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Marie-Mad, la centenaire de la BD

L'année qui s'achève a vu disparaître plusieurs figures majeures de la bande dessinée, des artistes qui ont marqué de leur empreinte le neuvième art. Qu'ils aient été maîtres du trait, conteurs d'histoires inoubliables ou explorateurs de nouveaux horizons graphiques, ces auteurs laissent derrière eux une œuvre qui continue d'inspirer lecteurs et créateurs. Retour sur ces parcours singuliers qui ont enrichi notre imaginaire collectif et fait rayonner la BD bien au-delà de ses frontières.

Marie-Mad était la doyenne des dessinatrices de BD. Elle s'est éteinte le 11 août 2025 à l'âge plus que respectable de 102 ans. Son nom est peu connu du grand public mais il faut dire qu’elle a pris sa retraite en 1982, il y a donc plus de 40 ans ! Elle fut un des piliers de Fleurus dans les années 50-60, en créant notamment Titounet et Titounette.

Pour ses 100 ans, la ville de Vernon, où Marie-Mad résidait en Normandie depuis 1970, lui a consacré une triple exposition rétrospective (au musée de la ville, à la médiathèque et dans le Jardin des Arts). Une photo la montre alors marchant vaillamment avec sa canne au milieu de ses œuvres. « C’est une récompense à laquelle je ne m’attendais pas », avait-elle modestement déclaré (source : Le Démocrate vernonnais).

Couverture de Ames Vaillantes du 30 mai 1948

Couverture de Ames Vaillantes du 30 mai 1948 par Marie-Mad, aux éditions Bayard

Elle a mené toute sa carrière dans la presse catholique, très diffusée en France dans l'après-guerre. De son vrai nom Marie-Madeleine Bourdin, elle se destinait à l’Art, mais du fait de la 2nde guerre mondiale, elle n'avait pas pu intégrer l'école Duperré où elle venait d’être admise. Ses références en dessin étaient Benjamin Rabier, Alain Saint-Ogan mais aussi Manon Lessel, pionnière de la bande dessinée. Marie-Mad en fut une autre, dans une profession alors très masculine. Elle est donc une autodidacte qui démarre sa vie professionnelle par des tâches de secrétariat au sein de la structure qui allait être connue sous le nom de Fleurus.

Son don pour le dessin ayant été repéré par l'Abbé Gaston Courtois qui dirige la maison, elle intègre le studio de dessin de Frédéric-Antonin Breysse (auteur d’Oscar Hamel), qui s'occupait de la mise en page des magazines de l’éditeur. Pendant plusieurs années, Marie-Mad apprend le métier et fournit des illustrations, jeux et autres travaux, essentiellement pour Âmes Vaillantes, mais aussi pour Cœurs Vaillants et Fripounet et Marisette.

Dessin de bricolage de Marie-Mad dans Coeurs Vaillants du 24-11-1946

Dessin de bricolage de Marie-Mad dans Coeurs Vaillants du 24/11/1946
© Bayard

Elle réalise pour Âmes vaillantes en 1950 Une lumière dans la tour, sa première (et unique) bande dessinée d'aventure d’une vingtaine de pages, avec un traitement semi-réaliste. 67 ans plus tard, les éditions du Triomphe l’éditeront en album. Le goût de Marie-Mad pour la nature est déjà visible dans cette histoire se déroulant dans les Alpes.

Une lumière dans la tour, par Marie-Mad, planche parue dans Ames Vaillantes le 28-05-1950

Une lumière dans la tour, par Marie-Mad, planche parue dans Ames Vaillantes le 28/05/1950
© Bayard/Les éditions du Triomphe

Mais c'est à partir de 1955 que son œuvre devient connue du grand public, avec la création dans Ames vaillantes de Titounet, qui sera rejoint un an plus tard par Titounette. La série, destinée aux jeunes lecteurs, migre dans le nouveau titre de Fleurus : Perlin et Pinpin. Marie-Mad y dessinera Titounet et Titounette, jusqu'à sa retraite en 1982. Une politique d'albums Fleurus contribuera à asseoir la popularité de la série : pas moins de 47 tomes, regroupant chacun plusieurs histoires, seront édités entre 1958 et 1968 ! Campés avec un dessin simple et rond, d’une grande lisibilité, les personnages sont au contact de la nature, entourés d’animaux doués de parole. Elle fit de nombreuses fois la couverture de Perlin et Pinpin. Et elle inventa des fiches bricolage autour de ses personnages. Elle-même était très bricoleuse.

Deux planches de Titounet et Titounette, par Marie-Mad

Deux planches de Titounet et Titounette, par Marie-Mad
© Editions du Triomphe

Là encore, les éditions du Triomphe ont fait un travail patrimonial en rééditant à partir des années 90 une trentaine de titres de Titounet et Titounette, à partir des originaux que Marie-Mad avait toujours en sa possession. Un charme suranné émane de ses histoires. Elles appartiennent à une autre époque.

Titounet et Titounette, par Marie-Mad

Couverture de Titounet et Titounette, par Marie-Mad, aux éditions du Triomphe

Mentionnons qu’elle fit également des incursions à la Bonne Presse, autre éditeur catholique (notamment du Pèlerin, dans lequel Gervy dessina Pat’Apouf). Elle publia au début des années 60 plusieurs épisodes de Nicou, Niquette et le lutin Plic dans la revue pour fillettes Bernadette.

Même si Marie-Mad avait, l’âge avançant, des problèmes de vue, elle continuait à peindre et à sculpter. Son thème de prédilection ? La Nativité. Elle aimait créer des crèches, également. Elle a fait un bas-relief pour une église. Elle peignait aussi des fleurs. Elle appréciait toujours le bricolage. Bref, elle eut une longue retraite active.

Dessin de crèche par Marie-Mad dans Coeurs Vaillants, 28-12-1949

Dessin de crèche à monter soi-même, par Marie-Mad dans Coeurs Vaillants, 28/12/1949
© Bayard

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