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Trichet dévoile les arcanes de sa vocation

Le onzième tome des Arcanes du Midi-Minuit en révèle enfin un peu plus sur les origines de Jim et Jenna, ses mystérieux héros. Pour l’occasion, Cyril Trichet, dessinateur de cette série à succès, revient sur son parcours, ses rencontres et ses nombreuses passions.

Né pour la bande dessinée

Qu’est-ce qui vous a amené à faire de la bande dessinée ?

Comme pas mal d’auteurs BD, j’aime dessiner, raconter des histoires depuis que je suis tout gamin. Très vite, j’ai su que ça pouvait être un métier puisque mon père m’amenait voir les dessinateurs en dédicace.

Le moment décisif a été ma rencontre avec Crisse, dessinateur et scénariste. J’avais douze, treize ans, quand il est venu habiter en Vendée ; moi, j’étais dans un petit atelier de dessin sans prétention. Il est venu nous voir. On s’est rencontrés et il a senti que la BD était vraiment mon truc. Très vite, il m’a invité chez lui pour voir comment il travaillait.

C’est devenu mon maître, mon professeur. Ça a été une vraie chance parce qu’il a vraiment donné de son temps et en l’écoutant, en l’observant, j’ai appris beaucoup plus vite que si j’avais été tout seul. C’était génial. Parallèlement, je faisais des cours d’arts appliqués puis j’ai fait un an à Nantes dans une école de graphisme.

Et comment avez-vous rencontré Jean-Charles Gaudin ?


J’ai arrêté les études parce que j’ai rencontré Jean-Charles Gaudin, qui lui aussi était vendéen et qui avait, lui aussi, rencontré Crisse. Il avait déjà édité Marlysa à cette époque-là. On se donnait rendez-vous une fois par mois dans un café, entre amateurs et professionnels. Il y avait une super émulation, on amenait ce qu’on avait fait, toujours sous l’aile de Crisse.

J’ai passé un an chez mes parents à faire des planches, à faire que ça, pour pouvoir présenter aux éditeurs à Angoulême ce que j’étais capable de faire. Et en 2000, je suis allé à Angoulême, j’ai présenté mon travail chez Soleil et c’est parti comme ça. C’est là que Jean-Charles Gaudin m’a proposé Les Arcanes du Midi-minuit.

Vous vous souvenez des planches que vous avez présentées ?

C’était dans le même esprit que Les Arcanes, c’était vraiment ce que j’étais capable de faire à l’époque. C’était une histoire de quelques pages avec un train. Jean-Charles avait senti que mon graphisme pourrait coller à cet univers. Et c’est marrant parce qu’à côté de ça, je suis plutôt du côté cartoon, avec des dessins animaliers, disneyens…

Comment est-ce que vous avez créé graphiquement les personnages ?

Dans mes souvenirs, Jean-Charles m’avait déjà parlé d’une tresse pour Jim… Pour Jenna, je ne me souviens pas vraiment… Les rousses reviennent souvent dans les bande-dessinées car elles représentent les femmes de tempérament, le côté vif et pétillant. On joue un peu sur les clichés bien évidemment…

Pour Beltran, Jean-Charles voulait un petit personnage. Au début, je l’avais fait plus mince, un peu plus anguleux mais il m’a dit que ça serait mieux de le faire un peu plus rond pour qu’il dégage autre chose. Comme on compose avec les clichés, on s’est dit qu’instinctivement quelqu’un de plus rond va plus attirer la sympathie que quelqu’un aux traits anguleux. Et en plus pour ce personnage, on se rend compte au fur et à mesure que derrière son côté un peu maladroit, il est une aide précieuse pour Jim et Jenna.

Il y a un personnage que vous prenez plus de plaisir à dessiner que les autres ?

Au bout de dix ans, je me suis attaché à tous mais j’avoue avoir une préférence pour les personnages féminins. Dessiner les femmes, c’est ce que je préfère. Je serais malheureux s’il n’y avait que des hommes dans une BD, ça c’est sûr !

Comment s’organise exactement votre travail avec le scénariste et le coloriste ?

Jean-Charles fait partie de ces scénaristes qui font une bonne description de la page, avec le cadrage notament. De son idée assez précise de l’histoire, je crée des brouillons pour qu’on se cale bien. Il me fait son retour et ensuite j’attaque les dessins au propre.

Chacun assume sa partie : il aura toujours le dernier mot sur l’histoire et moi sur le dessin. C’est pour ça que je m’occupe des couleurs aussi, en étant le plus en relation avec le coloriste.


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