqu'en août 2026 une exposition fascinante et sans cesse renouvelée : Trésors des Collections. Dans la section Comics , découvrez la planche #35 : King Aroo par Jack Kent

Jack Kent | Walt Kelly : La planche de la semaine : King Aroo par Jack Kent

Le mot du commissaire de l'exposition, Jean-Pierre Mercier

Né en 1920, Jack Kent a quitté l’école à quinze ans, pour devenir illustrateur commercial, jusqu’en 1941 où il s’enrôle dans l’armée. Il revient au dessin après la guerre et se lance en 1950 dans la BD avec King Aroo, bande qu’on peut classer, avec Pogo, Peanuts BC et Feiffer parmi les séries qui ont révolutionné le strip quotidien dans les années 1950.

King Aroo n’a cependant pas connu le succès des autres séries susnommées. La faute sans doute à l’esprit résolument nonsensique de Jack Kent qui fait de son héros, King Aroo, le roi de l’état microscopique de Myopia (Myopie en vf), habité par une poignée d’habitants aux personnalités improbables, dont un grand chambellan dépourvu de sens commun, un kangourou postier capable de sortir à peu près n’importe quoi de sa poche, un scientifique expert universel, M. Elephant, pachyderme (personnage central du strip présenté aujourd’hui) qui ne se souvient de rien, y compris de lui-même, etc.

L’ambiance à la fois charmante et délirante de la série dérouta les lecteurs et les professionnels de l’époque, mais King Aroo est aujourd’hui reconnu comme une des meilleures bandes de l’époque et une intégrale des strips parus a été initiée il y a quelques années aux USA.

Après l’arrêt de la bande, Jack Kent s’est reconverti dans l’album pour enfants, où il a rencontré un grand succès. Il a signé une quarantaine de titres, dont certains ont été récompensés et sont aujourd’hui encore considérés comme des classiques outre-Atlantique.


Le mot du chroniqueur de ZOO, par Frédéric Grivaud

En France, King Aroo n'est pas très connu, le strip de Jack Kent n’ayant pas été traduit. C’est peut-être dû au caractère absurde des gags, de ce micro-univers gouverné par un roi entouré par des habitants tous aussi farfelus que lui. Cependant, l’essentiel de l’humour de King Aroo est basé sur une idée simple par strip, un jeu de mot, un gag visuel, comme ici avec Mr Elephant se faisant repasser sa trompe...

Peu de choses à dire sur l’aspect visuel, si ce n’est que le style est minimaliste, complètement en phase avec ce type de daily strip qui doit être lu rapidement et qui n’a pas pour vocation de jouer sur la virtuosité du dessin.

Néanmoins, il convient de rendre hommage à Jack Kent : le strip présenté ici n’est pas forcément représentatif de ce qu'il pouvait offrir quotidiennement, ou sur les Sundays, qui étaient fréquemment plus expressifs, avec plus d'interactions entre les personnages, à l'image de ce que faisait Walt Kelly avec Pogo, par exemple. D’ailleurs, l’analogie n’est pas fortuite, tant l’esprit peut être lié. Un univers plus complexe qu'il n'y semble, avec des niveaux de lecture qui se devinent à l’occasion.

King Aroo mériterait d’être redécouvert, afin d’apprécier la finesse de l’humour de Kent.

Jack Kent | Walt Kelly : La planche de la semaine : King Aroo par Jack Kent

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