Yakari, Buddy Longway ou Attila, Derib depuis plus de 50 ans est un maître désormais classé parmi les grands de la BD. Il crée à 22 ans son personnage de Yakari mais c’est avec Job aujourd’hui décédé au scénario que le petit indien prend son envol. Derib, un éternel enfant qui a 80 ans, est le héros du dernier hors-série de Tonnerres de Bulles.
Le dessinateur des Hautes plaines, sous-titre du hors-série, s’y prête à une interview fleuve dans lequel il dit tout sur sa carrière. Comme le rappelle Laurent Assuid le rédacteur en chef de ce hors-série « l’ADN de la revue c’est cet interview fleuve ». Mais Derib « pour les Suisses, les auteurs c’est un totem. Cosey en parle avec émotion ». Derib raconte comment est né Yakari il y a presque 60 ans : « Je travaillais à l'époque avec Peyo sur les Schtroumpfs. Avec Walthéry on recherchait des personnages. On avait même pensé à un petit Camarguais car je suis un amoureux inconditionnel du cheval. Une vraie passion qui m’a valu de monter en concours et d'avoir comme ami Jean d'Orgeix, un maître en la matière ». Yakarí ce sera au total 42 albums. Job ira jusqu’au 39. « Notre association avec Job pour Yakari a aussi donné un journal au nom de notre héros, pendant vingt ans. J'ai quitté la Belgique pour m'installer en Suisse et je dessinais chaque année deux albums, un Yakari et un Buddy Longway auquel j'ai mis un terme. Buddy vieillissait et meurt dans le dernier album. J'avais fait le tour du personnage. Je le savais dès le départ. Yakari, c'est le principe de Tintin. A l'époque les héros de BD ne vieillissaient pas ».
Pour le hors-série Laurent Assuid bouge le chemin de fer selon « la carrière de l’auteur. J’ai trouvé amusant de faire ressortir ce qu’il a dit sur Peyo, Franquin ou son personnage Attila moins connu. Il faut varier les angles pour capter le lecteur. Il y a deux rubriques fortes dont celle de Philippe Morin sur les fanzines, un regard original à chaque hors-série cette fois à travers l’œuvre de Derib. La seconde c’est l’hommage dessiné ou en texte de ses amis, Lepage, Zep, Girod. Il n’y a pas plus précis qu’un auteur qui parle d’un confrère ».
Tonnerre de bulles : Hors série, T.12, Dérib le dessinateur des hautes plaines © les petits sapristains
Un auteur aux sujets sociaux
Un ouvrage très illustré pour cet élève de Franquin, Jijé. Assuid précise : « Je tiens beaucoup à l’image. Je viens de la presse magazine où elle a une place primordiale. Nos hors-série sont des books monographiques entre le magazine et le livre. Raymond Larpin qui est Suisse a fait l’interview. Il n’habite pas très loin de chez Derib. On n’hésite pas à faire courir l’interview sur plus de 40 pages. Il faut le rythmer, avec l’aide de Patrick Gaumer qui a fait le portrait biographique de Derib ». On découvre bon nombre de détails sur la carrière d’un auteur dont, hormis le talent, la gentillesse, la modestie sont des qualités appréciables. Derib va traiter des sujets sociaux, le sida (Jo), la violence juvénile (No Limits) ou la prostitution (Pour toi Sandra et Dérapages), pour le compte de la Fondation pour la Vie, du mouvement du Nid ou Le Lombard. Comme ajoute Assuid « dans notre édito on dit que sa vie a été un combat contre l’autorité des éditeurs, l’ignorance des médias ou l’indifférence des problèmes sociaux. Il n’est pas qu’un auteur jeunesse ». Il sera aussi le chroniqueur de sa région en Suisse avec des récits sur l’élevage des chevaux Franches-Montagnes et des vaches d’Hérens sans oublier la course de la Patrouille des Glaciers. Mais quoi qu’il en soit Derib c’est et cela restera Yakari. « Je n’oublie pas », avoue Derib, « que ce sont en majorité les enfants qui lisent Yakari, les 4 à 10 ans. La série de dessins animés a beaucoup joué ».
Tout sur Derib ce hors-série est une somme parfaitement maîtrisée. Mais malheureusement cela pourrait bien être le dernier d’après Assuid. Les monographies se vendent mal. Le public préfère acheter des BD d’abord, surtout les jeunes. Dommage.
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