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Le dessinateur Paul Gastine, l'étoile montante du Far West


Du haut de ses 35 ans, Paul Gastine a déjà été le dessinateur d’une série d’aventure de 4 tomes L'héritage du diable et d’un western, le one-shot Jusqu’au dernier qui lui a valu le prix BD-Fnac Belgique en 2020. Découvert par le scénariste Jérôme Félix, les deux artistes forment maintenant un duo incontournable qui tisse sa toile autour du genre rassemblant les colts et l’Ouest américain, le western. Entretien avec un jeune cow-boy prometteur, Paul Gastine. 



Comment avez-vous découvert la BD?

Paul Gastine: Comme tout le monde, c’est à dire avec Tintin et Astérix! J’ai ensuite commencé à en faire vers 16 ans, lorsque j’ai rencontré mon scénariste Jérôme Félix. A l’époque, il donnait des cours de dessin pour les adolescents dans une MJC près de chez moi. C’est donc lui qui m’a fait découvrir mes premiers albums: la série Pin-Up de Berthet ou encore les oeuvres de Benoit Springer qui m’ont beaucoup influencé. 


Agé de seulement 18 mois, vous dessiniez déjà sur des post-it sans déborder du cadre?

P.G: Oui, je descendais des blocs de post-it avec des pastels! Je dessinais des voitures ou plutôt des carrés avec des petits ronds…
J’ai toujours aimé dessiné. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont toujours soutenu. Mon père était même venu prendre quelques cours de dessin avec moi quand j’étais adolescent. 


Quel rôle a joué Jérôme Félix dans votre carrière? 

P.G: Il m’a tout appris: du storyboard au cadrage en passant par le placement des bulles ou encore la composition de la page… Quand on s’est lancé en duo, on a eu par la suite un rapport d’égal à égal. Il discutait beaucoup avec moi avant de proposer une histoire. Et nous sommes totalement transparents l’un envers l’autre. Si je souhaite modifier un élément, je lui dis et inversement. On est vraiment dans une relation de co-auteurs aujourd’hui. 


La dernière collaboration de Jérôme Félix et Paul Gastine, le western Jusqu'au dernier

La dernière collaboration de Jérôme Félix et Paul Gastine, le western Jusqu'au dernier
© Paul Gastine & Jérôme Felix chez Grand Angle




Vous êtes passé par plusieurs genres: l’aventure avec votre série L’héritage du diable et le western avec Jusqu’au dernier. Avez-vous un genre de BD que vous n’avez pas encore exploré et sur lequel vous souhaitez travailler? 

P.G: Tout! J’aimerais bien tout essayer même si la science fiction m’attire beaucoup. Alien, Blade Runner… En tant que dessinateur, ça fait toujours rêver! 


Pour vous, quels sont les ingrédients d’un bon western?

P.G: L’histoire et ses personnages sont essentiels. Concernant Jusqu’au dernier, je me suis attaché aux personnages dès que Jérôme m’a fait le résumé de l’histoire.
En terme de dessin, les paysages sont très importants. Il faut vraiment que ça en jette!

Extrait de Jusqu'au dernier

Extrait de Jusqu'au dernier
© Paul Gastine & Jérôme Felix chez Grand Angle



Jérôme Félix a dit dans une interview pour Branché Culture qu’ « Un western, c’était une manière pour moi de montrer Paul dans la cour des grands. ». Le western change t-il votre statut de dessinateur? 

P.G: Ça fait côtoyer certains artistes assez importants donc ça fait un peu peur! J’essayais de ne pas me comparer à qui que ce soit lors de l’élaboration de l’album. Je me suis retenu de me laisser influencer par Giroud, Hermann, Ralph Meyer… J’ai tendance à être une éponge. J’étais content d’avoir réussi à développer mon propre style. 


Y a t-il un type de personnages que vous appréciez particulièrement dessiner?

P.G: J’aime les personnages de méchants, ils sont plus libres que les héros. Il sont souvent plus glamours car ils se permettent des extravagances. En terme de dessin, ça me permet d’aller beaucoup plus loin et de m’amuser davantage. Un héros classique doit rester propre, net, fantastique et sage. Alors que les méchants ont une liberté de pensée et d’action qui font qu’ils sont "fun" à dessiner. 


Le duel final dans Jusqu'au dernier, qui survivra entre le héros et le méchant?

Le duel final dans Jusqu'au dernier, qui survivra entre le héros et le méchant?
© Paul Gastine & Jérôme Felix chez Grand Angle



Y a t-il un méchant qui vous a marqué de manière générale? 

P.G: J’ai été très impressionné par la galerie de méchants que nous avons eue dans la série télévisée Le Trône de fer. On a eu une belle brochette de salopards! Notamment la reine Cersei Lanister et son fils Goefrey. C’est le type de méchants que je trouve extraordinaires car ils sont abjectes tout en restant fascinants.
En BD,  il y a le Capitaine Crochet dans Peter Pan. Il m’a traumatisé, je l’ai lu trop jeune! Et en western, je dirai Angel Face dans l’un des Blueberry. Il finit brûlé dans du charbon de locomotive et veut se venger. J’étais gamin et ça m’a beaucoup marqué aussi. 


Qu’est-ce que le western vous a apporté? 

P.G: En terme de documentation, j’ai été marqué par la découverte de ce qu’était la vie réelle des cowboys. Auparavant, ma vision s’appuyait sur ce que nous montre le cinéma avec John Wayne et les chemises saumon à franges!
En réalité, les cowboys étaient des parias de la société. Leur métier était assez terrible mais ils l’aimaient. Ils ne supportaient pas de s’installer en ville car ils se sentaient rejetés. Lorsqu’ils tentaient de revenir à la civilisation plus tard, ils échouaient. Ils finissaient même, pour certains, par devenir des bandits…
Lors de l’élaboration de l’album, nous n’avons pas exploité un fait historique et nous le regrettons aujourd’hui. Il s’agit de la grande proportion de noirs qui étaient cowboys. C’était l’un des premiers métiers où il y avait une égalité salariale et de traitement entre les blancs et les noirs.


Quels sont vos prochains projets?

P.G: Avec Jérôme, nous sommes sur un autre western. Voici l’histoire en quelques mots: une chasse à l’homme, en hiver, dans le Montana… Ça va s’appeler A l’ombre des Géants et ça paraîtra en 2022 chez Bamboo. 

 
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