Ce Brestois pur beurre porte plusieurs casquettes. Après avoir été longtemps libraire dans le Sud-Finistère, il l’est de nouveau, depuis six ans, chez Dialogues à Brest, sa ville natale. Fin mars, il a sorti un projet de vingt ans de travail : C’est la faute à Molière ! Une histoire de la Comédie-Française. Un petit bijou dont le dessin est signé Virginie Augustin. En mai 2025, il publiera La Tempête, sur une idée et le dessin d’un autre Finistérien, Stéphane Héloret. Rencontre, chez lui à Brest, avec un homme sensible à toutes les formes de cultures. Un homme sensible, tout simplement.

Rencontre avec l'auteur Michaël Le Galli pour la sortie de son dernier album, " C'est la faute à Molière " © Kévin Guyot
Tu es né à Brest en 1969 et tu y as suivi tes études. Peux-tu nous en parler ?
Michaël Le Galli : Je viens d’une famille dont le berceau est le petit port de L’Auberlac’h à Plougastel-Daoulas, juste à côté de Brest. J’ai fait une fac d’histoire et une maîtrise d’ethnologie pour laquelle j’ai fait mon mémoire sur le sujet « Bretagne légendaire et bande dessinée ». Puis j’ai écrit ma thèse sur « Le microcosme des auteurs de BD » que j’observais en tant que scénariste. J’ai d’ailleurs donné, à ce moment-là, des cours sur la BD légendaire pendant trois ans à des étudiants en psycho de l’Université de Bretagne occidentale (UBO). Je suis ensuite parti m’installer dans le Sud-Finistère avec mon ex-femme, la mère de nos deux filles, Arwen et Jeanne. La première est psychologue, actuellement en mission en Palestine pour Médecins sans Frontières, et la plus petite travaille dans le graphisme et le stylisme.
Pendant cette vingtaine d’années passées dans le Sud-Finistère, tu as commencé à écrire tes premiers scénarios (Les Cercles d’Akamoth, Les Damnés de Paris, La guerre des OGM, L’odyssée de Fei Wong…), puis tu es devenu libraire…
M.L.G : Oui, j’ai travaillé huit ans à Dites 33, la librairie spécialisée de Quimper à l’époque, puis sept ans chez Guillemot, devenue L’aire de Broca à Pont-l’Abbé. Pendant ces années, j’ai beaucoup appris des techniques de narration auprès de mon ami quimpérois David Chauvel (N.D.L.R : un des plus prolifiques scénaristes français et directeur de collection chez Delcourt). On a même fondé, à quatre dans sa cuisine avec Cyril Pedrosa et le scénariste brestois Kris, le Syndicat des auteurs de BD (rires). Depuis mon retour à Brest en 2019, je m’occupe du rayon sciences humaines chez Dialogues. J’anime aussi beaucoup de rencontres avec des écrivains et des auteurs de BD, une à deux par mois. J’ai longtemps fait cela pour le festival Quai des Bulles à Saint-Malo. Pour moi, revenir à Brest, c’est revenir chez moi. J’ai une super vie de citadin. Je ne touche pas à ma voiture : je suis à moins de dix minutes à pied de mon travail, mais aussi des lieux culturels que je préfère : la Carène, le Vauban, le Quartz, les Studios, le Mac-Orlan… C’est hyper stimulant intellectuellement.
Ton vrai nom est Le Gall, pourquoi avoir ajouté un « i » final ?
M.L.G : Quand j’ai commencé dans le milieu de la BD, il y avait Franck Le Gall qui prenait beaucoup de place (installé à Quimperlé avec sa compagne Eve Tharlet, il est l’auteur de Théodore Poussin). Comme je voulais me démarquer, j’ai choisi le nom que l’on donnait à mon grand-père paternel : sans que je sache pourquoi, il s’appelait François Le Gall et tout le monde l’appelait Louis Galli. Mon pote rennais Nicoby me surnomme Mitch, donc j’ai utilisé ce pseudo pour mon avant-dernière série, Voltaire & Newton (deux tomes parus en 2021 et 2023).
Parle-nous de ta nouveauté, « C’est la faute à Molière ! Une histoire de la Comédie-Française »…
M.L.G : Cela fait vingt ans que je travaille dessus. Ma première synthèse remonte à 2015 et résumait dix ans de notes. Le point de départ, c’est mon amour du théâtre. Je voulais raconter l’histoire de ce lieu qui retrace l’histoire de la discipline depuis le XVIIe siècle et qui est la plus vieille troupe encore en activité. Et au-delà du théâtre, l’histoire de ce lieu raconte l’Histoire de France. Je remercie ma prof de français de seconde qui m’a fait découvrir Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset. En plus, être édité chez Rue de Sèvres, qui est aussi l’Ecole des loisirs pour la jeunesse, a une vraie dimension pédagogique.
Comment s’est fait le choix de la dessinatrice, Virginie Augustin ?
M.L.G : J’aime beaucoup son travail donc comme souvent, c’est une histoire d’amitié. Quand je lui en ai parlé, elle a tout de suite été emballée. Il faut lui reconnaître ce talent d’avoir insufflé beaucoup de son humour dans les cases. Et je la remercie d’avoir canalisé toute cette matière car j’étais parti sur un livre universitaire sinon… Je laisse les choses se faire naturellement. Je sais quand je vais mener un projet, mais je me laisse le temps.
D’autres projets ?
M.L.G : Oh oui ! Le 16 mai sortira chez Locus Solus, La Tempête, sur une vieille idée du dessinateur, Stéphane Héloret, avec qui j’avais faitJ’ai tué… François-Ferdinand, archiduc d’Autriche, une collection que j’ai dirigée chez Vents d’Ouest. Cela raconte le destin d’un groupe de pêcheurs de Concarneau pendant la tempête du siècle précédant, en 1930. Le dessin est très beau. Sinon je mène aussi, parmi d’autres projets, un travail de vingt ans également sur le jazz, une musique que j’adore. Ce sera une histoire noire sur l’année 1959 à New York où cinq albums majeurs sont sortis.

Extrait de " La Tempête ", prochain album de Michaël Le Galli à paraître en mai chez Locus Solus © Kévin Guyot
La vie culturelle t’anime ?
M.L.G : Oui. J’aime lire, les séries, le ciné, le théâtre, la danse, les concerts… Je me déplace aussi en dehors de Brest pour ça. Je suis un ultra-citadin et en même temps, j’ai vue sur mer.
Quand on s’est rencontré il y a sept ans à Quimper, tu habitais déjà un appart au dernier étage d’un immeuble…
M.L.G : Oui, je suis l’homme du dernier étage ! C’est l’idéal pour avoir de la vue et pas de voisin au-dessus.
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