Alexis Nesme publie des BD depuis le début des années 2000. Il s’est notamment illustré eavec deux albums revisitant l’univers de Mickey, un avec Lewis Trondheim au scénario et l’autre en tant qu’auteur complet. Rencontre.
Vous avez publié en octobre 2022 Terror-Island, une aventure de Mickey, Donald et Dingo pour la collection Créations originales chez Glénat. C'est votre second album avec ces trois personnages. Avant cela, Walt Disney avait-il une influence sur votre dessin ?
Alexis Nesme : Je connaissais évidemment les comics Disney, mais je n'en étais pas un très gros lecteur. Et surtout, je ne connaissais pas tellement les dessinateurs, à part les deux grands que sont Floyd Gottfredson et Carl Barks. Ma porte d’entrée à Disney était plutôt l'animation. Comme je suis fan de pas mal d’illustrateurs du début du XXe siècle, je me suis beaucoup intéressé aux grands auteurs qui ont travaillé en amont des longs métrages Disney comme Gustaf Tenggren. Ou aux dessinateurs qui ont contribué aux premiers courts métrages ainsi qu’aux longs métrages en couleurs, les Mickey, les Silly Symphonies que je trouvais vraiment très jolis. Les fonds peints (c’est-à-dire les fonds gouachés sous cello), l’animation de qualité, tout ça, c'est vraiment ce que je préférais !
Terror-Island de Loisel © Glénat
Et puis j’ai vu deux belles expositions à Paris qui m’ont amené à m'intéresser encore plus à l'univers autour de ces films d’animation : il y a eu une expo au Grand Palais qui présentait toutes les influences européennes de Disney (les graveurs européens, les peintres animaliers, Beatrix Potter...) et une expo Arludik autour des créateurs Disney, avec des cellos, des créations, des croquis et notamment les dessinateurs qui sont à l’origine des longs métrages. C'est une habitude que Disney et Pixar ont gardée d'avoir d’excellents dessinateurs qui font des recherches de décors, en couleur, en amont des films.
Donc c'est plutôt l'animation Disney que la BD Disney qui vous a marqué ?
Alexis Nesme : Oui, mon lien avec Disney est un lien d’amoureux du dessin et je suis plus intéressé par les dessins de recherche, de création de décors, qui se font autour des longs métrages. Le travail d'encrage ou du noir m'intéressait un peu moins. Et pour le dessin, plus c’est ancien, plus j'aime le trait ! C'est pour ça que Gottfredson est le dessinateur que je préfère : il a vraiment retrouvé le Mickey des années 30-40, ce que j'ai essayé de faire aussi dans mes albums.
Vous avez une admiration pour Gustaf Teggren, qui avait fait les fonds de Pinocchio...
Alexis Nesme : Il avait fait des recherches pour Pinocchio, mais le film est assez éloigné de ses dessins qui étaient vraiment très sombres. Il y a de très belles aquarelles. Ses dessins d'architecture dans le village de Pinocchio ont été conservées pour le film et sont très beaux : ça fait un peu architecture flamande qu'on voit dans les tableaux de la Renaissance. Sa représentation est un peu tordue... et jolie ! Il avait fait d'autres dessins de recherche pour Pinocchio qui coule, ou Pinocchio dans le ventre de la baleine. Le Pinocchio qu'il a dessiné aurait été vraiment « segmentant ». Ils ont trouvé quelque chose d’un peu plus coloré, d’un peu plus rond.
Vous avez aussi été marqué par Loisel qui a lui-même été marqué par Disney...
Alexis Nesme : Je connaissais la BD classique comme tous les petits Français qui ont les grandes séries comme Astérix, Tintin et tout ça. Mais Loisel m’a vraimentfait entrer dans le monde de la BD quand j’étais ado. C’est vrai que j'adorais son univers, La Quête de l’oiseau du temps puis Peter Pan. Je sais qu'il a un fort lien avec Disney et c’est sûrement grâce à lui notamment que cette collection existe chez Glénat, car il partageait avec Jacques une envie autour de Mickey.
Votre travail sur Horrifikland est issu de votre demande de participer à Mickey ou est-on venu vous chercher ?
