Rencontre avec Benjamin Lacombe, l’auteur de Frida, Alice au pays des merveilles, Alice de l’autre côté du miroir, Marie-Antoinette... Un des illustrateurs les plus renommé et prolifique de sa génération.
Extrait de Marie-Antoinette
A quand remonte votre envie de faire du dessin un métier ?
Benjamin Lacombe : C’est une question qu’on me pose souvent mais les gens qui demandent oublient leur enfance : on a toujours dessiné. On ne se lève pas un matin en se disant : je vais devenir dessinateur ! Quand j’interviens dans des classes, je me rends compte que les plus jeunes dessinent et que plus on avance en âge, moins les élèves dessinent.
Chacun trouve sa voie petit à petit. Pour moi, le dessin, c’est l’acte naturel du monde depuis les grottes de Lascaux. J’ai eu des images récurrentes, des obsessions nées pendant l’enfance et qui ressortent aujourd’hui dans mes illustrations.
Quand et pourquoi avez-vous choisi de plonger dans l’œuvre de Lewis Carroll en revisitant Alice au pays des merveilles et Alice de l’autre côté du miroir ?
Extrait d'Alice au Pays des merveilles
Quand j’ai lu Alice, j’ai découvert qu’il faisait partie des textes piliers et fondateurs dans un parcours artistique. C’est un univers dans lequel je me suis tout de suite senti bien, comme une ouverture vers une somme de possibles. Ce n’est pas un univers simple, plutôt complexe et riche au contraire. J’ai découvert Carroll avec Edgar Poe il y a une dizaine d’années. J’avais des images et des envies graphiques en tête en le découvrant dont le premier manuscrit illustré par l’auteur lui-même. Mais il n’a jamais été satisfait par ses dessins, ni ceux des illustrateurs qui s’y sont essayés après. Il y a pourtant de nombreuses références à l’image dans Alice.
Illustrer la suite, Alice de l’autre côté du miroir, s’est imposé ?
Je ne pensais pas faire le deuxième aussi tôt. Je bossais sur Frida, un livre très gourmand graphiquement : j’étais rincé. Mais j’avais le projet d’illustrer les deux Alice depuis longtemps, ça comptait beaucoup pour moi. C’était bien de pouvoir le faire dans la foulée du premier, car j’étais tellement tétanisé que ça aurait pu me prendre vingt ans...
Extrait d'Alice de l'autre côté du miroir
Quels sont vos projets ?
Je dois sortir chez Soleil un livre d’histoires et de contes du Japon. Je bosse sur un recueil d’une centaine de yôkais, un travail vraiment exceptionnel réalisé par le premier étranger naturalisé japonais. Il s’agit d’histoires racontées au coin du feu avec un jeu de l’oie... Sinon j’ai un projet d’expo en octobre avec Daniel Maghen qui éditera le catalogue qui l’accompagnera : il s’agira d’une sélection de mes œuvres sur les dix dernières années. Elle devrait prendre place dans un musée parisien puis va voyager en Italie dans une salle réalisée par Léonard de Vinci.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le dessin ?
Je n’ai jamais rien fait d’autre et j’adore dessiner. C’est un des seuls trucs que je puisse faire qui me tienne éveillé lorsque je suis fatigué. C’est chouette de créer des histoires, travailler sur le livre en tant qu’objet. L’illustration est un métier varié : on peut faire des affiches, des découpes...
Ce printemps, je pars en Colombie et en Argentine car Frida marche très bien là-bas. Cela permet de découvrir des lieux, des pays et des gens. Ce que j’aime moins dans le dessin, c’est le côté très solitaire : je mène toujours plein de projets de front, je ne fais que ça et je suis tout le temps à la bourre...
Extrait de Madame Butterfly
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