22 juin 1974. Dans le cadre de la coupe du monde de football, les deux équipes allemandes (RFA vs RDA) vont s’affronter sur le stade de Hambourg. L’occasion pour Konrad Werner, infiltré depuis une douzaine d’années à l’Ouest de revoir son frère, Andreas, qui accompagne l’équipe de la RDA. Philippe Collin revient sur une page d’Histoire encore relativement récente, celle de la guerre froide, avec un récit palpitant, superbement illustré par Sébastien Goethals.
Le récit démarre en mai 1945 alors que l’armée russe pénètre dans Berlin. Orphelins, Konrad et Andreas, comme beaucoup d’autres Berlinois, fuient la capitale en ruines pour Leipzig. Quelques années plus tard, lors d’une manifestation qui tourne à l’émeute, Konrad est arrêté alors qu’il cherchait de l’aspirine pour Andreas, malade, dans une pharmacie dévastée. La Stasi, subodorant une recrue de choix, enrôle les deux frangins dans leurs rangs et les voilà peu à peu endoctrinés pour servir leur nouvelle patrie.

Après Le voyage de Marcel Grob qui touchait à l’histoire familiale intime, rien ne pouvait laisser présager que Philippe Collin irait se pencher sur ce pan d’Histoire couvrant une trentaine d’années sous tension constante de part et d’autre du fameux « rideau de fer ». Solidement documenté comme en témoigne l’importante bibliographie et filmographie citée en fin d’album, le scénario progresse en décrivant tous les moments forts que les deux Allemagnes ont traversés jusqu’à ce fameux match dont l’issue est devenue un enjeu politique et, surtout, idéologique majeur. En filigrane, Collin laisse poindre ses convictions pour une Europe forte, unie et fraternelle.
Sébastien Goethals réussit à faire vieillir ses personnages de façon très efficace et s’acquitte fort aisément des figures historiques, footballeurs ou politiciens, tous parfaitement identifiables. Assurément, le grand album de cette rentrée !
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