Alexis Nesme : C'est grâce à Lewis Trondheim que je suis entré dans cette collection. Il m’avait proposé de travailler avec lui, évoquant plusieurs projets : un spin-off de Ralph Azam, de la fantasy... Et quand j'ai été enfin disponible, il venait de finir le Mickey avec Nicolas Keramidas, donc il m'a demandé si ça me plairait d’en faire un aussi. Quand il m'a dit ça, j'avais déjà découvert les quatre premiers tomes, tous assez différents et vraiment beaux. Donc j'avais très envie de faire partie de l'aventure !
Faire votre propre scénario pour Terror-Island, c'était pour aller sur des ambiances colorées, chaudes, le ciel... tout ce que vous n’aviez pas pu faire sur Horrifikland qui se passait plutôt la nuit ?
Alexis Nesme : Pour Horrifikland, j'ai gentiment râlé avec Lewis en m’amusant du fait que la nuit tombe à la troisième page et dure tout l'album ! Mais au final, cela a été un petit challenge de faire des ambiances très différentes, saturées, désaturées, rouges, bleues, vertes... Bref, ça m'a amusé de jouer avec la nuit !
Horrifikisland © Glénat
Pour Terror-Island, comme j'étais aux manettes de l'histoire, j'ai pu me faire plaisir. Mais l'idée est quand même de raconter une histoire, pas de faire plaisir au dessinateur ! Donc si l'arrivée des bateaux, que j'aime bien dessiner, ou la forêt n'avaient pas eu de sens dans l'histoire, je ne les aurais pas intégrés. Mais c'est vrai que là, j'ai pu avec cette histoire parcourir plein de mondes différents que j'aime dessiner. Et effectivement être un peu plus de jour… pour avoir de beaux nuages !
… avec de beaux couchers de soleil, de beaux éclairages ! Est-ce que cette fois, c’est Trondheim qui a été frustré ? De ne pas pouvoir poursuivre avec vous sur la lancée du premier album ?
Alexis Nesme : On voulait retravailler ensemble sur ces trois personnages avec Lewis. Il a proposé un autre scénario juste à la fin du premier tome, mais chez Disney, on ne sait pas exactement à quelle vitesse ils répondent et ce qu’ils vont dire ! Bref, on a attendu un peu plus d'un an. Pendant ce temps, j’ai rebossé avec Lewis sur un autre album, le tome 6 de Donjon Parade. Et quand on a eu la réponse, elle impliquait des modifications qui n’avaient pas trop de sens pour nous. De son côté, Lewis avait d’autres scénarios qui avaient été refusés par Disney et il était sur plein d'autres projets, par ailleurs. Aussi, il m’a annoncé son intention de ne plus travailler dans cette collection. J'étais un peu chagriné. J'ai laissé passer du temps, puis je lui ai demandé si cela ne l’embêterait pas que je propose quelque chose seul. C'est ce que j'ai fait. La réponse est arrivée et cela s’est bien passé.
Votre scénario est dans la lignée de celui de Trondheim, même s’il y a une prise en contre-pied pour que l’histoire se passe cette fois de jour...
Alexis Nesme : Je voulais un esprit de série, comme le premier. C'était un peu Scooby-Doo, un peu horreur : avec les clichés, les amusements que ça peut engendrer. Avec mon trio de référence des courts-métrages des années 37 : Dingo, Mickey et Donald. J'avais envie de garder tout ça. L’idée était de repartir sur une nouvelle enquête, avec ce côté série, comme un deuxième épisode de Scooby-Doo : on garde les mêmes et on recommence !
Et comment avez-vous procédé pour l'écriture du scénario : l'avez-vous fait seul ou avez-vous échangé avec Trondheim ?
Alexis Nesme : J'aurais été embêté de lui demander. C'est vrai qu’on avait évoqué ensemble plusieurs pistes de scénarios dont celui qu'on avait proposé. Mais j'avais envie d'aller dans une autre direction pour ne pas marcher sur ses platebandes. L‘idée était de garder la forme de l’enquête et les trois personnages, mais je me suis débrouillé sans Lewis.
On trouve dans votre histoire une référence à Indiana Jones. Peut-être aussi à Tintin, avec la recherche du trésor, même si ce n'est pas le perroquet qui crie, mais des singes qui balancent ?
