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Dans les pas d’Adrien Floch

Dessinateur talentueux, Adrien Floch est un prodige dans la création de mises en page dynamiques. À la veille de la parution du 17tome des Naufragés d’Ythaq, rencontre avec cet artiste dont le travail en éblouira à nouveau encore plus d’un.


Alors que le 17tome de votre série Les naufragés d’Ythaq est sur le point de paraître, nous souhaitons vous connaître. Quelles sont vos influences graphiques ?

C’est pendant ma période adolescente que me sont venues les principales références qui ont conditionné la suite. Elles étaient, bien sûr, liées aux lectures de l’époque. On était en plein dans les années 1990 et le marché de la BD francophone s’ouvrait et commençait alors sa mue en se diversifiant avec le comics qui se développait et le manga qui émergeait.

Je découvrais alors pêle-mêle des auteurs comme Katsuhiro Otomo, Jean-Giraud/Moebius, Olivier Vatine et Mike Mignola, pour ne citer qu’eux. Ce sont des monstres sacrés aujourd’hui, dont les ouvrages respectifs m’ont inspiré et me fascinent encore. Ils ont tous en commun une culture du cinéma que chacun a transposée à sa manière dans ses œuvres. Ça donnait quelque chose d’un peu hybride et à cette époque, ce n’était pas commun dans le monde du 9e Art. Je lisais quasi-frénétiquement Akira, Hellboy, Sin City et j’en oublie… mais je me souviens du moment où j’ai découvert Corail noir, le tome 4 d’Aquablue de Cailleteau et Vatine. J’étais littéralement scotché. Le niveau de travail était impressionnant, du scénario au dessin en passant par la couleur. Tout était incroyablement homogène.

Je lisais beaucoup pendant mon enfance et cette passion s’est largement accrue quand j’ai commencé à dessiner.

Je lisais beaucoup pendant mon enfance
et cette passion s’est largement accrue quand j’ai commencé à dessiner.

Je n’avais jamais vu de découpage aussi dynamique dans une BD francophone. J’ai alors aussi découvert à quoi ressemblait le travail de préparation graphique en amont d’un album grâce au cahier supplémentaire inclus dans la première édition (j’en découvrais un pour la première fois) dans lequel on pouvait voir quelques-uns des magnifiques designs de Fred Blanchard, ainsi que les superbes recherches storyboardées par Olivier Vatine. Bref, j’ai adoré !

Je dois aussi beaucoup à Didier Tarquin qui m’a aidé au début de mon parcours en me donnant de précieux conseils, notamment sur l’art de la mise en scène ainsi que sur des techniques d’encrage dont je me sers encore aujourd’hui.

Quand avez-vous imaginé devenir dessinateur de BD ?

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé la BD. Je lisais beaucoup pendant mon enfance et cette passion s’est largement accrue quand j’ai commencé à dessiner.

Adolescent, je remplissais de dessins les marges de mes cahiers scolaires et la question de ce que je voudrais faire plus tard m’est venue. J’ai alors réalisé que dessiner des BD était un métier et que dans mon cas, emprunter cette voie était la chance de pouvoir conjuguer travail et passion…

Dans quelles circonstances avez-vous rencontré Christophe Arleston ?

Lorsque je me suis installé à Aix en Provence, au début des années 2000, Christophe m’avait chaleureusement accueilli dans l’atelier Gottferdom qu’il venait de créer et dans lequel j’ai pu loger, le temps pour moi de trouver un appartement.

J’ai alors eu, l’occasion de côtoyer les membres de l’atelier. C’était une sacrée expérience pour moi qui avais plutôt l’habitude de dessiner dans ma bulle. J’aimais l’énergie de cet endroit qui restait ouvert quasiment nuit et jour, selon les coups de bourre du magazine ou les horaires de travail des uns et des autres qui s’y croisaient.

Dans le tome 8, les héros font face aux Murlocks, comme ceux de l'œuvre de H.G Wells

Dans le tome 8, les héros font face aux Murlocks, comme ceux de l'œuvre de H.G Wells

Comme j’apprécie beaucoup les scénarios de Christophe et que nous partageons une passion pour le space opéra à travers ses multiples références dans le cinéma comme en littérature, je lui ai demandé de m’écrire une nouvelle dont l’intrigue se déroulerait pour l’essentiel dans un vaisseau spatial.

Quelque temps plus tard, Christophe me fit lire la première scène ; il s’agissait du crash d’un vaisseau sur une planète que les rescapés arpenteraient ensuite. Ce n’était pas tout à fait ce que j’avais imaginé, mais j’aimais beaucoup la tournure que ça prenait… c’était le début de l’aventure des Naufragés d’Ythaq !

Des mondes toujours plus étranges, des entités intelligentes non humaines, des conflits interstellaires, des stratégies politiques à l’échelle d’un univers, des humains confrontés à l’altérité, à leurs passions et émotions, à leurs limites… Voici quelques aspects d’un genre éminemment visuel : le Space Opéra.

Ce qui me passionne dans le space opéra, c’est la possibilité de pouvoir aborder à peu près tous les autres genres que ce soit le polar, le péplum, le western, etc. C’est sans limite à condition de maintenir une cohérence sur l’ensemble du récit j’imagine, cela permet une grande liberté graphique. Celle-ci est propice au renouvellement, permettant ainsi de se réinventer au fur et à mesure des albums et au gré des envies. Ce qui est bien pratique lorsque l’on se lance sur une série au long cours.


Nous le laissons reprendre son travail : les premières pages du tome 3 de Sangre apparaissent sous son crayon…


Interview publiée dans le MAG ZOO N°78 de NOV-DEC 2020

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