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Rencontre avec Herik Hanna autour de l'exposition Altamont au Cabaret Vert

En prévision de l'exposition Altamont présentée au Cabaret Vert, notre journaliste, François Samson, a interviewé Herik Hanna dé but juin. Rencontre.

Quel est pour vous l'objectif d'une telle expo dans un festival à la fois BD et musique ?

Herik Hanna : Sur ce coup-là, je dois vous avouer que je n'ai pas du tout pensé à l'évènement en termes d'objectif. Tout simplement parce que c'était une excellente surprise et ça n'a été que du plaisir depuis. Une super proposition du Cabaret Vert pour accompagner la sortie de l'album, des organisateurs et des collaborateurs enthousiastes, des auteurs ravis d'y participer... l'expo est une énorme et belle cerise sur le gâteau Altamont. Un dessert déjà bien chargé, côté plaisir et chantilly. Donc... tout simplement ravi. J'espère que les visiteurs le seront aussi.


Charlie Adlard, Herik Hanna : L'Électrochoc Altamont, pont entre rock et BD

Qu'aimeriez-vous que le visiteur retienne de cette expo ?

Herik Hannah : Évidemment, c'est avant tout le talent éclatant de Charlie qui va s'exprimer lors de cette exposition. Et notamment son talent de coloriste cette fois. Grâce à des planches originales, des grands formats, des pleines pages, différents croquis et recherches des personnages et une magnifique affiche en prime. De mon côté, j'ai juste essayé d'accompagner un peu le lecteur / visiteur avec des anecdotes de travail et quelques confidences autour des planches. De brefs aperçus de notre collaboration, de notre travail ensemble... mais aussi quelques confidences sur les détails qui n'en sont pas, cachés entre les lignes de l'album.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de répondre à cette demande de scénario de Charlie via un responsable éditorial français, Thierry Mornet ?

Herik Hanna : L'élément déclencheur, c'est justement ce premier coup de fil. J'ai d'abord été surpris par la proposition parce que j'ai plus souvent l'habitude de travailler avec des super vilains, des tueurs en série ou des monstres tentaculaires. Donc, Charlie beatniks un évènement incontournable de l'histoire du rock, marquant, tragique, dans un cadre réaliste... vraiment ? Un bref instant, je me suis demandé si Thierry ne s'était pas trompé de numéro. Mais je me suis bien gardé de partager ces premiers doutes et je n'ai pas eu le temps de me poser la question bien longtemps puisque les personnages sont arrivés très, très rapidement. Et en raccrochant, j'avais déjà presque tout mon synopsis en tête.

À vrai dire, c'est pour ce genre de moments que j'aime ce métier. Lorsque les questionnements autour d'un projet s'effacent très vite et les muses répondent instinctivement, presque à votre place : " OK, on s'en charge. C'est pour nous." Ça veut dire que le sujet vous parle mais aussi que vous allez pouvoir vous exprimer à travers lui. Autrement dit, ça va vous permettre d'être sincère. Et c'est la clé, il me semble.

Herik Hanna : Rencontre avec Herik Hanna autour de l'exposition Altamont au Cabaret Vert

Charlie Adlard et Herik Hanna en dédicace au Cabaret Vert pour Altamont


Quand vous avez écrit votre scénario, le faisiez-vous en musique ? Quel type ?

Herik Hanna : Alors non, pas durant le travail d'écriture en lui-même. Parce que j'ai besoin du plus de silence et de calme possible lors de cette étape. Je commençais mes journées vers 3 / 4h du matin notamment pour ça.

En revanche, systématiquement avant d'écrire et quasiment à chaque pause ensuite. Consulter le Top 100 US de l'année 69, c'est la première chose que j'ai faite en commençant à travailler sur l'album. Non pas pour rechercher ce qu'allaient écouter nos principaux protagonistes... j'en avais déjà une petite idée... mais pour découvrir ce que tout le monde écoutait aux États-Unis cette année-là. Et je m'y suis plongé pendant deux mois. Plus mes groupes et guitaristes préférés de l'époque. Plus la programmation d'Altamont en elle-même... une sacrée BO.  

Les dialogues sont très travaillés. Une forme de "musique", pour vous, même si on les lit dans sa tête ?

Herik Hanna : C'est exactement ça. La musicalité des mots. Et c'est l'un des aspects du métier que je préfère aussi. Le travail du dialogue en lui-même. Et il y a beaucoup de similitudes avec la musique, en effet, notamment concernant le rythme ou les silences par exemple. Une grammaire lexicale commune aussi. Mais... que vous mettiez en scène de jeunes beatniks sur la route en 1969 ou des animaux parlants dans un univers shakespearien (par exemple :), les mots doivent sonner et sonner juste. Ce qui n'est pas forcément la même chose. Et en français, quel que soit le contexte. Tenter que cette alchimie fonctionne du mieux possible, c'est une grande part de mon travail et de mon plaisir derrière le clavier. N'est pas Tolkien qui veut, rares sont ceux qui peuvent inventer de véritables langues... capables d'être parlée, pratiquée, enseignée... dans leurs œuvres. Mais vous pouvez... et quelque part, devez... créer un langage, un phrasé, un rythme, une musique des mots propre à votre univers. Avec une langue française incroyable, assez magique pour ça, qui recèle de double sens, de sens cachés et de sens premiers oubliés.

Si un lecteur devait lire Altamont en écoutant un seul album, ce serait lequel ?

Herik Hanna : Un seul album... pas évident. Le mieux, ce serait sans doute un florilège des morceaux présents dans l'album, si vous souhaitez faire votre propre playlist ou avoir exactement la même bande-son que les personnages. Ça peut être chouette. La liste des morceaux est évidemment dans le livre, et sera aussi être accessible lors de l'exposition.

Herik Hanna : Rencontre avec Herik Hanna autour de l'exposition Altamont au Cabaret Vert

De mon côté, s'il ne fallait en retenir qu'un, je vous conseille surtout un album, sorti cette année-là. The Yardbirds et Cream sont les deux groupes les plus célèbres d'Eric Clapton. Mais en 1969, avec Steve Winwood et Ginger Baker, ils créent Blind Faith. Un groupe éphémère donc mais avec un superbe et unique album et une chanson titre, Can't Find My Way Home, qui figure dans la BO d'Altamont. Pour moi, c'est un peu l'hymne caché de l'album, tant les paroles résonnent avec les sentiments de l'un des protagonistes. C'est LE morceau que j'écoutais systématiquement, tous les jours avant de me mettre au clavier. Alors... si ça marche aussi pour vous, vous pouvez mettre celui-ci en tête de liste :)

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