Alexis Nesme : Tintin, ce n’était pas volontaire, mais ce sont des univers qui se croisent. Quelqu’un m’a dit à Saint-Malo que l'idée de la boule géante par exemple, Spielberg l’avait prise dans une histoire de Mickey. Et je sais que Spielberg a aussi une inspiration forte de Tintin. Donc c'est vrai que c'est marrant, ces allers-retours : je fais un Mickey avec référence à cette boule d’Indiana Jones qui vient de Mickey à l'origine... je trouve ça amusant !
Comme pour Horrifikland, j’avais envie de garder l'ambiance Tim Burton et l'horreur amusante de Disney avec la maison hantée (NDLR : Les Revenants solitaires, court métrage d’animation Disney de 1937). La référence qui m’est venue tout de suite en tête, c’est Indiana Jones. Et je voulais aussi avoir, effectivement, de l'aventure au niveau visuel, des paysages, des choses assez différentes à dessiner.
Pour le dessin, vous avez utilisé la même technique graphique que pour le premier album, : crayonné bleu plus graphite, puis mix aquarelle-gouache ?
Alexis Nesme : Peut-être un peu d’encre, même. En fait, je me suis simplifié la vie. Je faisais plus d'expérimentations dans les albums précédents. Là, je n’ai vraiment quasi que de la gouache et un peu de crayon, un peu de pastel.
La gouache, c’est un matériau que vous aimez quand vous faites référence aux gouaches des grands anciens chez Disney...
Alexis Nesme : C’est compliqué de se battre avec les techniques. Toutes ont des avantages et des inconvénients. J'aimerais avoir la technique idéale, mais je ne la trouve pas, donc ça m'arrive de faire des mélanges.
J'avais l'habitude de croiser technique liquide et technique épaisse. Or la gouache est ce qui est le plus couvrant. Je l’utilise aussi parce que c'est moins énervant que l’acrylique, sans être non plus l'idéal pour moi. J’ai toujours quelque chose qui ne me va pas trop, mais bon...
Vous avez fait le chemin inverse de beaucoup de dessinateurs qui passent du papier au numérique, car je crois qu'au début, à l'époque de Grabouillon, vous faisiez du dessin numérique ?
Alexis Nesme : En fait, j’ai toujours bossé en traditionnel. Mes premières série jeunesse étaient en aussi en peinture. Grabouillon, c'était comme un petit accident de parcours. Je me suis amusé à travailler l'image de synthèse et j'étais alors quasiment le seul dans l'édition. J'ai commencé à faire des petits strips dans des magazines et je me suis dit que je pourrais faire un album BD ainsi. C'était amusant d'avoir la première BD en images de synthèse du moment. La série BD, dans la collection jeunesse de Delcourt, a eu une vie plutôt discrète, mais a été adaptée en série animée qui a bien marché. Donc c’est une belle expérience, mais la BD en image de synthèse était un accident dans ma carrière de dessinateur !
Grabouillon d'Alexis Nesme © Delcourt Jeunesse
Sinon, pour revenir à Terror-Island, il y a peu d'architecture à part celle du bateau et du sous-marin, mais beaucoup de scènes dans la nature. Ce n'est pas le même type de plaisir, la création d'un univers technique par rapport à un univers avec animaux et végétation... Vous avez une préférence ?
Alexis Nesme : J'aime bien dessiner l’architecture donc c'est vraiment l'histoire qui m'a plongé dans la nature luxuriante, puis à travers les océans. Je me suis fait vraiment plaisir sur tous les décors : la jungle, les bateaux... Mais c'est aussi un challenge de faire quelque chose auquel on n'est pas habitué. Et l'architecture, j'aime bien. D'ailleurs, comme on a évoqué à Saint-Malo la possibilité d'en faire un 3e, je me suis dit que pour changer, ça pourrait être bien d’avoir quelque chose qui se passe en ville.... Ça m'a donné à réfléchir. Pour l'instant, j’ai d'autres projets en tête, mais j'aimerais bien. C'est donc vraiment un hasard qu’il y ait aussi peu d'architecture dans ce tome 2.
Terror-Island d'Alexis Nesme © Glénat
Parlons du découpage, marquant, donnant l’impression que dans Terror-Island vous avez beaucoup plus travaillé « l'originalité » de la composition de chaque page. Il y a ces effets de lianes dans la jungle qui séparent les cases, la superbe double page avec le labyrinthe... C'étaient des défis que le scénariste lançait au dessinateur ou une demande du dessinateur au scénariste ?
