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Oscar, César et... kanar ?

Pour devenir mangaka en France, il n’y a pas trente-six solutions : il faut proposer son projet à un éditeur ou publier son manga en webtoon. Pourtant, au Japon, il existe une autre manière : le manga shinjin-shô (shinjin : nouvelle recrue ; shô : prix).

Le premier concours manga jeune talent a eu lieu en 1968 au Japon (le Newcomer Manga Award de Shonen Jump). Depuis, il en existe une multitude sur l’archipel. La plupart des maisons d’édition et des magazines de pré-publication ont le leur. Ces prix sont si populaires qu’ils sont parfois décernés plusieurs fois par an. Les plus connus sont : le Tezuka & Akatsuka Award (de Shueisha) ; le Weekly Shonen Magazine Newcomer Manga Award (de Kodansha) ou encore le Shogakukan Newcomer Comic Award (de Shogakukan).

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Cette année, des shinjin-shô ont fait leur apparition en France. Le 8 mars 2023, Kana annonçait le lancement de son « Mangaka challenge » et, le 31 mars, Noeve Grafx présentait son « Concours Mangaka ». De quoi s’agit-t-il ? Rencontre avec Timothée Guédon, éditeur de Kana.

Thimothée Gudéon : Oscar, César et... kanar ?

S’agit-il vraiment du « plus gros concours de création de mangas en France » ?

Timothée Guédon : C’est la première fois qu’un concours rassemble autant de partenaires (Kana, Rakuten Kobo, Mangas.io et la Japan Expo) et qu’un prix aussi important est mis en jeu : 15 000 euros.

À quoi correspond le prix, à un à-valoir ?

T. G. : L’à-valoir d’une avance sur droits d’auteur. C’est une enveloppe pour rémunérer le travail de création à venir du gagnant.

Signera-t-il un contrat d’édition classique ?

T. G. : Oui. Il écrira un one shot de 200 pages ou le premier tome d’une série. Il pourra s’agir du développement de son histoire présentée lors du concours ou d’un tout autre projet.

Pourquoi y a-t-il si peu de concours en France ?

T. G. : Le marché du manga n’a que 30 ans. C’est très jeune comparé à la BD. Il y a donc moins d’opportunités. Pourtant, le nombre d’aspirants mangakas ne cesse de croître d’année en année. On a reçu près de 250 participations. On espère encourager une nouvelle
génération de mangakas à se lancer.

Comment le concours peut-il y contribuer ?

T. G. : Une partie des aspirants mangakas ne savent pas comment envoyer un dossier éditorial, ni à qui l’adresser. On souhaite susciter une envie, donner les codes pour y arriver. En posant aussi un cadre strict (avec un délai, un nombre de pages, un thème), on met de jeunes talents dans des conditions professionnelles. On veut aussi les pousser à se révéler, à proposer quelque chose de nouveau.

Y aura-t-il à nouveau un concours en 2024 ?

T. G. : On aimerait que ce concours se pérennise : peut-être tous les deux ans… Mais il est trop tôt pour le savoir. Tout dépendra de la qualité des projets. On fait un pari sur l’avenir : ça fait partie du métier d’éditeur !

Article publié dans ZOO Manga N°9 Juillet-Août 2023

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