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Black Science, « une histoire moderne au goût rétro »

Matteo Scalera, le dessinateur Black Science, a profité de son passage éclair en France pour revenir sur sa nouvelle série de science-fiction sur le scénario de Rick Remender. Retour sur un comics au ton pas comme les autres...

Au départ quelles étaient les inspirations pour créer cet univers nouveau avec un goût vintage ?

Matteo Scalera : Rick Remender et moi en avons eu deux principales : Frank Frazetta, l’artiste de science-fiction, et Moebius. On y a pioché beaucoup d’éléments du domaine de l’étrange. On a aussi beaucoup relu L’Incal et beaucoup de ses autres livres.

On a vraiment essayé d’équilibrer le côté rétro avec la grande influence de Frazetta et une manière de raconter très moderne.

Comment avez-vous créé l’univers graphique de Black Science ? Vous aviez reçu des indications précises du scénariste ?

Oh oui ! Rick et moi sommes de bons amis. Au début, on changeait de dimension à chaque chapitre et il me donnait des indications très pointues. Maintenant on passe moins d’un endroit à l’autre, on a donc plus le temps de parler de chaque dimension et de les analyser. Souvent, Rick m’appelle et on parle du monde suivant. Il me donne souvent des indications, comme des films que je peux regarder, des livres pour m’inspirer.

Maintenant on travaille vraiment à 50/50 pour la création de ce monde mais, au début, je n’étais pas supposé être l’artiste qui allait dessiner cette série, on avait prévu de faire Fear Agent 2. Heureusement la première personne n’avait pas le temps et s’est désistée alors qu’une bonne partie du scénario était déjà créée. On m’a appelé à ce moment là. Ce n’est donc qu’après quelques temps que j’ai pu donner mon avis sur le scénario et vraiment collaborer à l’élaboration l’histoire. Je reviens d’ailleurs de Los Angeles où j’étais chez Rick pour parler de la suite de Black Science.

Et quelle est la première chose que vous avez vraiment apportée à l’histoire ?

On a changé de nombreuses choses dans cette série au fur et à mesure, souvent de concert. La chose qui vient probablement de moi c’est le changement de Kadir. Au début, Kadir est un grand méchant mais au bout de six chapitres, il doit se transformer en gentil. Je me rappelle avoir dit à Rick que ce serait bien que ce personnage progresse et devienne quelqu’un de bien.

Pour composer les différents personnages, comment faites vous fonctionner cette alchimie ?

Pour le premier Grant qui apparaît, on s’est inspirés de Boba Fett, le chasseur de primes de Star Wars. Au début, comme Grant avait plein d’actions très dangereuses à effectuer, je le dessinais comme quelqu’un de très fort, comme un super-héros. Là Rick m’a rappelé à l’ordre : c’est censé être un scientifique ! Il doit être maladroit, tomber par terre, être complètement perdu dans ce monde. Pendant toute l’histoire, Grant devient de plus en plus fort et adroit : ses mouvements deviennent plus fluides et dynamiques, car il s’habitue à ce type de vie.

Ensuite, à chaque fois que Rick me dit : « on a besoin d’un nouveau Grant » [il y a plusieurs versions du personnage principal] il ajoute « il doit être un peu comme ça ». Il m’appelle un mois à l’avance pour me prévenir de ses particularités, pour que je puisse avoir le temps de le préparer. On essaie de créer une coupe de cheveux et des habits différents à chaque nouveau personnage.

Souvent les artistes sont ennuyés au bout de 6 ou 8 chapitres par un monde qu’ils doivent reproduire tout le temps. Parce que même si on aime ce monde là, on dessine tout le temps la même chose. Avec ce projet, on peut faire ce qu’on veut : changer de monde à chaque chapitre ou même modifier le caractère ou l’apparence des personnages de nombreuses fois. J’ai donc la chance de renouveler sans arrêt ce que je dessine, dont les personnages et leur look !

Et comment est né le Pilier qui permet le voyage entre les dimensions ?

Le design du Pilier vient de Rick : on voulait une pyramide avec une sorte de lumière en haut. Il a commencé par m’envoyer 50 ou 100 images de ce qu’il aimerait bien et j’ai mixé toute cette inspiration pour concocter quelque chose.

Pour les couleurs, vous êtes en relations avec un coloriste ?

Je ne communique pas beaucoup avec le coloriste. En fait, c’est Rick qui se situe au milieu et nous donne à chacun des indications. D’ailleurs, on vient juste de changer de coloriste, car Dean avait trop de travail. Maintenant c’est Moreno, un de mes amis italiens qui a pris le relais.

D’autres projets ?

Continuer à notre rythme et pendant longtemps Black Science. Et c’est bien parti !

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