Alexis Nesme : Quand j'imagine une séquence d’une histoire, j'ai l'impression que c'est un dessin animé, dans ma tête. Et c'est à moi de le redécouper en cases pour faire ce travail de mise en scène ; évidemment l’image que j’ai en tête est plus dynamique que ce qui peut se passer dans un bouquin. Et je peux l'exploiter comme je veux, ce qui n’est pas le cas d'un scénario qui arrive d’un autre. Lewis me laissait beaucoup de latitude sur la mise en scène, c'est-à-dire qu'il me faisait un scénario dessiné, mais je pouvais changer les plans, les cases, choisir mes cadrages. Mais là, comme j'avais les idées en tête, certaines ont pris tout de suite des formes un peu différentes, comme l'histoire du labyrinthe ou la grande séquence dans la jungle qui permet une plongée dans la forêt.
Gros travail également sur la lumière, sur l'éclairage, sur le ciel. La luminosité, c'est important pour vous ?
Alexis Nesme : J’ai une technique qui n’est pas tenue par un trait, comme c'est de la couleur directe sans contour. Donc je suis obligé de travailler un peu comme les peintres classiques, sur les contrastes, que ce soit coloré ou lumineux, pour pouvoir faire ressortir un premier plan, un arrière-plan. Afin que l’œil se focalise là où il doit, souvent sur les personnages. C'est tout un travail de mise en lumière qui m'amuse beaucoup. À chaque album, j’essaie de trouver un univers de référence. Quand j'ai fait[{RED_ALB-220932}] Les Enfants du capitaine Grant[{/RED_ALB-220932}], c'était clairement la peinture classique qui m'intéressait : la façon de peindre les ciels ou les arbres était vraiment inspirée de la peinture de la Renaissance.
Pour Disney, je me suis plus intéressé aux illustrateurs du début du XXe siècle. J’aime beaucoup Gustaf Teggren, comme je l’ai dit. Arthur Rackham, aussi, mais il ne travaille pas vraiment la lumière. Il y a beaucoup d’illustrateurs que j’ai voulu retrouver. Donc je fais un mix entre mes références graphiques, quand j’ai envie de faire quelque chose de joli. Et je fais des choix de mise en scène qui permettent de découper les cases ou les planches par la lumière.
Finalement, vous vous adressez à qui à travers ces albums ? Mickey est référencé jeunesse. L'histoire est tout à fait lisible par les enfants et aussi au second degré. Mais Indiana Jones, est-ce que c'est acquis dans la culture populaire ? Ou est-ce que vous adressez plutôt aux nostalgiques voire à vous-même, avec ce côté référentiel ?
Alexis Nesme : Les références, ce sont des petites notes pour agrémenter l'aventure. On peut ne pas les avoir et se balader quand même dans l’histoire. Les références à Indiana Jones, c'est un peu comme les codes de l'horreur classique. Ce sont des codes qui ont été repris et multi-repris, par exemple mes filles regardaient Chicken Run et il y a la boule d’Indiana Jones, des marteaux qui tombent du ciel ou des fléchettes empoisonnées. C'est quelque chose qu'on peut retrouver, qui font des allers-retours entre la BD, le cinéma et l'animation. Donc je pense qu'un enfant, sans avoir vu Indiana Jones, a peut-être déjà vu des blagues avec une boule qui tombe dans un temple ou des fléchettes empoisonnées : ça peut être dans Scooby-Dooh, dans des séries... donc ce sont des petites références qu'on a. C'était ce qu'on avait avec Horrifikland, sur ce qu’il se passe dans une maison hantée, avec les têtes qui volent, les fantômes, les squelettes articulés. Si on ne les a pas vus dans un Disney, on les aura vus dans une autre série animée.
Est-ce que Disney vous a, entre guillemets, « contraint » ou fait refaire des choses soit dans le scénario soit dans le dessin. Vous disiez qu'il y avait eu un certain nombre de retours sur celui avec Trondheim, ce qui l’a fait abandonner...
