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Les Tourbières noires, voyage inquiétant dans l’Aubrac

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Comment avez-vous traité graphiquement ce huis clos ?

J’ai pris beaucoup de photos de la pièce. Au niveau de la narration, quand on doit faire bouger les personnages dans le décor, le premier truc c’est de ne jamais refaire deux fois la même case. Autant le cinéma peut parfois un peu limiter le placement de caméra, autant c’est agréable de les moduler en BD. J’ai essayé à chaque fois de changer les axes de caméra et de jouer sur les gros plans.


Comment avez-vous travaillé le dessin ?

Je voulais revenir à un dessin très traditionnel. J’ai fait cet album à côté de mon travail de scénariste, donc j’ai mis quatre ans à le faire. Je voulais revenir à du grand format, à de la BD que j’aimais lire quand j’étais gamin. Travailler sur papier avec du pinceau et de l’encre de Chine. La plus grande difficulté a été de caractériser les personnages : mon point faible.

Pour la partie plus technique, j’avais envie de pousser plus loin. Quand on est dessinateur à temps plein on a des impératifs et il arrive un moment où on laisse passer des choses, même inconsciemment. Moi je n’avais pas de délai donc j’arrêtais la planche quand j’en étais content. Ça ne veut pas dire que c’est parfait mais j’ai donné à 100 % sur cet album. Le but de ce retour au dessin était aussi de prendre du plaisir à dessiner.


Reprendre du plaisir passait par retrouver ce pour quoi gamin j’avais envie de faire ce métier. Du coup je ne me suis pas remis en question sur mon dessin,  je suis revenu à ce que je savais faire mais plus consciencieusement. J’ai fait des illustrations pour la couverture, la quatrième de couverture, pour la page de garde, la page titre ce que la plupart des dessinateurs n’ont pas le temps de faire.

J’ai aussi passé un temps fou sur les couleurs qu’on a faites à deux. Je tenais à des couleurs traditionnelles qui soient faites sur gris, ce que quasiment personne ne fait plus aujourd’hui. Comme je ne suis pas capable de le faire, un coloriste m’a fait la base que j’ai reprise par ordinateur mais en gardant les accidents des encres, le grain du papier. Je tenais à ce qu’on sente qu’à la base il y a un travail manuel et artisanal.

Comment vous organisez-vous ?

L’organisation est vraiment nécessaire quand on fait autant de séries. J’en ai une très stricte : j’évite de travailler sur deux scénarios à la fois. J’aime bien écrire un album en entier.


Pour la création, c’est plus compliqué. On n’est pas dans l’ordre du quantifiable. Un scénario ça peut partir d’une simple photo comme pour Pandemonium. Parfois c’est plus compliqué : des mois de gestation avec les idées de personnages ou de scènes qui ne s’imbriquent pas. Pour l’écriture du scénario elle-même, c’est pareil : il y en a que j’écris très vite et d’autres très lentement. Pour une série comme Prométhée qui a quinze tomes, il faut tout aller vérifier, un travail de titan ! Quand je sais que j’ai mis une info quelque part mais je ne sais plus à quel moment ni à quel tome, là c’est l’horreur !

Envisagez-vous de repartir dans un projet en tant qu’auteur complet ?

Pas tout de suite ! J’ai engagé beaucoup de choses au scénario donc je vais prendre le temps de bien les faire. Je pense repartir sur l’écriture pour trois-quatre ans. Et attendre que ça me démange de redessiner.


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