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Entretien des deux scénaristes italiens de Dieter est mort, la nouvelle BD fantastique de Shockdom

Dieter est mort est le quatrième album du projet TIMED, l’univers créé par Shockdom éditions. Ce nouvel album suit l’enquête de Niklas sur le suicide d’un de ses camarades de classe dans son lycée berlinois. Au cours de cette aventure, Niklas se découvre des pouvoirs hors du commun… Maurizio Furini et Federico Chemello sont les scénaristes de cette histoire dramatique, aux accents de critique sociale. Le duo italien a l’habitude de travailler ensemble et a déjà collaboré avec Clair de Lune pour la série jeunesse Rosa Viola. Maurizio Furini et Federico Chemello se confient sur les coulisses de Dieter est mort.




 Quels sont vos parcours respectifs?

Maurizio Furini: Depuis mon enfance, j'ai toujours voulu écrire des histoires qui s'adressaient à un public plus large, autre que celui des amis et de la famille. Mais j’avais l’impression de ne pas avoir les bons outils pour le faire de manière efficace. J'ai donc fréquenté une école d'écriture créative, commencé à réaliser des histoires pour enfants, participé et gagné des concours. Puis, plus tard, je me suis inscrit à un cours d'écriture de scénarios de bandes dessinées, et c’est là que j'ai rencontré Federico.

Federico Chemello: J'ai toujours aimé les bandes dessinées et j'ai toujours voulu écrire, mais avant mes vingt ans, je n'ai jamais envisagé d'écrire des bandes dessinées, je pensais plutôt de me consacrer à l’écriture de romans ou au journalisme. Puis, quand la question « comment devient-on scénariste de BD ? » a traversé ma tête, j'ai rencontré Maurizio et nous avons décidé de tenter l'expérience ensemble.




Comment est née votre collaboration? 

Maurizio et Federico: Nous nous sommes rencontrés par hasard dans un magasin de bandes dessinées, nous avons sympathisé et avons réalisé que nous avions des goûts très similaires en matière de bandes dessinées et, plus en général, de tout ce qui concerne la narration. Nous voulions tous les deux essayer d'écrire des bandes dessinées et Maurizio venait de s'inscrire à un cours d'écriture de scénarios à l'International School of Comics. Nous aimons tous les deux l'écriture collaborative et l'approche de « writers room » (NB: méthode des scénaristes américains qui se retrouvent dans une salle afin d’élaborer des scénarios), nous avons donc décidé de commencer à écrire ensemble.




Pourquoi avoir eu envie d’aborder le thème du harcèlement scolaire ? 

Maurizio et Federico: Le racisme et la discrimination sont des questions qui nous tiennent à cœur et écrire une histoire sur le harcèlement était un excellent moyen de les aborder, car le harcèlement n’est qu'une des nombreuses ramifications erronées de notre monde. Dans le cas de Dieter est mort, le harcèlement est certainement présent de manière massive, mais ce n'est pas quelque chose d'isolé ou d'isolable et fait partie d’un système plus complexe. Dans notre société, ce qui est « différent » est marginalisé et pénalisé à tous les niveaux et le harcèlement n'est qu'un des nombreux moyens par lesquels ce mécanisme est perpétué.



Vous êtes-vous documenté sur les cas de suicides adolescents et d’harcèlement scolaire pour construire cet album ? 

Maurizio: Nous avons certainement fait des recherches sur ces sujets, spécialement Federico, mais pas vraiment en relation avec l'écriture de Dieter est mort, plutôt parce que ce sont des sujets qui nous intéressent et qui nous touchent. Cependant, un autre aspect que nous avons particulièrement examiné lors de la rédaction du scénario, c’est la manière dont ces événements sont traités et influencés sur et par les réseaux sociaux et les nouvelles technologies en général.




Votre album tient-il à délivrer un message aux adolescents ?

Maurizio et Federico: Nous essayons toujours de ne pas donner l'impression de vouloir faire la leçon à quelqu’un, nous n'aimons pas les histoires qui font cela et nous ne pensons pas que ce soit notre travail. De même, nous essayons d'éviter la rhétorique, même s'il est impossible de le faire complètement lorsqu'on aborde certains sujets. Ce que nous essayons de faire, c'est de parler de sujets qui nous tiennent à cœur de manière honnête, avec une histoire qui met tout sur la table et laisse aux lecteurs le soin de tirer leurs propres conclusions. D'une certaine manière, il s'agit toujours d'une campagne de sensibilisation, ce qui est inévitable lorsqu'on choisit de traiter certains sujets, mais qui vise davantage à faire réfléchir les gens plutôt qu'à transmettre une idée spécifique.






Pourquoi avoir voulu situer l'histoire à Berlin? Cette ville a-t-elle une signification particulière pour vous? 

Maurizio et Federico: En toute honnêteté, c'est presque par hasard. Pour cette histoire, nous cherchions un cadre métropolitain européen et notre éditeur nous a suggéré d'utiliser Berlin et cela nous a immédiatement paru très approprié.



 Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est exactement un "Timed"? 

Maurizio et Federico: Un « TIMED » est un être humain doté de capacités surnaturels ayant une limite dans le temps, cette habileté est destinée à consumer son possesseur et à le faire mourir prématurément. On peut dire qu’il s’agit de personnages tragiques, car ce qui les rend spéciaux est en même temps leur condamnation, ce qui en fait d'excellents protagonistes pour des histoires fortes et profondes.



Qu'est-ce qui vous a plu dans l'univers Timed créé par Lucio Staiano? 

Maurizio et Federico: En tant qu’amateurs de bandes dessinées américaines, nous avons immédiatement aimé l'idée d'un univers un peu comics créé en Italie, surtout d’un univers ayant une approche plutôt oblique et intime du sujet concernant des êtres avec des capacités extraordinaires comme peut l'être celui de Timed. De plus, dès le départ, nous avons bénéficié d'une totale liberté de création, ce que nous apprécions toujours en tant qu'auteurs.




Comment vous êtes-vous approprié cet univers ? Quelles ont été vos inspirations ? 

Maurizio et Federico: En ce qui concerne l'univers Timed, nous avons reçu tout le matériel disponible et avons essayé de trouver comment raconter l'histoire que nous voulions d'une manière qui renforcerait le cadre général et les thématiques de la série, tout en restant autonome et indépendante. Nous avons eu la chance de ne pas avoir de contraintes particulières sur ce que nous devions raconter et surtout sur la manière de le faire. Cela nous a permis de traiter un sujet classique, comme les enfants dotés d’habiletés extraordinaires, avec un style qui nous était propre, sans devoir se contenter de suivre les comics américains ou les lignes éditoriales imposées. Le résultat est un volume qui représente très bien notre approche du langage de la bande dessinée, et nous en sommes très fiers.
De plus, traiter des sujets aussi sensibles en un peu plus de 60 pages, était un défi considérable pour nous. Nous avons fait beaucoup d'efforts et pensons avoir fait un bon travail, maintenant nous espérons que les lecteurs français le pensent aussi !


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