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Arnaud Le Gouëfflec : « Méridien, une fable morale dans l’esprit du XVIIIe »

Après l’excellente Nuit Marc Orlan, les Bretons Arnaud Le Gouëfflec, scénariste et Briac, dessinateur, sortent leur deuxième bande dessinée ensemble, chez Locus Solus. Entretien avec le scénariste.

Méridien est une bande dessinée qui raconte l’expédition de La Contamine et autres esprits des Lumières, partis mesurer si la Terre ressemble plutôt à une orange ou à un citron.

C’est un projet de longue haleine…

Arnaud Le Gouëfflec : Oui, six ans en tout ! C’est effectivement une histoire de très longue haleine. Au départ, l’envie est venue lorsqu’on a fait ensemble notre première BD, La Nuit Mac Orlan. L’idée est de Briac : il voulait travailler sur ce sujet-là après avoir lu un récit de voyage de La Condamine, il souhaitait raconter cette histoire en BD. On a d’abord été soutenus par Sixto éditions, mais ils ont mis la clé sous la porte. On a ensuite discuté avec Casiers, une revue de BD brestoise tenue par des auteurs. Mais ça n’a pas pu se faire et c’est finalement Locus Solus qui nous a permis d’aller au bout de ce projet.

Arnaud Le Gouëfflec (à gauche) et Briac en dédicace le 30 avril 2022

Arnaud Le Gouëfflec (à gauche) et Briac en dédicace le 30 avril 2022 © Pierre Fontanier

Comment avez-vous avancé dans le récit de Méridien ?

Arnaud Le Gouëfflec : Dès que j’avance, je fais suivre à Briac pour qu’il commence à dessiner. On a beaucoup d’atomes crochus, on est tous les deux mordus de littérature, notamment sud-américaine : on aime le réalisme magique de Gabriel Garcia Marquez. Nous voulions aller plus loin qu’un carnet de voyage.

Cette BD a dû vous demander une importante recherche historique ?

Arnaud Le Gouëfflec : En partie oui, mais même si on a respecté les faits historiques connus, on a laissé la part belle à l’imaginaire pour envahir tous les espaces possibles. Il y a une grande part d’interprétation scénaristique et graphique.

Quel message avez-vous voulu faire passer dans cette œuvre ?

Arnaud Le Gouëfflec : C’est une fable morale comme on en faisait au XVIIIe siècle. Les personnages sont des Lumières, au vrai sens du terme, des Européens extrêmement brillants qui sont partis à l’autre bout du monde dans des conditions très précaires, des gens pénétrés par leur supériorité. Ce qui nous intéressait était de les voir se résigner, ressentir de la jalousie, être dans la luxure, la rivalité, l’ego… On a voulu montrer une comédie humaine de personnages parfois brillants, d’autres fois moins. Cette BD pose aussi des questions philosophiques : peut-on tout mesurer ? Comprend-on mieux le monde en mesurant ?

Méridien

Méridien © Locus Solus, 2022

Vous abordez aussi la perte de contrôle…

Arnaud Le Gouëfflec : Oui, le contrôle de tout leur échappe. Ce sont des cartésiens et cette vision aussi leur échappe : ce n’est pas toujours comme on l’a prévu que ça se passe.

Le dessin de Briac fait penser à de la peinture à l’huile…

Arnaud Le Gouëfflec : Oui, il mélange l’encre, l’acrylique et utilise du sopalin : il crée ainsi des ciels poudrés qui font effectivement penser à l’huile.

Méridien

Méridien © Locus Solus, 2022

Avez-vous des projets communs avec Briac ?

Arnaud Le Gouëfflec : Oui, deux ou trois chacun. Mais on a fermement l’intention de retravailler ensemble !

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