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Timothé Le Boucher, portraitiste de la jeunesse

Avec deux albums solo au compteur, dont les fameux Vestiaires, Timothé Le Boucher prouve que le web ouvre une voie vers la bande dessinée. Portrait de ce brillant auteur de vingt-sept ans qui a su concilier influences manga et franco-belge autour de récits de vie captivants !

Une passion portée par les années collège

Certains auteurs vous diront que la bande dessinée est un rêve de gosse. Timothé Le Boucher, lui, vous dira qu’il voulait être paléontologue. L’ambition tourne court, après de longues discussions avec des chercheurs qui lui révèlent la difficulté du métier. Heureusement il avait cette envie bouillonnante de dessiner. Il suffit d’un cours d’arts plastiques pour que celle-ci se déchaîne. De gribouillage en gribouillage, l’imagination du collégien monte un premier scénario avec pour protagonistes une horde d’élèves qui tente d’échapper aux tortures d’une professeure sanguinaire !

Si Timothé Le Boucher était une œuvre, il serait l’intégralité des œuvres d’Osamu Tesuka ; un souvenir, ses sorties à vélo avec ses amis !

Si Timothé Le Boucher était une œuvre, il serait l’intégralité de la production d’Osamu Tezuka ; un souvenir, ses sorties à vélo avec ses amis !

Ce penchant pour le gore, Timothé le tient de ses lectures de Junji Ito. Mais le maître du manga d’horreur n’est pas le seul nom qui figure parmi ses icônes. L’érotico-grotesque de Suehiro Maruo, les codes narratifs du manga par Osamu Tezuka, le papa d’Astro Boy : les influences nippones ont forgé l’univers artistique du dessinateur. Timothé y combine son amour du franco-belge avec de nombreuses lectures dont Milo Manara et ses BD érotiques et le dessin aérien combiné aux sujets graves de Frederik Peeters. Le style de Timothé réunit ces influences en un cocktail graphique mêlant dessin vectorisé à des aplats de couleurs qui ont fait le succès de ses récits de vie sur Internet !

Un talent qui se déploie grâce au web

Timothé appartient à la génération qui n’a pas résisté à l’appel frénétique de Skyblog. Dès ses douze ans, publier ses œuvres devient un rituel, qu’il cultive toujours sur son blog actuel, où ses lecteurs peuvent suivre l’avancée de son travail. « Le web est une vitrine promotionnelle intéressante pour les auteurs de BD, qui peut déboucher à des projets libérés des contraintes éditoriales classiques ! » soutient le dessinateur en nuançant : « Après je ne pense pas que ce soit un modèle économique suffisamment viable pour détrôner l’édition papier. »

Si Timothé Le Boucher était un animal, il serait une hyène; s’il devait prendre un modèle il choisirait Bombardier.

Si Timothé Le Boucher était un animal, il serait une hyène ; s’il devait prendre un modèle, il choisirait Bombardier.

Au-delà de la visibilité, le dessinateur trouve dans le numérique une nouvelle façon de concevoir la bande dessinée. Plus besoin de réfléchir en termes de composition de pages ! Le turbomédia lui ouvre un nouveau terrain de création, où combiner dessin et effets sonores et visuels devient possible. Cette expérience Timothé l’a tentée dans la websérie Le Secret des Cailloux qui brillent, mais aussi avec Les Vestiaires, album à partir duquel il crée une BD interactive : « J’avais envie d’offrir un niveau de lecture moins cru et plus naïf que celui donné dans la BD ». Il ajoute : « Mêler ce médium à celui du jeu vidéo m’a servi à trouver ce ton, et créer une sorte de tamagotchi de l’horreur. Le lecteur devient de cette façon un personnage à part entière de ce huis clos formé dans les vestiaires du collège. »

Extrait des Vestiaires, page 14Extrait des Vestiaires

Une BD qui évolue avec l’âge

La sexualité, les complexes, les soirées arrosées... Du bout de son stylet, Timothé fait ressurgir avec justesse ces scènes typiques de l’adolescence, qu’il puise dans une source primaire : sa vie. « Les personnages incarnent en quelque sorte mon évolution personnelle, confie-t-il. Certains détails sont tirés d’anecdotes que j’ai vécues, ou qui m’ont été racontées par des proches. Ils m’aident à renforcer les situations entre les personnages ». Le dessinateur compte encore utiliser cette matière première intarissable pour un nouveau projet de BD, où il aborde cette période charnière qu’est le passage entre l’adolescence et la vie d’adulte.

Mais le champ d’exploration de Timothé ne se limite pas là. Le jeune homme voudrait se démarquer, et proposer des ouvrages plus orientés vers l’action ou l’heroic fantasy. Une nouvelle BD futuriste d’anticipation prochainement éditée chez Glénat devrait montrer le large éventail narratif que possède cet artiste !

Avant de vous aventurer dans l’atelier verdoyant de Timothé, visitez son blog !

Avant de vous aventurer dans l’atelier verdoyant de Timothé, visitez son blog !

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