Alexis Nesme : Il y a eu des heurts avec certains auteurs. Moi, j’ai un parti pris plutôt d'aventure « classique », donc en termes d'histoire, je n'ai pas eu de problème. Après, il y a des petites modifications, des surveillances sur de petits détails : quand je dessine une cave, il ne faut pas trop que l’on voie les bouteilles de vin. Quand j’ai dessiné la pêche au poisson, il y avait une petite séquence de pêche avec un gag sur le bateau. Je me dis « ouh là là, la pêche, la mort de l'animal, c’est dangereux, donc je fais le poisson qui retombe du bateau et qui s’en sort ! ». Mais on m’a demandé malgré d'éviter le fil dans la bouche ! C'est vrai que pour un enfant, si on peut éviter qu’il imagine le hameçon déchirant la bouche du poisson, on le fait...
Le parti pris de la collection au départ était plus de s'éloigner de l'univers Disney classique avec des auteurs francobelges, mais on est quand même limité par le fait que chaque enfant puisse tomber sur ces bouquins en bas âge, donc, il ne faut pas qu’il y ait de choses trop compliquées !
Rester politiquement correct, en effet... Autre chose, vous aviez mentionné qu’après cet album (ou le précédent) destiné aux enfants, vous pensiez faire un projet de BD plus adulte. Où en êtes-vous ?
Alexis Nesme : Je dis tout le temps ça ! En fait, je prends les projets quand ils arrivent. Lewis m’a proposé beaucoup de choses ces derniers temps et chaque fois, ça me plaît, je ne peux pas refuser ! Alors que j'avais aussi des envies de scénariste. Donc après m'avoir proposé le Mickey, il m'a proposé un Donjon, et là il m'a proposé un autre one shot sur lequel on bosse ensemble. Donc je repousse ! J’ai plusieurs envies dans différentes directions, mais il me faut pas mal de temps pour faire un album. Je travaille déjà beaucoup en jeunesse, mais… un album après l’autre !
Vous avez parlé tout à l’heure assez rapidement des Enfants du capitaine Grant. Dans votre version, les personnages sont aussi des animaux. Disney y est aussi pour quelque chose ?
Alexis Nesme : Je ne pense pas ! L’influence initiale, ce sont plutôt les séries animées de ma jeunesse : Le Tour du monde en 80 jours et Sherlock Holmes qui était un peu plus réaliste. Miyazaki a d’ailleurs travaillé sur ce dernier, je crois. Deux séries animalières que j’avais gardées dans un coin de mon esprit.
L’élément déclencheur, c'est que j'avais participé à La Fontaine aux Fables, des albums collectifs Delcourt. J'avais vraiment aimé dessiner les animaux, puis j'avais fait avec un ami un projet sur Frankenstein (avec des personnages humains), mais chez Delcourt, il y avait déjà un Frankenstein prévu pour leur collection d'adaptations littéraires. Il m’a suggéré de proposer autre chose. Je me suis donc penché sur d'autres livres à adapter, car le principe m’intéressait. En lisant Jules Verne, je voyais des animaux, sûrement à cause des deux séries que je viens de citer. J'avais des éditions avec les gravures originales dans lesquelles les personnages sont pas du tout caractérisés : ils sont vus de loin, on ne voit pas leur tête, ils n’ont aucun caractère... donc c'est hyper facile de se les approprier. Cette idée est venue sans raison, j’ai dessiné les personnages en animaux, sans me poser de questions, sans même en parler à mon éditeur.
Comment a-t-il réagi ?
Alexis Nesme : Tout le monde était surpris ! C’est Jean-David Morvan qui dirigeait la collection à l'époque. Il était surpris et Guy Delcourt aussi. Ils m’ont demandé un nouvel essai avec des humains, mais en le faisant, je me suis rendu compte que le côté animalier se justifiait par le fait qu’autant les descriptions dans le roman était très réalistes, autant ce qui se passait était décalé. Comme pour les premiers albums d’Hergé avec un tremblement de terre, une inondation... Tout se suivait comme ça, de manière assez irréaliste. Donc il fallait représenter le décalage dans le dessin et les animaux devenaient logiques. J’ai dessiné pour ce second essai des humains assez caricaturaux, assez jeunesse. Et tout le monde a finalement préféré les animaux !
Merci beaucoup, Alexis !
Votre Avis