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La Première Guerre, le quotidien de l’arrière raconté en BD

Le 11 novembre 1918 était signée l’armistice de la Grande Guerre. Un siècle plus tard son souvenir reste vif, d’autant que ce premier conflit « total » avait plongé toute la société dans son engrenage, ce qui n’est pas sans rappeler notre propre actualité et son lot dramatique de personnes réfugiées. De plus en plus d’auteurs s'intéressent au sort de ces personnes civiles, à ces gens qui, même en ne combattant pas dans les tranchées, se sont retrouvées inéluctablement affectées par la guerre. Retour illustré sur le traitement de cette vie hors du front.

Femmes, enfants et personnes âgées, des civils dans la tourmente

Extrait de 14-18

Extrait de 14-18

Bien qu'absents du front pour la plupart, les civils restés à l’arrière ont été touchés par la guerre. Occupés, bombardés, obligés de fuir, plongés dans l’économie de guerre et la propagande, ils sont environ 300 000 à avoir trouvé la mort. Tardi est un des premiers à avoir révélé le rôle des femmes dans la BD de la guerre. Ses récits tels que Des hommes dans la Grande Guerre opèrent des allers-retours entre les tranchées et l’arrière. Reprenant ce procédé, la longue fresque 14-18 retrace la vie de six amis entre tranchées et permissions, ainsi que le quotidien de leurs familles restées hors des combats.

Le plus souvent, ce quotidien reste vu à travers les yeux des enfants. C’est le cas de Finnele, une petite fille vivant dans l’Alsace occupée. Prendre les jeunes comme héros permet aux auteurs d’utiliser un regard différent sur un sujet dramatique. Dans La guerre des Lulus, quatre jeunes orphelins confrontés à la guerre se cachent dans la forêt. Livrés à eux même, ils replongent parfois dans leur univers d’enfant…

Extrait de La Guerre des Lulus

Extrait de La Guerre des Lulus

Ces hommes à l’arrière

Dans quelques cas certains hommes n’étaient pas mobilisables, ce qui explique leur présence dans les zones civiles. C’est ainsi que Matteo, héros éponyme, échappe dans un premier temps aux tranchées grâce à son statut « d’étranger ». A l’arrière, il doit pourtant faire face à la forte pression sociale qui pèse sur ceux qui ne participent pas à l’effort de guerre. Un traitement bien différent est réservé au héros de Facteur pour femmes : Maël, non mobilisable parce qu’il est pied-bot, devient le seul jeune homme de sa petite île bretonne. De facteur, il devient très bientôt amant…

Extrait de Facteur pour femmes

Extrait de Facteur pour femmes

Des hommes ont aussi fui les zones de combat. En effet face à la réalité d’une guerre d’usure, il en est qui ont refusé de combattre. Selon les données officielles, 639 soldats français auraient été fusillés pour désobéissance militaire. Comment parler de ceux qui, longtemps, ont été considérés comme des traîtres ? La BD s’attarde sur leurs destins particuliers. Mauvais genre retrace l’histoire d’un soldat, Paul, qui, pour échapper à l’horreur du champ de bataille, déserte et se déguise en femme afin de ne pas être reconnu. Le récit est fort d’un refus d’idéalisation du personnage. Tantôt grisé par son nouveau statut de femme, Paul est sitôt terrassé par l’obusite, la névrose post-traumatique rattrapant les anciens soldats. Son comportement nous amène à constamment réviser notre jugement et révèle la complexité de ces questions qui font encore débat aujourd’hui…


Extrait de Mauvais Genre

Extrait de Mauvais Genre

Par rapport à la quantité d’ouvrages existant traitant des soldats au front, peu d’auteurs se sont encore engagés dans le thème de l’arrière. Ainsi, très peu de personnages principaux sont des femmes ou des personnes âgées. Cependant au regard des BD les plus récentes, on peut imaginer que le mouvement ira en prenant de l’ampleur ! Car, en nous donnant à connaître des destins individuels, les auteurs BD nous accompagnent dans notre compréhension du conflit, nous rendant par là même capable d'un nouveau regard.

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Commentaire (1)

trés bonne lecture

Le 13/11/2015 à 11h47