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Lacrima Christi, la guerre bactériologique totale

Didier Convard et Denis Falque ont retrouvé le Lacrima Christi, titre de leur nouvelle série. On croyait perdue cette souche de la peste mise au point pendant les Croisades par un alchimiste. Mais le Lacrima a refait surface aux mains de terroristes. Une aventure percutante que le duo signe dans la lignée du Triangle Secret et des Gardiens du sang.

Le Rectificateur, héros à part entière

Votre Lacrima Christi est une arme chimique terrifiante…

Didier Convard: J’ai beaucoup lu d’articles sur le sujet, sur les recherches des USA et de l’URSS. Ils ont travaillé sur les bacilles et les virus mais on n’en parlait pas. On était obnubilé à l’époque par le risque de guerre atomique. Hormis des états comme la Corée du Nord ou des états terroristes, les grandes puissances craignaient que ce type d’arme se retourne contre elles.

Denis Falque : C’était intéressant de rattacher ce risque de guerre au passé. Il y a eu effectivement au moyen âge des cas d’utilisation de maladies comme la peste pour vaincre des cités assiégées.

Cette arme totale a disparu et est retrouvée par un homme sans scrupules ?

Didier : Au départ dans Lacrima Christi, les Croisés font le choix, pendant le siège de Saint Jean d’Acre en Palestine, de faire intervenir un alchimiste qui va inventer le fameux poison. Cette arme redoutable sera retrouvée de nos jours et mise en production par un dictateur. On le verra dans la suite de la série qui marque une forme de retour au Triangle Secret et aux Gardiens du sang. Il était intéressant d’avoir une vision sur des facettes différentes de l’histoire. Qui sont les gentils ou les méchants ? Un peu tout le monde.


Denis : En fait, il se créé une alliance entre anciens ennemis, pour sauver le monde du pire. On est au début d’une nouvelle saison : on simplifie les choses et on reprend des personnages. On est allé plus loin dans le profil des personnages ce que l’on n’avait pas toujours fait avant. Il fallait qu’ils évoluent avec les lecteurs.

Votre héros, cette fois, c’est le Rectificateur. Avec un petit côté Mission Impossible ?

Didier : Le Rectificateur Jean Nomane va accepter avec le Triumvirat d’aider le Vatican. Mais il y a face à lui le cardinal Ghisolfo, ancien patron des Gardiens du sang, terriblement machiavélique. Le Rectificateur est effectivement un homme d’action mais il peut aussi se déguiser et a autour de lui des spécialistes doués. Il mériterait une série à lui tout seul. Chaque album pourrait raconter un épisode de son histoire.


Cette série s’annonce fertile et sur la durée ?

Didier : On fera cinq albums au moins, peut-être sept. Je développe le troisième et j’ai beaucoup de matière. Si les lecteurs sont au rendez-vous, j’ai de quoi faire plaisir à tout le monde. On ne triche pas, on fait vraiment des saisons différentes.

En fait si on additionnait chaque début d’album cela ferait un album complet. Le premier tome s’ouvre avec le Rectificateur trouvant le stock de Lacrima Christi, fabriquée en grande quantité en Corée du Nord. On revient ensuite un an plus tôt. C’est un exercice de style inspiré du cinéma et des séries TV, pas une pure trame littéraire.


Beaucoup de nouveaux personnages

Comment, Denis Falque, avez-vous appréhendé cette série ?

Denis : J’ai, par exemple, joué avec la couleur pour identifier les flash-back au lieu de changer le dessin. Le cahier central du premier tome, qui se passe pendant les Croisades, est en couleur directe. Les autres planches sont colorisées sur ordinateur. A part cela, je travaille de façon traditionnelle pour le dessin et l’encrage sur un format de 50 par 40 cm environ.

Comment fonctionnez-vous, scénariste et dessinateur ?

Didier : On se connaît bien évidemment. J’ai toujours beaucoup d’avance en particulier sur le découpage total. Mais je livre à Denis de 12 à 20 pages à chaque fois.

Denis : Je peux ainsi chercher la documentation, réagir. Il y a tous les détails nécessaires en particulier ceux pour les planches à venir. Avec des chapitres divisés en plusieurs parties c’est plus simple. Je peux revenir sur une page ou la refaire. Je garde les planches un certain temps pour les regarder de façon critique. Aujourd’hui, je suis totalement sur Lacrima Christi : il faut aller vite pour avoir avec le lecteur un rendez-vous régulier.

Reprenez-vous souvent votre travail ?

Didier : Je réécris parfois si je ne trouve pas le bon rythme. Cela m’est arrivé pour Les Gardiens du sang. Pour Lacrima Christi, j’ai plein de nouveaux personnages, surtout en Corée du Nord. Je ne sais pas où je vais arrêter cette aventure.

Denis : Il me surprend toujours ! Quand je lis le scénario, je découvre l’histoire comme un lecteur.

Vous croyez qu’un Lacrima Christi aussi terrifiant existe ?

Didier : Des souches terribles existent. On l’a vu avec une épidémie comme Ebola. Si on s’en sert à des fins militaires ou terroristes, tout est possible. On se souvient peu que les USA ont utilisé la variole au XIXe siècle pour décimer les populations indiennes. On leur donnait des couvertures infectées. Vous verrez les effets du Lacrima Christi à la fin du premier tome : l’horreur totale.

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