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Nicolas Barral: Viva a liberdade!

Sans tambour ni trompette, Nicolas Barral nous emmène au Portugal à la découverte des derniers jours de la dictature de Salazar. En complément à l'article paru dans ZOO 79, quelques questions à l'auteur de Sur un air de fado.


Comment vous êtes-vous familiarisé avec la culture et l'histoire du Portugal ? Quels documents avez-vous utilisés ?

Nicolas Barral : « Ma femme est d’origine portugaise. Lobo Antunes, Pessoa, Tabucchi (italien lusophone) faisaient partie du trousseau de mariage. Au musée de la résistance à Lisbonne, je suis tombé sur une documentaliste qui m’a recommandé les ouvrages de la chercheuse Irene Pimentel, spécialiste de la période, auteur d’une Histoire de la PIDE (la police politique de Salazar) ». 

Portugal, 1968. Depuis 40 ans le pays vit sous la dictature de Salazar.

Portugal, 1968. Depuis 40 ans le pays vit sous la dictature de Salazar.


La résignation et le fatalisme suffisent-ils à expliquer cette si longue dictature ?  

N.B: « Non. Il faut ajouter la propagande et la répression. Et puis il y a la résilience. L’individu apprend à composer avec les pans de liberté qu’on lui octroie. Un petit bonheur, tout de suite, vaut mieux que rien en attendant la révolution ».

Que pensez-vous de la BD de Gomont qui adapte Pereira prétend ? Il y a aussi sur le même thème le livre Maria et Salazar (Des ronds dans l'O), de Robin Walter. 

N.B: « Sur un air de fado découle de ma découverte en 1995 du Pereira prétend de Tabucchi. J’ai écrit une première mouture en 2005. Puis je me suis laissé distraire par différentes propositions (Veys, Benacquista, Malet) avant d’y revenir en 2015. Je me suis refusé à lire Gomont qui est paru en pleine réalisation. Idem pour l’autre ouvrage que vous citez. Je ne voulais pas me faire influencer ». 

Fernando Pais, médecin, préfère fermer les yeux sur ce Régime, après une expérience de jeunesse douloureuse.

Fernando Pais a vécu une expérience de jeunesse douloureuse


Vous imitez fort bien le trait de Jacobs ou de Tardi quand il s'agit de jouer dans la veine parodique ou la prolongation. N'est ce pas difficile de revenir à un trait plus personnel ?  

N.B: « Pour être précis, je parodie Jacobs et je me réapproprie Tardi. Revenir à Barral, je dirais même « trouver » Barral, a été une délivrance. Pour la première fois, j’étais seul aux commandes. Viva a liberdade ! »


Interview vidéo de Nicolas Barral, réalisée par son éditeur Dargaud.

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