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Une quête fantasy 2.0 !


Shangri-La Frontier se déroule presque exclusivement au sein de jeux vidéo. Les personnages ne sont pas les habitants d’un autre univers, ils vont et viennent librement entre le monde physique et un monde de réalité virtuelle. Pourriez-vous nous donner les raisons de ce choix particulier ?

Katarina : Si, dans le monde de Shangri-La Frontier, le sang coulait pour de vrai et la mort était une fin, les pionniers agiraient en plaçant leur sécurité avant toute autre considération. Mais puisqu’il s’agit d’un jeu vidéo, les pionniers… autrement dit, les joueurs, ne craignent pas la mort. Ils avancent avec le sourire, même s’ils doivent affronter un dragon gigantesque ou nager dans de la boue empoisonnée. De plus, ces joueurs sont des humains qui vivent de nos jours au Japon (ou dans d’autres pays). Étudiants, employés de bureau, femmes au foyer… j’ai pensé que ce serait intéressant d’entrevoir leur quotidien dans un univers de magie, de cape et d’épée.


À travers le vocabulaire et la structure des jeux du manga, on sent que vous possédez un grand savoir vidéoludique. Quelles ont été vos influences ?

K. : Trois jeux vidéo m’ont beaucoup influencé lors de la création de Shangri-La Frontier. Tout d’abord, la série des Monster Hunter. Les joueurs s’y fabriquent des armes et armures à partir de matériaux issus de monstres, pour défier des créatures faisant plusieurs fois leur taille. Cette série possède un mode multijoueur et la version la plus récente (Monster Hunter Rise) permet de jouer en réseau et de coopérer. Cependant, on peut aisément montrer l’étendue de sa puissance en terrassant seul un monstre que l’on est censé devoir affronter à plusieurs. Monster Hunter est la raison pour laquelle Sunraku joue en solo.
Ensuite, les Xenoblade Chronicles. Je pense que les lecteurs qui connaissent ces jeux verront tout de suite les multiples façons dont ils ont influencé l’univers de Shangri-La Frontier. Enfin, la série des Dark Souls. Dans celle-ci, le game over n’existe pas. Même brûlé par le feu d’un dragon ou vaincu par un chevalier bien plus puissant que lui, le joueur se régénère grâce aux Feux. À force de se relever après chaque échec, il finit par gagner. Ce jeu est la raison pour laquelle j’ai réfléchi à une théorie expliquant comment les personnages se régénèrent dans Shangri-La Frontier.




Le monde de Shangri-La Frontier regorge de créatures étranges et de décors de fantasy. Où avez-vous trouvé l’inspiration pour créer cet univers ?

Ryosuke Fuji : J’ai commencé par regarder beaucoup d’images et de peintures, ou encore des artworks pour des jeux vidéo ou des films, mais aussi des photos du patrimoine mondial, de rues et de villes, etc. et je m’en suis servi pour élaborer une image. Une fois que je l’ai eue et que je l’ai éclaircie dans ma tête, j’ai rassemblé des documents sur des créatures, villes ou paysages qui en étaient proches, et je les ai modelés d’un coup. J’ai procédé de la même façon pour les armes et les protections. Je sais désormais chercher de la documentation, sous réserve d’en avoir le temps.

Est-ce que, comme le héros de votre manga, vous préférez les “bouses” aux “GOAT” ? Qu’est-ce qui vous plaît, dans les “bouses” ?

K. : Personnellement, je préférerais que les bouses n’existent pas. Mais, pour de multiples raisons, on ne cesse d’en concevoir. Et pourtant, il existe partout dans le monde des joueurs comme Sunraku, qui trouvent une façon de les apprécier, de s’amuser avec. C’est pourquoi j’admire plutôt les amateurs de bouses que ce type de jeux en lui-même.



“Shangri-La” est à l’origine le nom d’un paradis terrestre, tiré d’un roman de l’écrivain britannique James Hilton. Pourquoi avoir donné ce titre au jeu vidéo dans lequel Sunraku évolue ?

K. : Quand j’ai écrit mon roman, j’avais décidé que le titre comprendrait le mot “frontier”, qui évoque les pionniers, mais j’ai beaucoup hésité quant au reste. À force de réfléchir, il m’est venu l’idée d’inclure un terme pour “jardin d’Éden” ou “paradis terrestre” (car l’univers du jeu Shangri-La Frontier est un monde de ce type). “Shangri-La” est donc devenu une possibilité. Il s’est retrouvé parmi les deux derniers candidats en lice, avec “Eldorado”. Afin de trancher, j’ai recherché leurs origines respectives sur Wikipédia. J’ai alors appris que “Shangri-La” était tiré d’un roman de James Hilton et désignait une lamaserie* où se concentrait toute la sagesse du monde. Dans le monde de Shangri-La Frontier, il existait jadis une glorieuse civilisation scientifique. Les joueurs peuvent retrouver sa sagesse au sein de ce vaste univers. Voilà pourquoi j’ai opté pour “Shangri-La” et comment je me suis décidé pour le titre actuel.




* Monastère bouddhique.

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