Pour sa 42e édition le festival bd BOUM, qui se tient du 21 au 23 novembre 2025 à Blois, met à l’honneur Aurélia Aurita pour son album Le béton et le bambou. Une BD scientifique qui interroge la durabilité de nos modes de construction.
Bien que l’autrice tire son pseudo du nom scientifique d’une espèce de méduses, ses œuvres les plus célèbres sont autobiographiques, érotiques (Fraise et chocolat) et culinaires (Comme un chef, La vie gourmande). Pourtant, voici Aurélia Aurita nominée pour le Prix des lycéennes et des lycéens de la BD à portée citoyenne pour un album scientifique.
« J’ai récemment obtenu un master d’anthropologie à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), sourit l’autrice. L’un de mes co-auteurs sur Le béton et le bambou, Frédéric Joulian, est mon directeur de mémoire. C’est comme ça que j’ai atterri à Mayotte ! » De leur voyage sur l’archipel, la dessinatrice, l’anthropologue et l’architecte Matthias Cambreling ont accouché d’une BD de 110 pages agrémentée d’un cahier scientifique de 40 pages. « C’est très pointu. C’est l’union de trois savoirs. »
Le béton et le bambou emmène le lecteur à la rencontre du « génie mahorais », de sept artisans-jardiniers-constructeurs, pour découvrir leurs savoir-faire traditionnels et en tirer des solutions durables. « Matthias Cambreling s’intéresse à l’écoconstruction, il est spécialiste des matériaux durables, précise Aurélia Aurita. Mais un matériau n’a de sens que quand il est imbriqué dans un système social. Et la question est : Comment habiter un archipel comme Mayotte et, plus globalement, la planète ? »
Le béton et le bambou d’Aurélia Aurita, BD scientifique sur l’écoconstruction à Mayotte, paru le 7 mai 2025 en librairie, est mise à l’honneur au festival bd BOUM 2025.
Habiter la Terre
Les défis du logement à Mayotte sont plus que jamais d’actualité. « On y est allés deux ans avant Chido. J’ai dessiné la dernière page le jour même du cyclone… Dans l’album, on abordait déjà le cyclone Kamisy de 1984. C’était important de rappeler que les catastrophes naturelles ont poussé les habitants à construire en béton. Or, c’est hyper polluant et cela imperméabilise les sols, ce qui intensifie les soucis d’eau… »
« Selon moi, c’est important de s’engager pour l’écologie en BD car c’est un médium fantastique, très accessible. Dans un contexte grandissant de fake news et de méfiance envers les médias traditionnels, les BD de reportages ont de plus en plus de crédibilité », appuie Aurélia Aurita. De cet album citoyen, bd BOUM tire une exposition présentant près de soixante originaux et, « normalement, un petit film tourné par l’Ina à Mayotte dans les années 1990, ajoute l’autrice. Tout un village y construit un banga. Avant d’être ces habitations précaires en tôle, c’était une institution : quand un adolescent devenait trop grand pour dormir avec ses sœurs, le village l’aidait à bâtir en une journée un banga, une petite maison… dans la cour de sa maman ! »
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