Aux frontières du cosmos, deux peuples s’affrontent dans une guerre millénaire aux origines depuis longtemps oubliées. Sur Terre, un simple instituteur s’acharne à partager ses connaissances avec ses élèves. Deux destins complètement opposés, face à face.
Deux récits qui se développent en parallèle, sans rapport, a priori. D’une part, un conflit aux dimensions galactiques oppose deux camps depuis des milliers d’années. On ne sait plus vraiment comment tout ça a commencé, on sait juste que cela ne s’arrêtera probablement jamais. Pour alimenter les énormes vaisseaux, il est nécessaire de drainer l’énergie de centaines de planètes, à peine a-t-on alors le temps de scanner les populations indigènes. D’autre part, sur Terre, un instituteur malade continue, coûte que coûte, d’enseigner ce qu’il sait aux quelques élèves des villages des alentours. Pourtant, alors que l’empire de Silicium s’apprête à détruire la planète, ces connaissances pourraient peut-être sauver l’humanité…
Alternant ces deux ambiances, l’une épique, l’autre plus intimiste, Xiaoyu Zhang s’interroge sur l’importance du savoir et cette nécessité de s’élever en tant qu’individu, ce qui est l’une des grandes forces de l’humanité. Il oppose ainsi les rêves d’un individu qui s’attache à transmettre la finesse d’un poème, la rigueur d’une loi essentielle à des enfants qui n’en comprennent peut-être pas toute l’ampleur - mais qui ressentent cet engouement intellectuel qui les transcende - et les actes déshumanisant de deux peuples qui détruisent des galaxies sans y faire attention. Un récit touchant et profond qui
fait réfléchir !
Comment en êtes-vous venu à la bande dessinée ? Quel a été votre parcours ?
Xiaoyo Zhang : J’ai découvert la bande dessinée à l’école primaire. J’ai tout de suite été profondément attiré par cette forme d’expression. C’est ce qui m’a conduit à étudier les
beaux-arts.
Les trois lois du monde © Delcourt, 2022
Depuis mon diplôme de l’École technique des Arts de la province du Guizhou, j’ai fait 26 albums et ai notamment collaboré plusieurs fois avec des maisons d’édition françaises. Mes œuvres ont été publiées par Glénat, Les Humanoïdes Associés, Mosquito et Casterman.
Votre travail est profondément marqué par la science-fiction, que répresente pour vous l'oeuvre de Liu Cixin ?
X. Z. : Certaines de mes œuvres contiennent en effet des éléments de science-fiction. J’aime beaucoup la SF qui fait partie des genres que j’affectionne particulièrement, et j’aime aussi beaucoup les romans et nouvelles de Liu Cixin. Pour moi, Liu Cixin est d’ailleurs actuellement le meilleur auteur de science-fiction de Chine. Il parvient toujours à inventer des concepts absolument fascinants. C’est pourquoi je me suis vraiment appliqué en dessinant cet album.
Pourquoi cette nouvelle en particulier ?
X. Z. : C’est la société FT Culture qui a pris l’initiative de me contacter. Ils voulaient que je choisisse une nouvelle de Liu Cixin pour l’adapter en bande dessinée. L’Instituteur du village est celle qui m’a fait la plus forte impression.
Les trois lois du monde © Delcourt, 2022
Le récit alterne deux narrations très différentes. Etait-ce compliqué de jouer avec ces deux ambianes, ces deux approches ?
X. Z. : C’est quelque chose que j’ai conçu et planifié avec le plus grand soin. Je pense que c’était la seule façon de rendre visible ce qui me semble être l’aspect le plus intéressant de cette histoire : le contraste entre deux civilisations complètement différentes, l’une puissante, froide et inhumaine, l’autre douce et attendrissante.
Comment avez-vous appréhendé ce défi de mettre en images ce que Liu Cixin évoque parfois seulement en quelques phrases dans sa nouvelle originale ?
X. Z. : Je pense que c’est précisément à ce niveau qu’un auteur de bande dessinée peut donner libre cours à sa créativité. Pour moi, une adaptation ne consiste certainement pas à fournir une simple traduction des mots en images. Il faut complètement reconstruire l’œuvre pour lui donner un rythme propre.
Les trois lois du monde © Delcourt, 2022
Quel pourrait être pour vous le message à garder de cette histoire ?
X. Z. : Le savoir est évidemment une chose extrêmement importante. Mais il ne faut pas oublier que dans certaines régions montagneuses reculées de Chine, accéder à l’éducation reste très difficile pour beaucoup d’enfants. Les instituteurs de village sont des gens qui ont accepté de s’installer à long terme dans des endroits où les conditions de vie sont parfois très rudes. Ils transmettent aux enfants non seulement des connaissances, mais aussi un certain courage. Ils sont en mesure de changer la vie de leurs élèves. Ces enseignants sont vraiment des individus admirables.
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