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Christophe Chabouté nous revient au Musée d'Orsay

Dans ce très bel album, Musée, Christophe Chabouté nous plonge dans le quotidien des œuvres d’art du musée d’Orsay. Il nous a livré quelques-uns de ses secrets de fabrication…

Christophe Chabouté : Christophe Chabouté nous revient au Musée d'Orsay

© Musée, Vents d'Ouest


Comment est né ce très bel album Musée ?

Le projet a pris forme il y a très, très longtemps. La première fois que je suis arrivé au musée d’Orsay je devais être en 1re année aux Beaux-Arts et je me suis arrêté devant les sculptures de Daumier, Les Célébrités du Juste et j’ai eu l’impression qu’elles chuchotaient quelque chose et qu’à chaque fois que je quittais la pièce, elles racontaient quelque chose dans mon dos. Quelques années ont passé et je suis retourné au musée d’Orsay il y a 5 ou 6 ans. Je suis retombé devant ces statuettes avec toujours cette même impression et comme j’avais du temps, j’ai fait quelques croquis et photos. En rentrant chez moi, j’ai commencé à écrire.

Alors vous avez un rapport particulier avec le musée d’Orsay ?

Oui, avec ces sculptures-là déjà. J’aime beaucoup les œuvres qui sont exposées dans ce musée. C’est un lieu dans lequel je me sens bien, c’est un musée à taille humaine dans lequel j’arrive à ne pas me perdre. Et pour l’histoire que j’ai écrite, les œuvres qu’il y a dans ce musée se prêtaient bien au casting de l’histoire que je voulais raconter.

Alors des statuettes qui chuchotent, ce que vous ressentez, avec vous on inverse un peu les rôles : les œuvres d’art observent les visiteurs. Elles donnent leurs émotions, leur ressenti.

Ce qui m’intéressait surtout, ce n’était pas de montrer les peintures et les sculptures, elles sont à la limite secondaires. Ce qui m’intéressait surtout c’était de montrer ce que pensent les « regardés » des « regardeurs », donc ce que pensent les œuvres des gens qui viennent visiter le musée. Elles observent toute la journée, elles écoutent, elles voient, elles ne bougent pas, elles sont sages et la nuit, elles se réveillent et se racontent des trucs, ce qu’elles ont vu… des choses qui les étonnent et qui les interpellent. Et entre les « regardés » et les « regardeurs » et ce que racontent les « regardés » des « regardeurs » le lecteur dans tout ça c’est une petite souris qui navigue.

Et vous mettre à la place d’une œuvre d’art, retranscrire ses émotions… comment ça se passe ?

J’ai essayé de me poser des questions qu’elles pourraient se poser et je me suis baladé quelques fois au musée d’Orsay. Je ne me mettais pas face aux œuvres, mais à côté d’elles. Souvent, je m’asseyais au pied d’une sculpture et j'observais les gens, j’essayais d’imaginer ce que la sculpture pouvait penser, elle, en voyant les gens passer.

Mais vous les faites parler les œuvres d’art alors que vous plutôt un adepte du silence…

Les 45 premières pages sont quasi silencieuses avec seulement une déambulation, le rythme est très lent d’ailleurs. Mais ça me paraissait plaisant de les faire parler également.

Est-ce que vous avez déjà imaginé ce que pensent vos personnages de bandes dessinées de vos lecteurs ?

Oh c’est une très bonne question ! Vous me prenez de court, on en reparle dans quelques semaines ? (rires) Mais ça serait très drôle en tout cas, l’idée est vraiment sympathique.

Musée est un album très contemplatif qui nous interroge sur notre rapport à l’art finalement.


J’ai essayé de poser dans ce livre les questions que je peux me poser par rapport à l’art. Comment regarder ? Quoi (ne pas) penser ? Juste laisser l’émotion venir. Se dire qu’on n’est pas obligé d’être un crack en sculpture ou en peinture pour apprécier ce genre de choses. L’émotion est là et il suffit d’ouvrir les yeux.


En tout cas c’est une véritable déclaration d’amour à l’art et au musée d’Orsay cet album. Merci Christophe Chabouté !
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