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La Commune de Paris vue par les femmes et Wilfrid Lupano

Wilfrid Lupano est un scénariste pertinent, surprenant et talentueux. Des Vieux Fourneaux à 7 Nains ou Traquemage, il a une actualité riche et fournie. Jonglant avec les genres, de l’humour à l’aventure, il a choisi la Commune de Paris en 1871 comme toile de fond d’albums dont les femmes sont les héroïnes. Chaque tome est signé par un dessinateur différent. Pour nous répondre, Wilfrid Lupano était accompagné de Lucy Mazel qui, d’un très joli trait fin et suggestif, a signé avec lui un album des Communardes, Les Eléphants rouges.

Lucy Mazel et Wilfrid Lupano

Lucy Mazel et Wilfrid Lupano © JLT


Pourquoi avoir choisi la Commune comme cadre de ces trois albums ?

Wilfrid Lupano : C’était un choix difficile mais je voulais montrer la force de la Commune, ce qui s’était passé dans les rues de Paris, le quotidien. C’est une période courte, trois mois seulement de mars à mai 1871, qui m’a toujours fasciné.


La Commune n’est pas un événement très connu et dont il reste peu de traces ?

Wilfrid Lupano : Peut-être, mais Paris à l’époque est incontournable. C’est là où se passent les Révolutions qui peuvent ensuite s’exporter en province. 1830, 1848, 1870-71 sans oublier 1789, c’est cyclique.

Extrait des Communardes, Les Elephants rouges

On s’est battu, avec violence et haine en 1871. Ce sont les Communards qui ont le plus souffert ?

Wilfrid Lupano : Thiers a voulu la semaine sanglante. C’est ce dont on se souvient le plus. Il a fait investir Paris par l’armée régulière et il voulait anéantir la tradition de la révolution parisienne : il fallait faire un exemple. Il y a eu peu de morts du côté l’armée régulière des Versaillais, un millier environ, mais près de 30 000 morts chez les Communards.

Extrait des Communardes, Les Elephants rouges
Ce sont des femmes, vos héroïnes. De tous les milieux sociaux. Pourquoi ?

Wilfrid Lupano : Les Communardes ont déjà des revendications féministes, l’union libre, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le mariage pour tous, des sujets sur lesquels à l’époque on n’avance pas, même en fait au sein des Communards. La place des femmes est minime à l’époque. Elles vont faire intrusion en 1871 sur la scène politique. Donc ce sont des thèmes très modernes.

Extrait des Communardes, Les Elephants rouges

La révolution n’est pas qu’une affaire d’hommes. Elles vont le prouver. La société était restée sur des bases traditionnelles. Il n’y avait pas de place pour les femmes dans la Commune. Et que ce soit une aristocrate ou une ouvrière, elles l’ont prise et se sont battues avec courage et volonté.

Vous connaissiez ce qui s’est passé pendant la Commune, Lucy Mazel ?

Lucy Mazel : Le nom de Louise Michel, oui, qui était l’égérie de la Commune. Je n’ai pas souvenir d’avoir lu grand-chose sur le sujet pendant mes études. Pour l’album, j’ai abordé le sujet, pas seulement survolé car j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir plein de choses avec le scénario de Wilfrid et Les Eléphants rouges. En particulier ces femmes et leur volonté de liberté. Wilfrid avait accumulé une belle documentation notamment des photos et des gravures.

Extrair des Communardes, Les Elephants rouges
Quelles traces a laissées la Commune ?

Wilfrid Lupano : Socialement beaucoup car dans les années qui suivent ce sera une référence pour le socialisme naissant. Dans les années 1880, le socialisme pense que la technologie peut libérer les hommes. On peut espérer arrêter de travailler de façon pénible. Mais la guerre de 14 va inverser la problématique sur la technologie, qui devient dévastatrice.

Deux albums ont paru. Le prochain ?

Wilfrid Lupano : Ce sera avec Xavier Fourquemin. Chaque tome peut se lire de façon indépendante. Mais le personnage principal de chaque tome fait de la figuration dans les autres. Lucy a signé le dessin du premier volume d’un trait sensible. Je voulais rendre la Commune étonnante pour que les lecteurs aient envie d’en savoir plus. Mes histoires se passent pendant la Commune mais ne la raconte pas. Ce n’est pas un cours d’histoire.

Extrait des Communardes, Les Elephants rouges
Vous avez aussi revisité dernièrement Blanche Neige dans 7 Nains de façon subtile, drôle mais un brin iconoclaste au moins si on limite le conte au dessin animé de Disney ?

Wilfrid Lupano : Ma première idée était de revoir l’histoire des sept nains, de reprendre les bases du conte. En fait c’était encore une histoire de femme, soumise cette fois avec une Blanche Neige dans le Disney qui fait le ménage, au service des nains. J’ai voulu démystifier le personnage car les personnages les plus forts sont la reine et Blanche Neige.

Extrait des 7 Nains

Extrait des 7 Nains

Les prochains albums ?

Wilfrid Lupano : Le troisième tome des Vieux Fourneaux ces jours ci, le tome 3 d’Azimut et le 4 de L’Assassin qu’elle mérite, la fin, qui elle aussi abordera les thèses socialistes de l’époque.

Lucy Mazel : Un album, Edelweiss avec Cédric Mayen.

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