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Ciou emmène Andersen à l’époque nécro-kawaï

Ciou, artiste prolifique et touche-à-tout a encore élargit son répertoire en explorant des conte d’Andersen avec l’histoire de Thumbelina, plus connue des francophones sous le nom de Poucette. Une histoire du XIXe siècle certes, mais pas traditionnelle sous le pinceau de Ciou qui reste fidèle à son style et son âme voyageuse. Ciou nous raconte aujourd’hui son passage des galeries new-yorkaises à l’illustration des aventures d’une mignonne petite fille aux dents pointues...

Ciou, un parcours à contre-courant

Extrait de Thumbelina
Avant d’être auteur de livres illustrés, vous vous êtes fait connaître très jeune dans le milieu de l’art contemporain. Pouvez-vous nous raconter votre parcours artistique ?

J’ai étudié aux Beaux-Arts de Toulouse mais ma carrière a commencé à côté de l’école. Très tôt j’ai fait des expositions et rencontré des artistes du milieu du graffiti et du lowbrow picturaliste qui m’ont aidée à me lancer. C’était le début du style en France, contrairement aux États-Unis où il était déjà installé, il y avait donc déjà des lieux qui cherchaient de nouveaux artistes. C’est comme ça que j’ai fait ma première exposition à New York en 2004.

Donc ce n’est pas du tout l’école qui m’a poussée, au contraire, ce sont les rencontres ! L’institution des Beaux-Arts est une école d’art conceptuel alors que mon style est orienté pop-culture.

Finalement, qu’est-ce que le mouvement lowbrow ?

Le lowbrow a été créé né dans les années 70 aux États-Unis par des artistes à contre-courant du milieu de l’art contemporain. Ils se sont inspirés du comics, du tatouage, de la culture musicale rock, du graffiti... C’était toute la contre-culture ! Et cette contre-culture est maintenant très cotée dans le milieu de l’art contemporain, par exemple cette année au Salon du Livre, deux stars du milieu lowbrow sont venues dédicacer : Mark Ryden et Marion Peck.

En dehors de la contre-culture, le XIXe anglo-saxon nous inspire aussi énormément avec ses illustrateurs mais aussi les préraphaélites [Mouvement de peinture anglais, qui souhaitait revenir aux enseignements d'avant la Renaissance N.D.L.R.], les fééristes, tout le milieu de la fantasy et de la science-fiction... On admire beaucoup la technique incroyable ou les références mythologiques des préraphaélites. On le retrouve un peu dans mon travail mais mon inspiration principale est la culture japonaise.

Extrait de Thumbelina

Et quelles sont les bandes dessinées que vous aimez ?

J’aime beaucoup Tezuka avec Astroboy, Shigeru Mizuki, Charles Burns, en France j’aime Stéphane Blanquet, Guillaume Bianco avec qui j’ai travaillé... Il y a en a beaucoup ! Cependant je n’ai pas vraiment d'attrait pour la BD franco-belge.

Vous êtes d’ailleurs très présente à l’étranger, qu’y trouvez-vous de différent par rapport à la France ?

Je trouve qu’il y a plus de possibilités dans le milieu de l’art, puisque la frontière entre les différentes catégories de métiers d’arts est beaucoup plus poreuse ! Un auteur qui est illustrateur peut très bien être peintre en galerie. Le fait d’être français ne change rien car on vous juge uniquement par rapport à la qualité et la quantité de votre travail ! Si vous êtes prêt à beaucoup travailler, ça intéresse !

Extrait de Thumbelina

Avoir travaillé et exposé aux Etats-Unis et en Europe m’a aussi ouvert plus de possibilités en France : j’ai été exposée par Anne et Julien du magazine Hey! ou fait un carnet de timbres avec la Poste !

Pourquoi passer aujourd’hui à l’illustration d’un conte ?

Une histoire ça me pousse à développer mon univers et à m’intéresser à des thèmes que je n’aurai peut-être jamais développés dans ma carrière d’artiste ! J’adore l’illustration et la BD, j’avais envie d’en faire et c’était possible parce mon univers est très figuratif !

Le conte de Thumbelina m’a attiré avec son personnage féminin et son bestiaire qui me donnaient la possibilité d’utiliser tous les médiums que j’aime. J’aime aussi le côté noir des histoires d’Andersen... encore que ce conte soit un des moins sombres ! Les aventures de Poucette sont ici un vrai chemin initiatique car elle rencontre beaucoup de difficultés pour survivre dans un monde hostile.

Extrait de Thumbelina
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