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Rencontre avec Santiago Bara, auteur espagnol prometteur

Début septembre 2021, Rencontres, le dernier album de Santiago Bará, était publié en France. L'auteur espagnol propose un roman graphique hors les cases, dont l'esthétique et l'histoire ne laissent pas indifférent. Il nous présente son travail sur Rencontres, ses inspirations et ses projets à venir.

Quel est votre rapport à la BD ?

Santiago Bará : J’aime la BD depuis toujours, depuis que je suis très très petit. Enfant, j’aimais dessiner et je dessinais même déjà des BD ! J’ai lu des BD jusqu’à 12-13 ans. A l’adolescence, j’ai arrêté parce que je voyais la BD comme quelque chose pour les enfants. J’ai commencé à lire des romans et j’ai laissé la BD. Ce n’est que récemment que j’ai commencé à lire des auteurs de BD pour adultes, celui qui m’a surtout marqué c’est Chris Ware (Building Stories). C’est l’auteur qui m’a fait changer d’avis sur la BD et sur son potentiel : la BD peut être pour les adultes, autant qu’un roman. C’est vers 30 ans que j’ai réfléchis à tout ça et que j’ai décidé de faire de la BD.

Vous avez commencé par travailler dans la publicité, est-ce que cela influe sur votre travail ?

Santiago Bará : Ma formation en publicité m’aide dans la BD : pour la composition de la page, pour la typographique... La BD c’est le résultat de plein de choses, de plein d’expériences. Je ne suis pas très bon ni pour écrire, ni pour dessiner, ni pour la typographie mais je suis bon pour faire de la BD.

On retrouve des références multiples dans Rencontres, que ce soit le tableau romantique Le voyageur contemplant une mer de nuage ou encore la revanche d’un samouraï. Comment les avez-vous choisies ?

Santiago Bará : Pour Le voyageur contemplant une mer de nuage, j’ai décidé de partir du tableau, puis j’ai cherché l’histoire de la vie du peintre, de sa famille. Son histoire dans Rencontres découle de ça. Pour l’histoire du japonais, c’est parce que j’ai lu un manga qui s’appelle Lone Wolf and Cub, par Kozure Ōkami, qui m’a beaucoup marqué. J’ai donc décidé de l'aborder dans mon album. J’ai fait des recherches sur les vêtements japonais, pour m’en inspirer, mais je ne suis pas un historien. Le plus important d’après moi, c’est la fiction, l’histoire que je veux raconter. Je me suis inspiré d’un livre que je n’aime pas particulièrement, L'Herbe du diable et la petite fumée de Carlos Castanera, pour l’histoire du peyotl. Des fois, mon inspiration vient dont ne sait pas où…

Une grande place est laissée aux illustrations (souvent pleine pages), pouvez-vous nous parler de votre technique de dessin ?

Santiago Bará : Je travaille tout au digital. J’utilise les brushes et les pencils sur Photoshop, les outils fusain et sanguine. J’aimerais le faire à la main mais Photoshop est plus rapide et pratique.


Les pages se tournent à toute vitesse, grâce aux cases avec de grands dessins et peu de texte, pourquoi avoir fait le choix de cette lecture nerveuse et frénétique ?

Santiago Bará : D’après moi, c’est un type d’histoire où il n’y a pas besoin de beaucoup de textes. En tout cas de la manière dont je l’imaginais. Je voulais ne pas trop faire parler les personnages et faire une histoire surtout visuelle. J’aime autant les histoires avec peu et beaucoup de texte. Après Rencontres, je vais faire des histoires avec plus de textes…

Qu’est-ce que vous aimeriez que l’on retienne de cet album ?

Santiago Bará : Ce n’est pas à l’auteur de dire ce qu’il faut comprendre de l’album. Chaque lecteur de Rencontres avec qui je parle a une histoire préférée différente. Et leurs raisons ne sont jamais les mêmes. Ça n’a rien à voir d’une personne à l’autre à chaque fois. De manière générale, je n’aime pas trop expliquer un film ou un livre : c’est une expérience à vivre, pas à expliquer !

Est-ce que toutes les histoires se passent dans le même univers ? Y a-t-il un fil rouge ?

Santiago Bará : Toutes les histoires se passent dans notre monde. Il n’y a pas de relations entre les histoires, mais il s’agit toujours bel et bien de notre monde. Je voulais faire des histoires séparées, pas dans le même lieu ni à la même époque, et ce n’est qu’après que j’ai choisi de les mettre dans un ordre chronologique. Je n’avais pas prévu de commencer par la préhistoire et de finir en 2149.

On retrouve un contraste entre les premières histoires et les trois dernières, qui sont plus critiques envers notre société. Était-ce voulu ?

Santiago Bará : Quand j’écris je repense à mes lectures. Si je lis un livre sur les intelligences artificielles, ça me fait réfléchir à notre avenir. La SF permet de se poser ce genre de questions. Et je veux écrire des histoires qui restent dans la tête. Je ne réfléchis pas au fait que ça soit humoristique ou non. Par exemple l’histoire du peyotl et celle de Batman sont plus légères que les autres dans cet album. Je veux que le lecteur repense à l’histoire après sa lecture.

Quels sont vos projets futurs ?

Santiago Bará : Il y a des histoires de « rencontres » que je n’ai pas encore dessinées mais que j’ai en tête et que j’écris. J’aimerais faire une suite à Rencontres avec des petites histoires, j’en ai trois pour l’instant. Les petits récits, c’est ce qui me plait en ce moment. Je continue aussi à faire des dessins. J’ai contacté quelques personnes pour un projet où je ne serais pas à la fois scénariste et dessinateur, mais sans succès. Pour l’instant j’aime faire les deux : écrire et dessiner.

 

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