Au festival d’Angoulême, Carbone et Gijé nous ont présenté le magnifique premier tome de La Boîte à musique, un jour avant sa sortie. Ils nous aussi raconté comment ils ont composé cette histoire où une boîte à musique est le point de départ pour le monde merveilleux de Pandorient.
Une rencontre autour d’une image
Comment vous êtes-vous rencontrés autour de La Boîte à musique ?
Carbone : Je viens du secteur de la jeunesse dans lequel je travaille sous mon vrai nom, Bénédicte Carboneill. L’histoire m’est venue en voyant une illustration que Gijé avait mise sur les réseaux sociaux ! Je l’ai vue et en une heure, j’avais le concept et l’idée ! Du coup, je l’ai contacté en lui disant que de toute manière je ne me voyais pas présenter cette histoire à quelqu’un d’autre vu, que c’était né de son illustration.
Image d'Inktober 2015 de Gijé
Au début, il a refusé mais de toute façon, moi, il fallait que je l’écrive, que ça sorte... Je lui ai envoyé le synopsis en lui disant qu’il verrait bien.
Gijé : L’illustration en question, en sépia, représentait une scène qui se trouve maintenant dans la BD ! On y voit le personnage principal, Nola, avec son père, qui souffle les bougies. Et accrochée au mur, on voyait une photo d’une femme. Ça m’a étonné que les gens comprennent que la mère était morte et qu’elle se trouvait seule avec son père. C’est ce que je voulais dire mais pas clairement, le visage est discret...
Et vous Gijé, comment êtes-vous arrivé à cette série BD ?
Gijé : Je ne viens pas du tout de la BD ! Je fais plutôt partie du monde de l’animation, de l’ombre dans laquelle travaillent les animateurs. J’ai fait l’école St-Luc mais pas l’option BD et un BTS au Luxembourg en animation 2D traditionnelle ! Je suis arrivé à la bande dessinée par hasard, vu que je me suis concentré sur l’illustration et l’animation.
Comment est-on arrivé à Pandorient, le monde parallèle ?
Carbone : Je ne sais pas pourquoi ça m’a inspiré une histoire de boîte à musique car il n’y avait pas du tout de boîte à musique dans la première illustration. Je suis partie de l’idée du cadeau et de l’absence de la mère et le monde parallèle est arrivé comme une évidence. Au départ, le monde de Pandorient, c’était notre monde en miniature.
Gijé : Mais ça a changé : on a commencé vraiment à échanger quand on a eu le contrat avec Dupuis et Pandorient est devenu un monde fantastique différent du monde réel...
Carbone : Le côté plus fantastique était un élément avec lequel je ne me sentais pas forcément très à l’aise et puis finalement, je me suis lâchée. On avait déjà toute la trame, à laquelle on a ajouté de la magie et de la féerie dans un monde complètement imaginaire où l’on pouvait tout se permettre.
Comment travaillez-vous ensemble ?
Carbone : Le deuxième tome est déjà rédigé et je suis en train de finir le découpage du troisième.
Gijé : Le deuxième tome est en en cours de dessin ! Le texte de Carbone m’aide beaucoup : elle fait une base de découpage avec des intentions à l’intérieur. C’est représenté par les cases de la BD avec les tailles qu’elle imagine.
Carbone : Je fais des propositions. Comme je ne sais pas du tout dessiner, je mets des cases bleues. Je mets les bulles et les indications essentielles avec des codes couleur.
Gijé : Vu que c’était la première BD que je faisais, j’ai pensé que c’était la méthode de travail normale en BD. J’ai compris que c’était exceptionnel quand des amis qui sont aussi dans la BD m’ont regardé avec des gros yeux ! [Sourire] Sa façon de faire me permet de mieux visualiser le rythme de l’action.
Un monde qu’on découvre peu à peu
Comment travaillez-vous les couleurs, très harmonieuses dans ce premier tome ?
Gijé : Je voulais vraiment avoir fini le story-board avant de réfléchir à la couleur, qui est pour moi une étape et une façon de penser différentes. Je ne voulais pas mélanger la phase de recherche, le cadrage avec les recherches d’ambiance…
Je consacre beaucoup de temps à ces recherches : dès que je vois une image qui me fait ressentir quelque chose par rapport aux ambiances, aux couleurs, je l’enregistre, je prends une photo, des notes. J’ai un petit dossier référence avec plein d’ambiances de couleur et à un moment précis de la BD, je me dis « tiens, ça serait bien d’avoir ces tons-là ». Par exemple, quand on commence à avoir un peu plus de dénouement et d’action, ce serait mieux peut-être d’amener du rouge, du jaune, dans les cases pour changer des ambiances bleutées et froides du début. Je pense que ça aide à rentrer dans des ambiances chaleureuses.
Comment va évoluer l’histoire de Pandorient ?
Carbone : Je tenais à ce que ce soit une histoire complète par tome vu qu’il s’agit d’une BD tout public. J’avance au fur et à mesure dans le scénario de la série : quand on a fait le premier tome, je n’avais pas encore le suivant en tête.
Par contre, on savait déjà qu’il y aurait une suite, ce qui nous a permis de retravailler le premier, pour y ajouter des éléments. Le nom Pandorient n’est pas celui d’origine...
Gijé : Et ça a un sens...
Carbone : … en se disant qu’il y aurait peut-être un Pandoccident. En fait, on surprendra le lecteur dans le troisième tome !
Gijé : Déjà, il y aura une ambiance particulière dans le deuxième tome. Egoïstement peut-être, j’y installe ce que j’aimerais bien voir dans une BD en termes de dessin, d’ambiance, de couleur...
Carbone : On veut vraiment se faire plaisir. Je pense que ça se ressent ensuite à la lecture !
Avez-vous d’autres projets ?
Gijé : La suite déjà ! Entre temps, j’ai eu la chance de travailler sur le deuxième tome du Marsupilami par : je ne voulais pas refuser à cause du manque de temps. C’est rentré de force dans le planning des deux tomes en plus de quelques missions d’animation ! J’ai vraiment envie de continuer et de satisfaire les gens : on vient de faire notre première dédicace et ça fait quelque chose quand même de voir tout ce monde. Il y a beaucoup de bons retours et ça ne peut qu’encourager.
Carbone : On est inconnus quand même dans le domaine de la BD ! Moi je n’ai fait qu’une BD, l’année dernière chez Jungle mais on risque de me retrouver un petit peu. J’ai trois autres séries qui vont sortir en 2019-2020. Il y a les deux premiers tomes des Zindics anonymes, mais aussi de La Brigade des souvenirs et le premier volume de Dans les yeux de Lya, qui sera un triptyque.
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