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Nob, supertchô attaché à tous ses personnages

Créateur du plus drôle des pères au foyer, Dad, Nob nous a raconté son amour pour tous ses personnages. A l’occasion de la renaissance du magazine Tchô en SuperTchô, ce rédacteur en chef de plus de 50 numéros du Mégazine, nous a raconté comment est née Mamette dans ses pages, avant que ses souvenirs ne deviennent un dessin animé !

Maquettiste, auteur et rédac’ chef

Comment êtes-vous arrivé à la BD ?

Nob : J’ai commencé quand j’étais adolescent : j’avais créé un fanzine au lycée. Pendant deux, trois ans, j’ai beaucoup dessiné dans ce petit fanzine et maquetté aussi !

Après je suis monté à Paris pour faire une école d’art et j’ai ralenti la bande dessinée à ce moment. J’ai ensuite été graphiste 2 ans avant de rejoindre une boîte de produits dérivés, où je dessinais pas mal de personnages de dessin animé. C’était une bonne école pour avoir une formation graphique !

Je n’avais pas perdu la BD de vue : j’avais toujours des projets en tête ! Nicolas Keramidas était mon colocataire et je travaillais en entreprise avec Julien Neel... Finalement, on était toute une bande à se fréquenter et à avoir envie de faire de la BD ! J’avais commencé à mettre en couleur des pages de Nicolas mais on travaillait tous à côté. Un jour mon épouse m’a mis au défi d’arrêter de parler de faire de la BD et de tenter un concours de Glénat. Et tout est parti de ce concours Jeunes Talents !

J’ai adoré dessiner, être graphiste et même rédacteur en chef de Tchô ! Je maquette d’ailleurs toujours mes propres albums !

Comment travaillez-vous ?

Ça dépend des séries ! Pour Dad, je fais une page par semaine. Pour Les Souvenirs de Mamette, ils ont été publiés à l’époque de Tchô, où je rendais des épisodes de 6 pages environ chaque mois. Je respectais des envies, des sensations. La scène de la bonne étoile, de la mort du cochon, du retour de son père : une grande partie des Souvenirs de Mamette repose sur le fait que mes grands-parents avaient une ferme et sur des choses que j’ai vécues comme tuer un cochon. Les enfants sont beaucoup plus déconnectés à présent de ce qu’ils ont dans leur assiette et le rapport à l’animal est un peu lointain.

Extrait des Souvenirs de Mamette T.1

Extrait des Souvenirs de Mamette T.1

Donc je faisais la moitié de l’album à partir de sensations sans trop me préoccuper de la cohérence puis j’écrivais les quarante dernières pages en essayant de serrer au maximum les fils narratifs. Le défi est de retomber sur mes pattes sur les quinze dernières pages ! Ce n’est pas une méthode que je conseille forcément mais qui moi me va bien. Je suis très attentif aux accidents de narration... Par exemple, le personnage de Jeannot n’était pas prévu au départ et il finit par être de plus en plus présent. Il conclut La bonne étoile par exemple.

Et vous impliquez dans les adaptations animées ?

Quand j’ai une série, j’aime suivre les à-côtés. Par exemple dans Les Souvenirs de Mamette et son adaptation en dessin animé, je suis de manière très attentive tout ce qui est charte graphique autour de la série. Ce qui est toujours dur à contrôler d’ailleurs !

Grâce à l’adaptation en dessin animé de Mon ami Grompf, j’avais pu voir comment ça se passait, à quel moment ça échappe à l’auteur... La série avait été bien adaptée, je n’ai pas eu de regret. A l’époque de Tchô, j’en avais aussi beaucoup discuté avec Zep qui m’a conseillé même s’il y a toujours un moment où les adaptations nous échappent.

Sur le dessin animé Les Souvenirs de Mamette, j’étais très présent à toutes les étapes car j’ai co-réalisé la série. Je suis très content du résultat, que je considère comme un prolongement des albums. L’inconvénient, c’est que ça prend beaucoup de temps. J’étais très heureux de pouvoir retourner à mes albums, pour lesquels je peux m’organiser seul, sans planning défini et conserver ma liberté.

