ZOO
couverture de l'album

Série : Hägar DünorTome : 4/8Éditeur : Urban Comics

Auteur :

Genres : Historique

Public : À partir de 12 ans

Prix : 24.00€

  • ZOO
    note Zoo4.0

    Scénario

    4.0

    Dessin

    4.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
    0 critique

Le synopsis de l'album

En ces temps troublés où résonnent le fracas des épées et le choc des boucliers, vivent les seigneurs vikings, guerriers nés pour les pillages, rapines et autres mises à sac. Ces écumeurs des mers règnent en maîtres sur une Europe en perdition, qu'ils contrôlent d'une main de fer. Mais pour avoir le privilège de prendre part à ces faits d'armes légendaires, ils doivent d'abord faire face à de redoutables adversaires, des opposants dignes de leurs plus grands ennemis, des concurrents qui ne reculent devant rien pour parvenir à leurs fins : leurs épouses. Car les invasions barbares sont bien loin d'être le pire fléau qui soit quand on doit gérer les tâches ménagères et s'occuper de l'éducation des enfants. Hagar en sait quelque chose, et sa femme Hildegarde compte bien le lui rappeler autant que possible...


La critique ZOO

Après 5 années de silence, Urban Comics nous propose un quatrième volume de Hägar Dünor, créé en 1973 par Dik Browne. Sont regroupées ici les années 77 et 78, une bonne occasion de revenir sur ce strip qui a bercé notre jeunesse.

Plus on avance, plus les strips continuent de se positionner, non sans difficulté parfois, mais la communauté de fans qui s’est progressivement constituée est là, prête à soutenir la moindre sortie. On a pu ainsi redécouvrir quelques pointures comme Prince Valiant, Tarzan, Flash Gordon (Soleil), Krazy Kat (Les Rêveurs), Mickey (Glénat), Les Peanuts (Dargaud), Nancy (Actes Sud), Terry & the pirates (BDArtistes), Cul-de-sac (Delcourt et Urban), Barnaby (Actes Sud), Calvin & Hobbes (Hors Collection), Little Nemo (Delcourt, Taschen), Mafalda (Glénat) et plus récemment Pim Pam Poom (Urban)..Cette dynamique suit le mouvement des éditeurs américains qui dépoussièrent patiemment un patrimoine très impressionnant au fil du temps. Élan perpétué par les anglais de Titan Book qui proposent justement Hagar the Horrible depuis 2009, avec pas moins de 8 tomes à ce jour !
Amorcée avec la parution du fantastique Comics Strips, une histoire illustrée de Jerry Robinson, la collection Urban strips propose de revenir sur quelques grands strips classiques ou modernes, une matière encore assez mal connue constituée par cette incroyable quantité de séries qui ont fait l'histoire de la BD mondiale, influençant les comics, et de nombreux auteurs (à la base les premiers comics étaient des recueils regroupant justement des strips paraissant dans les journaux !) Le projet est ambitieux et on ne peut que souligner la rigueur éditoriale qui sous-tend la démarche d'Urban. Publier en première partie le livre de Robinson fut une excellente initiative qui a permis de se familiariser avec ce matériau fascinant.

Hagar Dunor T.4

Hagar Dunor T.4
© Urban comics, 2022

Marié et deux enfants

Sur un rythme d’un an et demi par album, Urban Comics nous propose donc cette édition inédite en France, agrémentée d’un rédactionnel de qualité... Nous redécouvrons ainsi le chef viking Hägar, sa femme Hildegarde qui garde d'une poigne de fer la maison, ses enfants Homlet le chétif et la belle Ingrid qui rêve de suivre son père sur les champs de bataille, et son meilleur ami et conseiller Eddie qui l’accompagne partout ! Ainsi, ce fier chef viking, « héros » des champs de bataille, qui part conquérir l'Angleterre, affrontant les dragons, remplissant son drakkar de mille et un trophées, avant de revenir dans son village ou l'attend sa femme qui ne se laisse pas impressionner par tout ça. Elle lui tend un sac de poubelle à sortir et lui demande de ne pas oublier les patins à l'entrée ! Hildegarde est la véritable patronne, pas ce barbu feignant qui rechigne à la moindre tâche.
Désormais bien installée, la série met en scène le quotidien de cette tribu brinquebalante, constituée de bras cassés que l’intrépide « femme au foyer » peine à discipliner. La dynamique forgée dans une succession de contrastes fait tout le sel de cette série hilarante. Et même si, en effet, on a souvent ce sentiment de répétition, avec des gags qui reviennent encore, qui usent la même ficelle au fil des semaines, on se plait à suivre ce viking bourru qui se fait remettre à sa place par sa femme, qui regrette parfois son mariage, qui tente sempiternellement d'empêcher sa fille de l'accompagner, qui doit se faire à l'évidence que son fils n'est réellement pas fait pour cette vie.
Mais, quand bien même Hägar reste un grand chef de guerre, avec à son actif des batailles légendaires, une fois franchie la porte de sa maison il redevient le mari de sa femme, un père de famille qui doit ramener de quoi nourrir sa tribu et accessoirement bien penser à trouver tout ce qu'Hildegarde lui demande sur sa liste de course, quand il part saccager des villages !

On le comprend très vite, Browne se moque gentiment de ces archétypes de barbares haut en couleur, fort d'épaules qui allaient ravager à la tête de leurs troupes, les villages qu'ils attaquaient, suintant la virilité exacerbée, l’autorité et l’inflexibilité, en rêvant d’atteindre à leur mort les champs de bataille des dieux... A ce modèle, il colle une parodie des séries familiales, comme celle qu'il dessina longtemps aux côtés de son scénariste Mort Walker "Hi and Lois". Il observe les différents rapports de force qui régissent la cellule familiale, l'éducation, les premiers amours, le couple avec cette autorité inversée ou, cette fois l'homme est soumis aux règles de la femme ! Et cela fonctionne tout de suite, car Browne dose très adroitement l'un humour minimaliste. Ici pas de longs discours, des idées qui se déclinent selon les situations, avec un background pseudo historique, très référencé, mâtiné de personnages savoureux. On situe vaguement l'époque, sans forcément s'y attarder. Après tout il y a de très légers et réguliers anachronismes qui viennent pimenter la lecture.
Il faut dire aussi que le graphisme est lui aussi réduit à son strict minimum, se contentant le plus souvent d'un ou deux angles de vue sur les personnages, avec des décors brossés en deux coups de crayon ! Mais tout cela participe aussi à l'efficacité de la série. On ne se perd pas dans les détails, on lit le strip en deux secondes et le gag fait tout de suite mouche !

Ce nouveau volume nous rappelle combien on reste attaché à ces personnages, on se plait à espérer que Urban ira jusqu’au bout de la série. D’autant qu’ils entament en même temps la reprise de Pim Pam Poum ! La collection Urban Strips serait-elle en train de retrouver une nouvelle dynamique ?

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