ZOO

La grande aventure des Royaumes du Nord

… pour mettre en cases un univers mystérieux !

Quelles pistes avez-vous suivies pour faire naitre cet univers ?

Clément Oubrerie : Philip Pullman a composé ce livre avec son inconscient, alors on a essayé de faire pareil.

Stéphane Melchior : Le mot qui est revenu souvent quand on travaillait, c’était le mystère. Au début, on ne sait pas qu’on est dans un monde d’anticipation quand on découvre ce roman… C’est au fur et à mesure des détails qu’on se rend compte que l’intrigue ne se situe pas dans notre monde aux alentours de 1910. Ce décalage se fait peu à peu, ce que le dessin de Clément fait super bien !

D’où ces couleurs particulières ?

Clément Oubrerie : Oui, je voulais rendre le mystère de cet univers. J’ai surtout fait ma cuisine interne : j’ai mélangé de l’aquarelle et du brou de noix. J’essaie toujours d’unifier ma technique de dessin sur une œuvre, même si je n’arrive jamais à me tenir à une seule technique. Comme je finissais le quatrième tome de Pablo quand je commençais les planches des Royaumes du Nord, j’utilise presque la même technique que dans cet album. Ca m’a permis de donner ces ciels.

Stéphane Melchior : Clément est modeste, mais c’est un très très bon coloriste.

Votre univers a-t-il été pollué par les couvertures ou le film ?

Clément Oubrerie : Non car on n’a pas vu le film ! Les quelques images qui nous sont parvenues n’ont pas été assez fortes pour nous marquer. On s’est très vite réapproprié l’univers. Mais ce n’est pas pour autant qu’on ne s’est pas documentés. On a fait beaucoup de recherches sur les zeppelins ou encore sur Oxford au début vingtième siècle par exemple…

Comment avez-vous travaillé pour la représentation d’éléments précis comme l’aléthiomètre ou les bateaux des gitans ?

Stéphane Melchior : Pour les bateaux des gitans, je me suis demandé à quoi pouvaient ressembler des roulottes sur l’eau. Comme j’aime beaucoup le bateau, je me suis souvenu des tjalks, des bateaux hollandais. Ces bateaux à voile dont on peut coucher le mât pour passer sous des ponts peuvent naviguer partout. Ils ont aussi des gouvernails latéraux rabattables qui leur donnent un air particulier. Ca collait parfaitement aux bateaux maisons dont on avait besoin pour nos gitans.


Clément Oubrerie : Pour l’aléthiomètre, j’ai simplement assemblé 2-3 montres anciennes et pour les détails, c’est Stéphane qui a assemblé minutieusement les détails parsemés dans le roman.

Vos Daemon, ces créatures qui sont une sorte de prolongation de l’âme des personnages, sont très vivants !

Clément Oubrerie : Grâce à la BD, on peut retranscrire les animaux facilement sans tomber dans le naturalisme. Ca permet plein d’effets ! Puisqu’à des moments, je représente les daemons avec un côté très cartoon.

Stéphane Melchior : En plus, grâce au dialogue entre Lyra et son daemon, on a pu accentuer le côté comédie. Dans le roman, il y a un peu plus de tragique, alors qu’on a plus appuyé le comique. Avec les rapports entre Lyra et Pantalaimon son daemon, on arrive aussi à rendre attachants les deux personnages, qui sont un peu comme ying et yang. Liés et complémentaires, ils révèlent de nombreuses facettes du caractère de Lyra.

D’ailleurs comment avez-vous créé Lyra ?

La première Lyra, beaucoup moins effrontée

La première Lyra, beaucoup moins effrontée

Clément Oubrerie : On avait une première Lyra qui a tenu 10 pages. Elle était trop gentille, trop gamine, trop parfaite. Très vite, on sentait qu’il fallait une deuxième version.

Stéphane Melchior : En cherchant de la documentation, je suis tombé sur une photo de collégiens anglais, en uniforme mais complètement débraillés. Il y avait là une jeune collégienne, une petite brunette à l’air frondeur. J’avais trouvé notre Lyra, l’effrontée enfermée dans un monde d’adultes ! Elle était là notre rebelle, qui adore braver les règles d’un monde trop strict. On l’a adoptée et l’aventure a démarré !

Haut de page

Commentez

1200 caractères restants