Le scénariste et dessinateur français, Jérôme Alquié, a réalisé la série de bande dessinée Capitaine Albator: Mémoires de l’Arcadia, dont le troisième et dernier tome est paru ce vendredi 6 novembre. Cette aventure inédite du Capitaine Albator, supervisée par son créateur Leiji Matsumoto, s’insère dans la chronologie du dessin animé « Albator 1978 ». Une exposition-vente virtuelle de ses dessins originaux s'est installé au Comic Art Factory de Bruxelles du 5 au 21 novembre 2020.
Quel est votre rapport avec Albator ?
Jérôme Alquié: "J’ai grandi avec les dessins animés des années 80, mais j’étais trop jeune pour Albator, je devais avoir 5 ans. J’ai réellement découvert Albator en 1994, j’avais presque 20 ans et ce n'était pas plus mal. Je pouvais ainsi comprendre un peu plus les messages de deuxième degré que la série voulait transmettre. Une série finalement moins manichéenne que les autres séries où c’était juste les gentils contre les méchants. Cette trilogie, Mémoires de l'Arcadia, c'est donc l’oeuvre d’un passionné ? C’est le rêve d’un enfant de 19 ans. Dès que j’ai découvert cette série, j’ai fait tous les vidéo-stores (ancêtre de Netflix) de Marseille pour me procurer les cassettes vidéos d’Albator. Je me retroussais les manches pour découvrir tout ce que l’on pouvait trouvé en France qui avait été traduit (artbook, manga), et qui pouvaient répondre à mes questions, même si je pouvais m’en poser 10 milles autres ensuite. Je suis alors devenu un grand fan de cet univers de Leiji Matsumoto, mais aussi du reste de son oeuvre, même encore maintenant, 25 ans plus tard".
Comment fait-on pour adapter une série aussi iconique?
Jérôme Alquié: "J’avais un cahier des charges imposé par les Japonais pour ne pas trahir l’œuvre original. L’éditeur japonais, Akita Shonen, était mon principal interlocuteur. Il était aussi l’intermédiaire entre moi, et Leiji Matsumoto pour qu’il valide mes avancées. J’ai donc dû respecter le caractère de chaque personnage. Je ne pouvais pas créer des relations qui n’existent pas dans le manga de base, qu’une amitié ne se transforme pas en amour ou en rivalité."
Quelle est votre touche personnelle ?
Jérôme Alquié: "J’ai eu la chance de pouvoir raconter une histoire tout à fait inédite ! J’ai donc pris le parti de débuter un arc narratif qui se déroule au milieu de la série de 1978. J’ai eu la liberté de pouvoir créer, adapter, modifier des choses par rapport aux histoires classiquement raconté. Et bien évidemment ma façon de dessiner avec un peu plus de modernité."
Comment retranscrit-on l’ambiance de la série animé en BD ?
Jérôme Alquié: "La couleur aide beaucoup. Mon style franco-Belge a permis, grâce à la couleur, de se rapprocher au mieux de la série télévisé. Il faut identifier aussi les moments de silence présent dans la série de 1978. On y entendait seulement les craquements de l’Arcadia, Miimé qui joue de la Harpe, l’ocarina de la petite fille. C’est difficile de retranscrire en BD une minute de silence. Cela pousse parfois le lecteur à ne pas s’arrêter sur le dessin à cause du manque de texte. Il y a quelques moments “de calme avant la tempête” que j’ai réussi à mettre dans la BD et j’en suis très fier car c’était un objectif pour moi."
Quel élément d’Albator préférez-vous dessiner ?
Jérôme Alquié: "Difficile à dire, j’aime dessiner un peu tout dans cette œuvre. Mais bon le personnage d’Albator est tellement charismatique, indépendamment de la passion que je peux avoir pour lui. D’un point de vu design, il est juste excellent : une longue cape avec une tête-de-mort sur le ventre, une cicatrice sur l’œil gauche, les cheveux en bataille… Ça ne vend pas du rêve dit comme ça mais tous les garçons s’identifient à sa vie de pirate et que les filles sont en pâmoison devant lui. Et je me rends compte que je prends beaucoup de plaisir à le dessiner. Surtout pour continuer à le faire vivre et connaître."
Y a-t-il une case, une planche que vous préférez dans votre trilogie ?
Jérôme Alquié: "J’ai toujours du mal à auto-congratulé mon travail mais j’ai beaucoup aimé le rendu d’une double planche du tome 2. On y retrouve la syphride de l’ombre sortir de sa pyramide pour attraper l’Arcadia. C’était une image que j’avais imaginé même avant d’avoir débutée le projet."
Vous avez terminé votre trilogie, avez-vous eu des retours de Leiji matsumoto ?
Jérôme Alquié: "J’ai bien évidemment eu le dernier retour de Leiji Matsumoto pour faire valider le tome 3. C’est toujours un plaisir d'échanger avec lui car c’est l’un des auteurs japonais que je trouve le plus intéressant, le plus prolifique, romantique, poétique. Il m’a dit qu’il avait hâte d’avoir l’album entre les mains. Il trouvait que les dessins étaient de mieux en mieux au fur et à mesure de l’aventure. À chaque avancée des oeuvres, je devais les présenter à Akita Shonen et Leiji Matsumoto. Nous étions très heureux de faire cette collaboration, et nous avons pensé que c’était une petite tristesse que ce projet soit terminé."
Albator est un emblème des années 80, plaît-il aussi à à la jeune génération ?
Jérôme Alquié: "Albator est un personnage qui mérite de traverser le temps. Je rêve que l'on dévoile encore aujourd’hui un épisode caché. Étonnamment, je pensais que les mémoires de l’Arcadia ne rassembleraient que des quarantenaires, fans de la série, mais il y a aussi un jeune publique que je rencontre aux dédicaces. Ils s’intéressent de leur propre volonté à Albator car les sujets abordés dans cette série font écho à l’actualité. Mais aussi grâce aux parents je pense !"
Ca va être difficile de retrouver un nouveau projet aussi passionnant ?
Jérôme Alquié: "Alors les éditions Kana ont lancé une collection “Classics” et non pas juste une collection Albator. Les aventures du pirates sont un peu le fer de lance pour débuter ce projet. Leur but est de remettre au goût du jour des séries cultes des années 70 à 90. J’aimerais beaucoup qu’Ulysse 31 en fasse partie, un dossier a été créé, on en attend une réponse positive. Mais il y a d’autres licences, et je travail sur l’une d’elle, je ne peux pas en dire plus, suspens..."
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