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Le mémoire graphique de Erin williams

Le nouveau roman graphique, Trajectoire de femme, de l'autrice new-yorkaise Erin Williams sort aujourd'hui chez Massot Editions. Ce roman est un mémoire, mémoire de la vie d’une femme qui a traversée l’alcoolisme, le viol, l’oppression masculine mais aussi le traumatisme corporel après une grossesse… Erin Williams parle « d’un système qui vous étouffe ». L'autrice livre ici sa vision et ses réflexions (justes) sur le monde et met en lumière le processus de reconstruction d’un être. 





Comment vous est-il venu l’idée de créer ce mémoire graphique ?

Erin Williams: Ce sont mes trajets quotidiens entre la banlieue de New York et Manhattan qui m’ont inspiré. Assise dans le train, j’avais (généralement) des interactions subtiles avec les hommes, cela provoquait des flashbacks sur des événements de mon passé.
Je voulais également créer un livre qui proposait une violence sexuelle composée de petits actes répétitifs et pas exclusivement de viols. Cela fait partie intégrante de toute l’économie de l’interaction sexuelle.


Un sujet important de votre roman graphique concerne les rapports sexuels. Quelle est la résultante pour vous de mettre des images sur ces actes ?

E.W: Cela me permet de contrôler exactement ce que vous voyez et de contrôler le récit d’une manière dont je n’étais pas capable quand je le vivais.


Un autre leitmotiv de Trajectoire de femme est le regard que les hommes posent sur vous. Cela peut se passer dans le train à travers les yeux d'un homme qui vous fixe trop longtemps. Le choix d’insister sur ce phénomène est-il une façon de faire comprendre que ces regards devraient être banni ?

E.W: Je ne veux pas dire que regarder quelqu’un devrait être interdit mais plutôt de prendre en compte les conséquences que cela entraîne. Il s’agit plutôt d’explorer ce que cela signifie (et ce que l’on ressent) d’être constamment sexualisée en tant que femme dans les espaces publics.




Un homme fixant le personnage de Erin dans un train, un acte devenu quotidien
©Massoteditions







Jugez-vous qu’aujourd’hui, être une femme est un combat ?

E.W: Peut-être, mais je serais en bas de cette liste. Je suis une femme blanche cisgenre, hétéro-sexuelle, mince, de la classe moyenne supérieure. Les communautés noires et indiennes et autres peuples de couleurs ont une colline bien plus escarpée à gravir. Mon combat est pour le confort et la liberté suite à un traumatisme, le leur est peut-être pour la survie.


A travers  votre roman graphique, vous réalisez une critique acerbe de notre société. Certaines pages démontrent la sexualisation de la femme dans la publicité. Pensez-vous que notre société, malgré certaines avancées, continuent de sexualiser la femme dans les médias, le cinéma, la littérature…?

E.W: Oui. Que les femmes soient des objets sexuels ou pas dans les médias n’est pas une affaire d’opinion. Elles le sont. ll y a ceux qui pensent que sexualiser les femmes pour vendre des produits et des histoires cause du tort aux femmes, et ceux qui ne le pensent pas ou s’en moquent.


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