Quand le dessin animé nourrit la BD

Est-ce que ça vous a donné des idées pour d’autres albums ?

J’ai mis tellement de choses dans l’adaptation des Souvenirs de Mamette que ça m’a un peu asséché au contraire. 52 épisodes d’une série, ça fait beaucoup d’histoires ! Je me rends compte à présent, qu’il faut vraiment prévoir des choses en plus de la série principale pour éviter de se marcher dessus. Dans le cas des Souvenirs de Mamette, le prochain album se passe plus tard ce qui me permet de faire avancer la série !

Extrait des souvenirs de Mamette publié dans le SuperTchô

Extrait du tome 4 des Souvenirs de Mamette en avant-première dans le SuperTchô !

La suite des souvenirs, ce serait quoi ?

Photo de Mamette dans le SuperTchô !

Photo de Mamette dans le SuperTchô !

le quatrième tome va boucler la période initiée dans le premier tome. Ce sera la fin d’un cycle. Si j’avais le temps et si je pouvais me dupliquer, j’aimerais faire Mamette à tous les âges. J’avais démarré la série par un personnage de grand-mère avec une écriture limitée à un environnement quotidien car j’écrivais pour le mensuel Tchô. Petit à petit, l’univers a grandi. On se demande ce qu’ont vécu les autres copines de Mamette par exemple !

Je suis très attaché à ce que les personnages soient crédibles et vivants. J’aime faire attention à ce qui n’est pas raconté dans les albums, ce qui m’a servi d’ailleurs pour le dessin animé puisque tous les personnages ont un passé, un avenir.

C’est ce qui permet de s’identifier à vos personnages ?

Dans Mamette, le personnage a pris une autre ampleur car sa vieillesse devenait moins anecdotique. J’ai enclenché petit à petit le chronomètre... Elle était âgée mais insouciante dans le tome 1, arrivé au tome 6, elle commence à avoir des soucis de santé. Plein de lecteurs sont inquiets mais j’essaie toujours d’être très léger sur la série. Un jour, un père de famille qui avait un fils de huit, neuf ans, m’avait dit que son fils c’était rendu compte du temps qui passait à cause de la série.

Extrait de Mamette T.1

Extrait de Mamette T.1

Quand j’avais commencé à écrire Mamette dans Tchô, je m’étais rendu compte  que les enfants n’avaient pas forcément conscience que cette grand-mère avait été enfant comme eux, c’est pourquoi j’ai commencé à montrer quelques pages ou on la voyait enfant, ce qui a fini par donner Les Souvenirs de Mamette. Cela permettait aux enfants de mieux se projeter et se rendre compte du temps qui passe.

On m’avait souvent dit que mes personnages âgées étaient crédibles et je répondais toujours que je ne prenais pas les personnes âgées en tant que personnes âgées mais en tant que personnes qui, il se trouve, sont âgées. Mamette a aussi eu une enfance dure et ça se sent dans l’évolution de son caractère. L’idée était de montrer aux enfants qu’on peut passer par-dessus une enfant pas forcément drôle.

Extrait de Mamette T.1

Extrait de Mamette T.1

Dans le dernier album, le thème de la paternité est assez présent...

Il y a une façon inconsciente d’écrire. Je suis conscient des thèmes qui se dégagent mais j’évite de trop analyser. Il y a beaucoup d’improvisation sur une grosse part de choses personnelles... Je pense que l’empathie avec les personnages que les gens ressentent vient de là. Par exemple, les épisodes de la série animée m’émeuvent toujours beaucoup, notamment ceux où Mamette est séparée de sa mère.

Vous avez d’autres projets ?

Je suis déjà bien occupé pour le moment. Je veux finir le tome 4 des Souvenirs de Mamette pour boucler le cycle. J’ai beaucoup de projets sur Dad. Avec le temps, l’écriture me vient de plus en plus facilement aussi. C’est possible qu’un jour, je fasse plus d’écriture que de dessin.

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