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De Beaux moments à passer avec Jim

Jim est un auteur à temps plein. Dessinateur, scénariste pour lui et d’autres, il jongle avec bonheur et talent avec le quotidien souvent sentimental de femmes et d’hommes qui nous ressemblent. Après Une Nuit à Rome, Où sont passé les grands jours ?, ce sont De Beaux moments que Jim raconte cette fois, ceux qui marquent et rythment la vie, notre vie. On s’en souvient parfois trop tard, souvent on les regrette mais jamais on ne les oublie. Jim en parle mais il se raconte aussi avec simplicité et chaleur.

Comment écrivez-vous des nouvelles comme celles qui composent ces Beaux Moments ?

Jim : Le ton est très naturel. Il est empreint de ma culture cinématographique, musicale. Souvent les discussions des gens basculent vers l’intime. J’en garde des traces. Mais ce n’est pas autobiographique. Enfin... pas toujours ! [Rires]

Il y a une belle histoire dans cet album sur la fuite des années, de l’enfant qui devient adulte.

Oui, en grandissant, on ne connait plus son enfant comme quand il a quatre ou cinq ans. J’ai voulu renvoyer le lecteur au rapport au père. Il faut que les lecteurs aient l’impression qu’on leur parle d’eux, que ce soit dans mes histoires courtes ou longues, où il y a plus de place pour les digressions.

Jim devant son poste de dessin

Jim devant son poste de dessin © JLT

C’est quoi ces beaux et bons moments ?

Il y a le temps qui passe et ce n’est souvent qu’après qu’on réalise que c’étaient de beaux moments. Ils nous échappent. Je ne mets pas à ma table en me disant : tiens de qui je vais parler de ça ou de ça. J’accumule de petites notes. J’y glisse pas mal de choses personnelles.

Mais je fais aussi attention à mon entourage, d’où une certaine forme de censure. C’est toujours de la fiction, je ne tourne pas l’histoire vers moi : je ne suis pas en première ligne. Enfin, disons que j’aime assez brouiller les pistes, même mes proches s’y perdent.

Dans une autre de vos nouvelles, les chemins de deux anciens amoureux se croisent longtemps après. Vous croyez au hasard ?

Non, je crois que la vie est une grosse pagaille désorganisée. On interprète des faits qui ne sont dus qu’au hasard.

Vous prévoyez déjà vos prochains sujets ?

Je ne sais pas ce que je vais attaquer. Pas encore. La suite d’Une Nuit à Rome ? En ce moment j’essaie de l’écrire, et je verrai bien… Je n’arrive pas à m’investir dans autre chose tant que je ne sais pas si je saurai l’écrire. Tant que je ne l’aurais pas fait, je n’en serai pas débarrassé. Ce sera une nouvelle histoire. Dans Où sont passés les Grands Jours ? il y a de la nostalgie tout au long des pages.

Où sont passés les Grands Jours ? (Jim-Alex Tefenkgi)

Où sont passés les grands jours ? (Jim-Alex Tefenkgi)

Vos albums sont très contemporains et très cinématographiques.

L’Invitation a été adaptée au cinéma par Michael Cohen avec Nicolas Bedos. Je n’ai pas participé directement à l’écriture. Ce n’est pas frustrant. On a aussi signé un nouveau contrat pour Petites Eclipses. Avec 'Fane, on avait réalisé l’album à quatre mains. On avait chacun nos personnages, on les faisait parler, se « vanner ». Une belle expérience. On nous a souvent dit que le film Les Petits Mouchoirs s’était inspiré de l’album.

Une Petite Tentation a été aussi signée pour un projet d’adaptation. Ainsi que deux scénarios originaux, J’aime autant qu’on ne se quitte pas avec Stephan Kot et un Noël à Paris.

Vous êtes discipliné dans votre organisation au quotidien ?

La semaine c’est la BD, le week-end le cinéma. J’ai des scénarios que je veux adapter en BD. Je n’ai pas de discipline particulière. C’est très naturel chez moi de travailler constamment. Que faire d’autre ? Quoi de plus excitant que de raconter des histoires ? Cela dit, faire du scénario tout le temps est fatigant. On n’est jamais vraiment disponible, la tête est constamment prise. Le dessin est plus reposant, il libère est un peu plus l’esprit.

Scénariste ou dessinateur, auteur solitaire, c’est le même schéma ?

J’écris d’abord le scénario, les dialogues, de toute façon. Je suis plus bordélique quand il ne s’agit que de moi. Avec un dessinateur, je suis plus organisé au scénario. Le découpage est de toute façon le pilier de l’oeuvre. J’adore le découpage, je m’implique totalement dans tous les cas. J’aime par exemple me servir du trait de la bulle pour jouer, appuyer une action.

Un Petit livre oublié sur un banc (Jim)

Un petit livre oublié sur un banc (Jim)

Quand je dessine c’est plus simple, plus souple. Je fais des photos, j’ai des documents. Je trace des esquisses préparatoires, des fonds séparés, comme pour un dessin animé. Cela peut créer des accidents intéressants. J’imprime le résultat, je scanne et je mets en page à l’ordinateur. Je refais parfois le dessin de pages entières pour des collectionneurs s’ils veulent un original.

Vous vous imposez des contraintes ?

Non, je ne fais que ce que j’ai envie de faire, mais ça n’empêche les contraintes, bien évidemment. C’est une forme de contrainte différente. Ma difficulté est de ne pas donner l’impression que je me répète. Je refuse parfois des propositions car je ne m’amuse vraiment que quand je suis à la base du projet. Je suis toujours à la recherche du dessin qui m’épaterait et m’amènerait vers d’autres univers. Je cherche moi aussi de beaux moments, encore et toujours.

Héléna (Jim-Lounis Chabane)

Héléna (Jim-Lounis Chabane)

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