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Valérian et Laureline, L’Aventure aux mille planètes

Alors que Luc Besson a confirmé, il y a quelques jours, que l’adaptation sur grand écran de Valérian et Laureline était en bonne voie, il nous paraissait important de revenir sur ce que cette série fondatrice a pu apporter à la science-fiction. Et pas seulement en cases : dans un monde où la série n’aurait pas existé, le cinéma hollywoodien aurait pu avoir un visage très différent. Retour sur les origines, les forces et l’influence d’une série culte de 40 ans d’âge !

Avant le Space Opera…

À la fin des années 60, la science-fiction a un visage bien différent de celui qu’on lui connaît aujourd’hui. Ni Star Wars ni 2001, L’Odyssée de l’Espace ne sont encore sortis. La science-fiction est à l’époque un genre mineur, généralement mal considérée tant par le grand public que par la critique, qu’elle soit littéraire ou cinématographique. Et si de grands écrivains ont permis l'avènement d’un âge d’or de la science-fiction américaine, celle-ci n’a pas encore massivement quitté les pages des magazines de publication.


Extrait de la couverture de L'Ouvre-Temps

Dans ces années-là, en 1965 précisément, un certain Pierre Christin fraîchement émoulu des bancs de Sciences Po et de La Sorbonne, enseigne à l’université de Salt Lake City. Il y est rejoint par un ami d’enfance, Jean-Claude Mézières qui parcours à l’époque les États-Unis avant de se fixer dans l’Utah (et d’y devenir cow-boy !). Les deux amis ont l’idée d’une première bande dessinée, qu’ils envoient à Moebius pour qu’il la publie là où il peut… Et ces six premières pages se retrouvent dans Pilote. Après quelques autres histoires courtes, ils ont l’idée de se lancer dans une série de science-fiction.

Coup de bol, Goscinny, rédacteur en chef de Pilote, cherche à l’époque à redynamiser le titre. Alors, à partir d’une série de dessins d’Hugues Aufray, Mézières créé Valérian pendant que Christin écrit les deux premières histoires et introduit le personnage de Laureline. Dès le troisième tome, le voyage spatial permet aux auteurs de créer leurs premiers nouveaux mondes et de placer les aventures des nos deux agents spatio-temporels dans un cadre géopolitique spatial tangible, avec ses alliances et ses guerres. Valérian commence donc sa carrière en réinventant le space opera. Pas si mal.

Extrait de la couverture du Pays sans étoiles

Adieu Boy-scout

Les Mauvais Rêves

Mais Valérian et Laureline, avant d’être un space opera, c’est surtout Valérian et Laureline. Deux personnages qui, à leur manière, ont révolutionné l’écriture d’un bon personnage. Loin de l’archétype du boy-scout animé par son amour inconditionnel de son prochain, de la discipline et des petits oiseaux, Valérian est un personnage flegmatique mais souvent dilettante. Courageux et intelligent, mais volontiers maladroit. Homme d’action avant tout, mais parfois avant réflexion. Héroïque presque malgré lui.

D’où une tendance à foncer dans les problèmes. Pour l’en sortir, il y a heureusement Laureline. Valérian la rencontre dans Les Mauvais Rêves, sa première aventure dessinée dans laquelle il est envoyé en l’an Mil. Laureline est alors une sauvageonne de la forêt, apprentie occasionnelle du mage Albéric le Vieil. Énergique, réfléchie et courageuse, elle sauve Valérian dès leur première rencontre, et après avoir appris son origine, l’accompagne pour découvrir le futur, où elle intègre à son tour le Service Spatio-Temporel.

Par la suite, ils formeront une union libre pleine d’harmonie, où « aucun n’est inféodé à l’autre : c’est très sixties, mais je crois que personne n’a rien proposé de mieux » en dira Pierre Christin. « À l’époque, en 1967, la bande dessinée était fondamentalement de droite, avec de grands chefs et de grands héros. [...] On savait qu’on n’allait pas faire ça. » Laureline est ainsi devenue l’une des premières héroïnes réellement féministe, un vrai personnage avant d’avoir de jolies fesses. Quant à Valérian, il est une réponse pleine de dérision au mythe du héros.

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