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Va-T'en Guerre! Road Trip en 14...

Marraine des soldats de la Grande Guerre, la baronne de Pomfrougnac se lance dans un périple à travers la France pour rejoindre le front. Entourée d’une petite troupe invraisemblable, elle veut faire d’un poilu inconnu une célébrité de presse. Début de ce road trip graphique…


Parlez-nous de ce projet...

AURÉLIEN DUCOUDRAY: ll naît d’abord de mon intérêt pour la Première Guerre mondiale qui est un moment charnière de notre Histoire, un chamboulement d’un point de vue social, économique et humain. On y découvre l’émergence du communisme à la veille de la révolution russe, l’expansion du féminisme, et l’arrivée des années folles. Le vieux monde cède la place à un monde moderne qui préfigure notre société actuelle.

MARION MOUSSE: Nous avons construit le projet il y a quasiment 8 ans. Il s’est baladé d’un éditeur à l’autre avant d’être accueilli avec enthousiasme par Jungle. Sa particularité est que nous souhaitions évoquer la Première Guerre mondiale et ses aspects sombres, mais avec un traitement burlesque à la manière des comédies dramatiques du cinéma italien des années 50/60.


Va-T'en Guerre nous plonge dans les tranchées de la guerre de 14-18

Va-T'en Guerre nous plonge dans les tranchées de la guerre de 14-18 © RamDam, éditions 2021

Pourquoi aborder ces thèmes sociétaux dans une aventure à première vue plus légère? 

A. D.: On ne s’en rend pas compte tout de suite, mais le personnage principal de l’histoire, c’est Louise avec son engagement personnel. C’est elle qui mène la dimension initiatique du récit et qui se trouve transformée à la fin. J’avais besoin de ce côté historique avec des thématiques fortes pour déployer une farce qui ait un intérêt.


Comment avez-vous choisi la structure visuelle de l'album?

M. M.: De la Première Guerre mondiale, on retient généralement le côté humain voire romanesque. Ça offre beaucoup de possibilités graphiques. Je voulais m’octroyer une liberté quasi cinématographique avec tout le charme des films muets d’époque. J’ai donc réalisé des plans éloignés avec des personnages qui jouent avec leur corps. Le texte est très bien écrit et alimente la dimension comique du scénario, mais il fallait vraiment que les personnages aient toujours l’air en mouvement, qu’ils gesticulent comme les anciens acteurs surjouaient pour affirmer la farce à l’italienne.

Pourquoi de l'humour dans ce road-movie, à une époque très troublée? 

A. D.: 14/18 reste une guerre emblématique. Il y a toujours une certaine déférence à raconter les poilus, les tranchées, les sacrifiés. Nous avions envie de bousculer tout cela avec respect et humour. Et puis j’aime les montagnes russes émotionnelles : passer du rire aux larmes, de l’humour au drame.

Il semblerait que la baronne soit tombée sur une photo quelque peu compromettante...

Il semblerait que la baronne soit tombée sur une photo quelque peu compromettante...
© RamDam éditions 2021 

L'humour ajoute-t-il certaines difficultés à la mise en scène? 

M.M.: L’humour, c’est un langage d’écriture. Il y a un tempo et des articulations minutieuses à respecter. Pour qu’un gag fonctionne, il faut que chaque mot, chaque image arrive à un moment précis, au bon moment. C’est une question de rythme et c’est donc beaucoup plus difficile à mettre en place qu’une narration classique. L’humour c’est de la pure mécanique de précision ce qui implique évidemment la réalisation d’une mise en scène au cordeau


Article publié dans le Mag ZOO N°83 Septembre-Octobre 2021

 

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