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L'oeil sensible de Vanyda

La bande dessinée comme trace d’une évolution

La bande dessinée est donc un moyen de faire le bilan…

Vanyda : La quête de soi est un thème qui fait vivre mes histoires. Parmi toutes celles que j’ai pu écrire, Entre ici et ailleurs est sûrement la plus autobiographique. À travers son héroïne Coralie, je parle de ma quête identitaire et tous les questionnements que j’ai pu avoir adulte sur mes origines laotiennes.

Extrait d'Entre ici et ailleurs, page 157

Mais toutes mes bandes dessinées ne se basent pas uniquement sur mon vécu, celui des autres m’intéresse tout autant ! Un petit goût de noisette, par exemple, est un recueil d’histoires et anecdotes qui ont marqué l’existence de certains proches. J’ai aussi écrit Mia & Co d’après l’adolescence du dessinateur Nicolas Hitori De.

 

Vos personnages ne sont pas les seuls à évoluer. On sent également que votre dessin a fait beaucoup de chemin depuis vos débuts…

Vanyda : Mon style est un mélange de tous les dessins animés de mon enfance : Olive et Tom, Les Chevaliers du Zodiaque, Juliette Je t’aime... J’ai été aussi considérablement marquée par les mangas d’Ai Yazawa et Mitsuru Adachi. Les influences nippones ont clairement orienté mon choix de la trame, qu’on retrouve dans L’immeuble d’en face ou Valentine. Avec Un petit goût de noisette et Entre ici et ailleurs, j’ai décidé de changer un peu et d’opter pour l’aquarelle.

Extrait d'Un Petit Goût de Noisette, page 116

À force pratiquer, je me suis écartée des influences japonaises et ouverte vers le franco-belge. Il faut dire que j’ai commencé à faire de la BD après avoir lu des classiques tels que Thorgal ou Sambre. Varier les styles et les techniques me permet de faire évoluer mon trait, et de vaincre l’ennui du dessin, l’ennemi de tout auteur de bande dessinée !

Au fil des années, vous vous êtes progressivement ouverte à des collaborations. Comment avez-vous vécu cette expérience ?

Vanyda : C’était quelque chose ! [Rires] Réaliser des projets à quatre mains a énormément bousculé ma façon de concevoir des bandes dessinées, surtout dans l’écriture ! Lorsque je travaillais avec Nicolas sur Mia & Co, j’ai réalisé à quel point ma scénarisation était spontanée et inconsciente.

Extrait de Mia and Co, page 24

Quand on écrit et dessine un album, on compose les scènes et les personnages sans trop réfléchir. Lorsqu’on s’occupe uniquement du scénario, il faut détailler chaque description, afin que le dessinateur se glisse mieux dans notre tête et dessine plus naturellement. Je ne cache pas que c’est une tâche très fatigante, mais elle m’en a appris beaucoup sur mon fonctionnement en tant que scénariste. Une fois sur des projets solo, je pense que ce sera plus facile de communiquer avec moi-même ! [Rires]

D’autres projets à quatre mains prévus ?

Vanyda : Je suis en train de finir Million d’éléphants, une BD réalisée en duo avec Jean-Luc Cornette. L’album retrace le parcours de différents Laotiens, après le renversement de leur monarchie en 1975, qui a fait basculer le pays dans une dictature communiste. Avant de plancher sur l’album, j’ai dû me rendre au Laos en 2010 pour recueillir des témoignages, et chercher de la documentation datant des années 70, voire avant.

Croquis de Million d'Elephants

Cet exercice change énormément de mes récits contemporains, qui ne nécessitent pas un tel travail en amont ! C’est une expérience enrichissante, d’autant plus qu’elle m’a permis de renouer le dialogue avec mon père, et d’échanger sur sa vie au Laos avant ces chamboulements historiques. Après ce gros projet, j’enchaîne sur le second tome de Mia & Co, ainsi que sur la suite d’Un petit goût de noisette !

Croquis de Million d'Elephants

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