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Michel Blanc-Dumont, le bédéaste qui murmurait à l'oreille des chevaux

Si Michel Blanc-Dumont incarne une véritable référence en western du neuvième art, c’est aussi grâce à une passion qui se combine à celle du crayon: les chevaux. Entretien avec le créateur du célèbre Jonathan Cartland. 


Pouvez-vous nous parler de votre passion pour les chevaux? 

Michel Blanc-Dumont: Si j’ai dessiné beaucoup de westerns dans ma vie, c’est en lien avec ma passion pour les chevaux. J’ai commencé par faire des randonnées à cheval dans un petit ranch du Périgord. J’y allais avec mon carnet à dessin et je dessinais des chevaux toute la journée. Je suis passionné de chevaux et surtout de la race américaine la plus connue dans le monde, le Quarter Horse. Ce terme vient des courses de chevaux qui se faisait sur une durée de un quart de miles sur la route centrale des villages à l’époque de l’Ouest américain. 



En 1981, vous avez fondé l’Association Française du Quarter Horse (AFQH)?

Michel Blanc-Dumont: Oui j’ai créé cette association et je m’en suis occupé avec mon épouse. On en a été un peu les pionniers en France. Aujourd’hui, l’association compte des dizaines de milliers de chevaux. Alors qu’au commencement, nous n’en avions qu’une dizaine! Ce type de chevaux, le Quarter horse, correspond bien aux loisirs. Il est très gentil et endurant. Si les gens ne souhaitent pas faire de la haute équitation, ils peuvent faire de la randonnée.



Que représente le western pour vous? 

Michel Blanc-Dumont: Je suis d’une génération où le western était très important. Ce genre a notamment marqué l’histoire du cinéma et j’ai été nourri de cette culture. Même si j’ai adoré les films de John Ford et de John Wayne, j’ai été passionné par des films de la période suivante. Ils sont davantage humanistes et comprennent une vision de l’histoire américaine moins stéréotypée comme Little Big Man. Je dois avouer cependant que je préfère les documents historiques à la reconstitution à travers un film. Je suis beaucoup plus sensible à des cartes d’époque ou des photos anciennes où l’on voit des visages d’indiens comme celles de Curtis, un merveilleux photographe du 19ème siècle.
Jusque dans les années 90, c’était assez difficile de trouver de la documentation. Mais depuis internet, je peux me documenter à l’infini! Sur la guerre de sécession par exemple, je peux trouver des photos familiales très humaines… C’est très touchant. 


Vous avez toute une collection d'objets américains, tels que le Bowie Knife et une réplique de revolver colt Navy. Ces objets sont-ils source de documentation pour élaborer vos albums? 

Michel Blanc-Dumont: A vrai dire, j’ai une réelle passion pour l’Histoire. Forcément, j’aime beaucoup celle de l’Ouest américain. Mais j’aurais très bien pu faire une série sur Napoléon en dessinant tous ces uniformes d’époque ou encore des histoires de pirates avec des bateaux… Je trouve cela vraiment très beau.


Quel est votre rapport à l’Amérique?

Michel Blanc-Dumont: Je dirai qu’il se résume à un propos d’Eddy Mitchell, que je connais bien pour avoir travaillé avec lui: « C’est pas l’Amérique que j’aime, c’est mon Amérique ». Il s’agit d’aller chercher ce que j’aime là-bas. Je préfère l’Amérique rurale aux grandes villes. Dans ces dernières, je ne suis jamais resté plus d’un ou deux jours.
A propos d’Eddy Mitchell, je l’ai rencontré dans les années soixante-dix. Je faisais des illustrations pour un de ses coffrets de musique mais aussi pour un album collectif en BD paru chez Soleil. Et on a eu un grand projet qui n’a pas abouti malheureusement. Dans le scénario, Eddy était justement dessinateur de western. J’ai pu le voir à plusieurs reprises et ça a toujours été amusant.  


A propos de vos autres collaborations, Peugeot s’est servit de vos talents et de votre passion pour le western en 1983 pour illustrer la campagne de Peugeot 205. 

Michel Blanc-Dumont: Quand ils ont mis en place la promotion de la voiture, ils se sont même resservi de mon lettrage! A l’époque, ils utilisaient beaucoup de dessins BD dans la publicité. J’ai fait beaucoup de pubs pour Citroën mais aussi des affiches de films.
J’ai travaillé pour Jean-Jacques Annaud pour son film Le Nom de la rose. J’avais fait une affiche qui n’avait pas été sélectionnée mais ça m’avait permis de le rencontrer.
J’avais aussi fait une affiche pour un film de Gérard Jugnot, un film de chevaliers…




Quels éléments du paysage américain sont sources d’inspiration pour vous? 

Michel Blanc-Dumont: Depuis toujours, j’ai eu la chance de faire des régions avec des chevaux et des décors qui me parlent. Cela se résume à beaucoup de ranchs et de belles rencontres… L’Arizona m’a beaucoup marqué, c’est vraiment l’Ouest mythique. A chaque coin de rue, il y avait de quoi faire une bande dessinée. J’aime également beaucoup le Wyoming et le Colorado où il y a des montagnes et de la neige en hiver. Ce sont aussi de très beaux décors.


Concernant votre première série, quel lien gardez-vous avec Jonathan Cartland? 

Michel Blanc-Dumont: Un lien plus qu’affectif. C’est mon personnage. J’ai repris Blueberry à la demande de Jean Giraud mais mon univers est celui de Jonathan Cartland. Ce que j’aime particulièrement est la représentation des indiens des plaines auxquels je me suis beaucoup intéressé. Bien qu’il se vendait très bien, j’ai dû arrêté Jonathan Cartland malheureusement car j’avais des difficultés relationnelles avec la scénariste. Malgré son talent et mon affection pour elle, nous avons dû arrêter notre collaboration.
Mais, peut-être qu’un jour, je ressortirai un one-shot de cette série…



 

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