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Emmanuel Guibert et Marc boutavant, une complicité lancée il y a plus de 20 ans avec Ariol (1/2)

Grand Prix 2020 du festival d’Angoulême, auteur d'albums culte comme Le Photographe ou La Guerre d’Alan, Emmanuel Guibert s’est surtout fait connaître des plus jeunes par sa série Ariol. L’auteur présente tout ce que lui a apporté cette histoire, débutée il y a plus de 20 ans dans les magazines J’aime Lire. Un série qui lui a permis de connaître une forte amitié avec son dessinateur, Marc Boutavant.


Quand vous avez débuté l'écriture d’Ariol, pensiez-vous qu’il aurait autant de succès dans le temps?


Emmanuel Guibert: On l’espère toujours. Quand on crée un personnage, surtout pour les enfants, on espère qu’ils vont accrocher. Ce succès dans le temps nous a permis d’approfondir et enrichir cet univers. Au bout de 20 ans, on a accouché d’un monde avec ses propres lois, population, géographie…


Ariol raconte la vie quotidienne d’un écolier de neuf ans

Ariol raconte la vie quotidienne d’un écolier de neuf ans
© Bayard Jeunesse




Comment avez-vous fait pour développer cet univers particulier dans le temps?



E.G: Ça, je me le demande bien aussi! Je crois que j’ai surtout fait les choses comme elle venait, mois après mois, depuis plus de 20 ans. Je ne sais jamais où je vais, mais j’essaye de me souvenir d’où je viens. J’essaye de bien tenir les rênes de mon récit, c'est-à-dire de bien me rappeler de tout ce que j’ai écrit, de tous les personnages que j’ai créés. Puis bien évidemment, régulièrement, faire entrer dans cet univers des choses qui n’existent pas. La règle que je me suis donnée pour Ariol depuis le début, c’est que depuis plus de 20 ans, il ne vit qu’une seule année, son année de CM1.


Et cette année de CM1 ne se finira jamais?


E.G: Cette année de CM1 on ne sait pas. Aussi longtemps que les idées viennent, que les situations me viennent en tête que les personnages peuvent exister, c’est une source inépuisable. Un an de la vie de quelqu’un, c’est une collection infinie d’histoires.



Vous avez dû vous développer dans le temps pour vous adapter aux habitudes des nouvelles générations et leurs technologies?


E.G: Oui, mais je dirais que jusqu’à 10 ans, même si aujourd’hui les enfants ont accès à pleins de nouveaux objets, je trouve qu’ils continuent à vivre exactement comme tous les enfants des générations précédentes et suivantes. C'est-à-dire qu’ils ont une façon de jouer, de se comporter, qui globalement reste identique. Je pense que ce sont surtout les adolescences qui ont beaucoup changé, et Ariol n’en est pas un. Je pense que les enfants d’aujourd’hui regardent Ariol comme un copain qu’ils peuvent rencontrer dans la cour de récré, c’était le cas aussi il y a 20 ans.


Ariol avait été désigné comme le successeur de Tom-Tom et Nana

Ariol avait été désigné comme le successeur de Tom-Tom et Nana
© Bayard Jeunesse


Quelles ont été vos plus grandes inspirations pour Ariol?



E.G: Ma référence, c’est essentiellement mon enfance et les enfances qui m’entourent. Se tenir informer de l’enfance des enfants, c’est important. Et puis ce sont des anecdotes que l’on attrape au vol. Un scénariste, en général, travaille avec des matériaux que lui fournit l'existence au jour le jour. Même la science-fiction la plus échevelée est faite à partir de rêveries, de remarques, de son existence.



Qu’est-ce que vous a apporté Ariol pendant toutes ces années?


E.G: Cette série, que je n’écris pas facilement, me prend beaucoup de temps, beaucoup de ratures… Mais cette série m’a apporté une très grande complicité avec Marc Boutavant, mon co-auteur. Ça fait 20 ans qu’on bosse ensemble. On a passé beaucoup de temps en compagnie de l’un et de l’autre même si on travaille essentiellement à distance, mais régulièrement, on se retrouve. On a même créé un spectacle, Le Ariol Show, qu’on faisait tourner avant le Covid et qu’on continuera une fois que ce sera terminé. On a voyagé avec Ariol, il y a eu des expositions en France et à l’étranger. Donc tout ça a été un vecteur d’amitié important.



Ariol est une aussi histoire entre son dessinateur (à gauche) et son auteur (à droite)

Ariol est une aussi histoire entre son dessinateur (à gauche) et son auteur (à droite)




Comment on entretient cette complicité de travail pendant plus de 20 ans avec Marc Boutavant?


E.G: Il faut être ami! Il y a de la complicité, car on a pu se dire la vérité avec franchise, pour pouvoir avancer harmonieusement dans notre boulot. Il y a pleins d’anecdotes qui pourraient témoigner de notre amitié. Je pense essentiellement quand nous nous sommes emmenés l’un l’autre sur les lieux de notre enfance. Montrer ma maison, ma rue, c’est quelque chose qui rapproche. On est assez différent, c’était pas garanti que ça se passe comme ça, mais on a toujours bien aimé se côtoyer. Maintenant, il y a entre nous une complicité qui est pimentée par un univers qui est le fruit de notre collaboration.



Qu’est-ce que vous vous dites quand vous voyez une planche de Marc Boutavant?



E.G: C’est quelqu'un pour qui les personnages font vivre Ariol avec beaucoup de reliefs. J’écris les scénarios, mais quand je vois les planches dessinées de Marc, je vois qu’il a bien chiadé les décors, mais aussi les attitudes de tous les personnages. Quand on voit une classe dessinée par lui, on voit que chaque élève est en train de faire quelque chose, chaque élève a l’expression qui lui convient. Sa montre une connaissance psychologique profonde des personnages qu’on a créé.

Je pense qu’il apprécie mes scénarios, mais moi j’aime tout autant la façon dont il les transforme. Il y a vraiment une valeur ajoutée de sa partie dessinée. Si Ariol existe, c’est aussi beaucoup grâce à sa capacité à faire vivre ce qu’il dessine.

Cette interview est en deux étapes. Découvrez dès maintenant la réponse de son ami Marc Boutavant sur Zoo!

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