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Diament in the sky with Gotlib

L'année qui s'achève a vu disparaître plusieurs figures majeures de la bande dessinée, des artistes qui ont marqué de leur empreinte le neuvième art. Qu'ils aient été maîtres du trait, conteurs d'histoires inoubliables ou explorateurs de nouveaux horizons graphiques, ces auteurs laissent derrière eux une œuvre qui continue d'inspirer lecteurs et créateurs. Retour sur ces parcours singuliers qui ont enrichi notre imaginaire collectif et fait rayonner la BD bien au-delà de ses frontières.

Dans le monde de la BD, le nom de Jacques Diament est indissociable de celui de Marcel Gotlib et de Fluide Glacial, dont il fut longtemps le directeur. Il est parti rejoindre son vieux copain le 15 février 2025. Retour sur quelques jalons-clés.

Jacques Djament, dit Jacques Diament, et Marcel Gottlieb, alias Gotlib, se connurent sur les bancs de l'école, en 3e. Bons élèves tous les deux, ils avaient été placés l'un à côté de l'autre (c'était alors la pratique) et ils ne se quittèrent plus, même s'ils ont démarré de manière bien différente dans le monde du travail.

Pendant que Gotlib embrassait la carrière d'auteur de BD, Jacques fit une première partie de carrière dans l'administration de grands magasins, en gravissant un à un les échelons, révélant de réels talents de gestionnaire. Quand en 1974 L'Echo des Savanes se mit à battre furieusement de l'aile, Gotlib lui demanda de regarder les comptes du journal pour voir ce qui pourrait être fait. Diament ne put que constater que le magazine allait droit dans le mur et qu’il serait suicidaire de rejoindre l’équipe pour tenter de redresser la barre.

Extrait de Gotlib une vie en bandessinées par Julien Solé et Arnaud Le Gouëfflec

Extrait de Gotlib une vie en bandessinées par Julien Solé et Arnaud Le Gouëfflec
© Fluide Glacial, 2025

Et quand Gotlib proposa à Jacques Diament d'être de la partie pour la création d'un nouveau journal, Jacques n'était pas prêt à sacrifier la sécurité de son emploi salarié pour une entreprise pour le moins risquée. Il fallut six mois de longs appels téléphoniques quotidiens de Gotlib pour le convaincre. Alliés au fait que son travail d’alors (responsable des boutiques cadeaux-souvenirs de la gare d’Orly-Ouest) le passionnait de moins en moins, il se décida et fut de l'aventure pendant 20 ans. Il en était même le directeur.

Jacques Diament fait les cornes à Gotlib. Yvan Delporte et Solé sont de la partie

Jacques Diament fait les cornes à Gotlib. Yvan Delporte et Solé sont de la partie
© Fluide Glacial

Surnommé affectueusement "Monsieur TVA" par Gotlib, son pragmatisme et ses talents de gestionnaire permirent à Fluide Glacial de démarrer sans dettes, financé par l'édition d'albums de Gai-Luron, personnage plus ou moins laissé en jachère par les éditions Vaillant (Pif).

Jacques Diament dans un roman-photo de Léandri

Jacques Diament dans un roman-photo de Léandri
© Fluide Glacial

C'est à la suite d’une remarque de Diament à Gotlib que la maison d'édition s'appela AUDIE et non pas AUDI, afin de ne pas avoir d'embrouille avec le constructeur automobile. Le choix de l'acronyme AUDI(E), est un clin d'œil à Claudie, la femme de Gotlib. Ajoutons que sans Diament, Fluide Glacial se serait peut-être appelé La Voix du Sang, l'idée initiale de Gotlib.

Grâce à Diament, les comptes de Fluide Glacial furent toujours sains, sans aucune dépense inconsidérée, y compris le papier toilettes, selon la légende. Et le magazine a pu naviguer jusqu'à aujourd'hui, alors que tant d'autres sombrèrent corps et âme. Diament fut également le premier rédacteur-en-chef du journal.

Jacques Diament dans Meurtres fatals graves T1 par Maëster

Jacques Diament dans Meurtres fatals graves T.1, par Maëster
© Fluide Glacial

Gotlib et Diament vieillissant, ce dernier décida de prendre sa retraite et ils vendirent leur trésor à Flammarion. Diament profita de sa retraite pour écrire sur la philosophie, ou du moins sur sa philosophie de la vie (L’amateur de catastrophes, Les Cafés de Philosophie), ainsi que sur ses souvenirs : Je m’en rappelle comme si… et Fluide Glacial, Gotlib… et moi (aux éditions de L’Harmattan) dont sont extraites quelques anecdotes narrées ici. Son style laisse entrevoir un homme à la pensée élégante et à l'humour pince-sans-rire. Diament n'aimait donc pas que les chiffres. Il appréciait aussi le passé simple, d'où son emploi régulier dans ce modeste article, en hommage.

Fluide Glacial, Gotlib et moi - Un livre de souvenirs par Jacques Diament

Fluide Glacial, Gotlib... et moi - Un livre de souvenirs par Jacques Diament
© Editions L'Harmattan

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