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La Mort Vivante : le partenariat comix Buro-Glénat est lancé

Une évolution ou une révolution ? Après Ankama ou Rue de Sèvres, Comix Buro, basé à Montpellier, a conclu un partenariat éditorial avec Glénat il y a un an. Premier bébé de cette union, La Mort Vivante de Varanda et Vatine, attendue depuis cinq ans. Mais ce n’est qu’un début. Retour sur une aventure atypique.

Avec La Mort Vivante, Comix Buro boucle le cycle de ses adaptations de Stefan Wul. Au dessin, Alberto Varanda a peaufiné un album attendu, d’une telle précision et richesse graphique qu’on reste étourdi par le résultat. Le dessinateur ne cache pas que « l’album a été long à faire à cause de [s]a façon de travailler très pointilleuse, épuisante ». Il savait dès le départ ce qu’il voulait. Sa référence c’était le graveur Gustave Doré : « Après y arriver, c’est autre chose ! Sans savoir que cela prendrait autant de temps. Au début, j’ai beaucoup étudié comment Doré faisait. À la fin, j’avais trouvé mon propre chemin ».

Du grand art au sens propre du terme. L’ambiance est gothique, horrifique, fantastique. L’adaptation du roman de Wul est signée par Olivier Vatine : « Le plus difficile, c’est que le roman commence comme de la SF et, au bout de vingt pages, dévisse sur de l’horreur. » Vatine-Varanda, un duo qui a fonctionné en harmonie comme le rappelle Varanda : «  Olivier a tout écrit mais il y a eu un partage tout au long de l’album… »

Une vraie élégance

Une élégance naturelle imprègne l’album. Elle rend l’horreur plus efficace, captivante. Varanda a dessiné à la main, sur papier : « Ma part de boulot, je l’ai axée sur le noir et blanc pour qu’il se suffise à lui-même. » On sent le texte de Wul influencé par Mary Shelley.

Olivier Vatine confirme : « Je suis persuadé qu’il a lu et relu Frankenstein. Ce roman est vraiment à part dans sa bibliographie, bourré de références. » La Mort Vivante est aussi un symbole éditorial pour Comix Buro. « C’est effectivement le premier album du nouveau Comix Buro, en partenariat avec Glénat. Varanda était déjà là à nos débuts avec Attakus. On aligne les planètes. C’est logique que le premier se fasse avec lui », confirme Vatine. Alberto Varanda a un autre projet avec Comix Buro, « trois albums sur de jeunes superhéros où je ferai le scénario, le dessin et la couleur. J’aimerais bien sortir un album par an. Je vais jouer à Stan Lee avec mes Little Heroes ».

Une indépendance éditoriale totale

Avec Glénat, le partenariat s’est mis en place depuis un an. Olivier Sztejnfater, gérant de Comix Buro se souvient de leurs débuts : « Rapidement, Comix Buro a été éditeur délégué pour Rue de Sèvres et Ankama. Il fallait aujourd’hui trouver un partenaire économique pour sortir nos propres BD. Glénat nous a fait la meilleure proposition, il y a un an. Même si ce n’était pas cet éditeur qui était en piste au départ. » Olivier Sztejnfater et Comix Buro ont été intraitables sur un point, une indépendance éditoriale totale.

« On choisit les titres avec Vatine. C’est un partenariat à part égales, investissement et bénéfices. Glénat nous fait l’avance de trésorerie. Du coup, c’est normal qu’on leur présente nos projets. Ils prennent ou pas. Le deal est aussi qu’on ne nous en impose pas. » Un but éditorial précis et raisonnablement ambitieux. Dix à quinze albums sont prévus par an, cinq avant la fin de l’année. Comme Olivier Sztejnfater le rappelle « Il fallait un éditeur qui n’ait pas que les moyens financiers mais aussi structurels : promotion, marketing, service de presse, distribution. » Comix Buro n’est pas une filiale de Glénat, Sztejnfater y tient : « On est un partenaire et il va falloir résoudre une ambiguïté dans le discours interne chez Glénat. Comix n’est pas non plus une collection. On pourrait devenir une division. » Comix Buro en était déjà à une vingtaine d’albums en développement avant ce partenariat, programme qui a été présenté à Glénat.

Alors évolution plus que révolution ? Sûrement, car ce n’est pas dans le style de Sztejnfater ou Vatine de tout casser. Par contre, ils sont de très bons professionnels dans leurs domaines respectifs. Ils sont prudents, carrés, avec cette fois encore, un train d’avance dans ce monde de la BD, où il vaut mieux anticiper si on ne veut pas exploser en vol et pouvoir grandir tout en restant créatif.

Article publié dans le magazine Zoo n°67 Septembre - Octobre 2018

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